J’y aperçus de loin Guillaume II, dit des Boches, en visite étincelante, et une douzaine d’huîtres empoisonnées m’y infligea la typhoïde, cependant qu’une autre douzaine rendait très malade Alphonse Daudet.
Ne vous figurez pas que mon fanatisme vénitien en ait été diminué le moins du monde.
Au contraire, comme Barrès l’a très justement noté, la fièvre commençante est un bon état de sensibilité émotive pour ces promenades en gondole, où la pierre, l’eau, le passé composent une hallucination paradisiaque. Demandez plutôt à Musset.
La vraie lecture à faire au coucher du soleil sur le grand canal, alors que l’onde est telle qu’une huile lourde aux glacis d’or, et qu’il pleut partout une cendre violette, la vraie lecture c’est celle des « Amants de Venise » de Maurras. Maître poème, où le grand politique français au XXème siècle a déversé toute sa force lyrique et analytique.
Léon Daudet – L’entre-Deux-Guerres
Le 14 octobre 1898, deux gondoles approchent lentement et accostent le long du quai, puis les souverains italiens et allemands débarquent : Humbert Ier accompagné de Guillaume II, et Marguerite de Savoie accompagnée de Augusta-Victoria de Schleswig-Holstein.
Plus tard, au moment du départ, les souverains italiens et allemands, Humbert Ier, qui salue la foule, et Marguerite de Savoie, Guillaume II et Augusta-Victoria de Schleswig-Holstein, descendent l’escalier puis embarquent sur deux gondoles.
Les images ont été prises par Vittorio Calcina.