Ma soeur vient nous rendre visite demain, juste pour le week-end, c’est captivant, je sais. Vous balancez un scoop comme ça, sans prévenir, c’est carrément de l’inconscience de ma part…je suis bien-sûr ravie, ça fait un an qu’on ne s’est pas vu, même si on se téléphone souvent. Ça n’aide pas forcément de ne pas habiter dans le même pays. Mais bon il fait gris, j’ai faim, Toddler 5 dort, les chattes hibernent sans penser à moi qui vais devoir m’extraire du canapé tout à l’heure pour aller chercher les filles à l’école et sous la pluie. Deux fois, puisqu’il y a chorale aujourd’hui…enfin bref, je suis d’humeur chiante philosophique. C’est délicat de vous parler de ma soeur, même si elle ne me lit pas et ne l’a jamais fait, ce qui m’attriste un peu. Si ma soeur avait un blog, curieuse comme  je suis, je me jetterais dessus. Mais voilà, on est très différentes. 

  
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J’ai quitté la maison de nos parents à 18 ans pour mes études, quand elle entrait juste dans l’adolescence (ma soeur, pas la maison, qui est beaucoup plus jeune). Et comme je n’étais pas franchement à côté (1006 km, merci Google map) j’ai loupé pas mal de choses. On a aussi des vies et des caractère très différents, voir diamétralement opposés. On ne se ressemble pas du tout physiquement non plus. Pourtant j’ai  une confiance absolue, sereine et innée en ma soeur. C’est bien simple si il arrivait quelque chose à Marichéri et moi, c’est elle qui se coltinerait notre troupeau qu’on a choisi pour s’occuper de nos enfants (on lui en a parlé, elle est inconsciente d’accord)…J’aimerais être plus proche d’elle, mais bon…je ponds des gamins en continu, elle fait une brillante carrière. Je suis coincée en public et exhubérante en privé (qui a dit une vrai drama Queen complètement tarée?), elle est sûre d’elle à l’extérieur et réservée avec sa famille. Elle est blonde et grande, je suis brune et petite. Elle parle peu, je ne peux pas m’arrêter…n’empêche, je sais qu’elle est toujours là pour moi (au sens anglais: I am here for you) et c’est réciproque évidemment. Et donc, j’ai deux filles. Leur situation est différente, elles ne sont pas que deux, mais entourées de deux grands frères et d’un petit. Elles font blocs à coup de Barbies et de paillettes roses. Elles sont aussi les deux plus proches en âge dans la fratrie, elles ont partagé la même chambre pendant longtemps (leurs disputes incessantes de banshees hystériques en pleines séances de chants tyroliens est une des raisons  qui nous a poussé à déménager), elles ont aussi des caractères opposés et ne se ressemblent pas non plus physiquement …enfin si, mais il faut y prêter attention. Comme la couleur des yeux et des cheveux n’est pas la même, les gens ne se rendent pas compte. 

Elles passent donc leur temps à se disputer en poussant des cris stridents de chat dans une lessiveuse, PrincesseDiva fait sa diva, c’est toujours dramatique et grandiloquent, pendant que PrincesseChipie se moque d’elle, tout en ironie bien sentie. Ça nous change de L’Ado et GeekAdo, qui ont toujours été calmes (l’un parce qu’il dort, l’autre parce qu’il est contre le désordre, même vocal). Mais elles ne peuvent pas passer une minute l’une sans l’autre, la pire des punitions, c’est quand je les sépare et que je leur interdis de communiquer entre elles pendant une heure. Maintenant qu’elles ont chacune leur chambre, elles s’installent avec leurs jouets dans le couloir, entre les deux portes. C’est un bonheur (c’est très pointu une main de Barbie qui vous saute sauvagement  sur la plante des pieds au réveil). Elles ne sont jamais d’accord, mais elles font toujours front commun contre leurs grands frères. Elles s’inventent des histoires, créent des chansons, se font leur petit univers juste pour elles deux. 

Mais PrincesseDiva grandit, elle rentre dans la pre adolescence et elle commence à s’éloigner de sa petite soeur. On a connu  ça aussi entre L’Ado et GeekAdo qui a pleuré parfois parce que son frère l’abandonnait soudain à ses legos pour aller se renfermer dans sa chambre. PrincesseChipie choisit d’en rire, il en faut plus pour l’abattre, ce n’est pas son genre, mais ça la travaille quand même. Et je comprends PrincesseDiva, qui  a besoin de son espace, j’ai connu aussi  la petite soeur qui nous tourne autour tout le temps. Je les regarde et je me demande quels rapports elles auront plus tard. Elles sont très différentes, mais très complices. J’espère qu’elles ne se verront pas qu’une fois par  an.