Notre road trip sur les belles routes de Crète continue. Les premiers jours, nous sommes passés de plages sublimes à des montagnes mystérieuses, de stations balnéaires touristiques à de petits villages endormis. Si vous n’avez pas lu la première partie, c’est par ici.
Voici notre parcours des 6 jours ( vous pouvez zoomer et cliquer sur les lettres pour retrouver le nom des lieux):
Jour 4
Nous repartons de la capitale de la Crète, Heraklion, en direction de l’Ouest, vers Rethymnon puis la vallée d’Amari, à 25 kms au sud. Cette vallée est vraiment très à l’écart de l’industrie touristique, c’est le moins que l’on puisse dire. Dans cette région, rien ne vient troubler la tranquillité de ses habitants. Des nuages noirs, un crachin et un petit air frais finissent de dissuader les curieux!
Petit arrêt au café du village à Agia Fotini. Clients 100 % grecs. Notre entrée a fait taire un instant les conversations animées des anciens. Nous avons sorti notre meilleur grec pour commander de quoi nous réchauffer. Chacun sa méthode : pour moi, un thé aux herbes de montagne qui doit soigner toutes les maladies de la terre et pour Benoit un ouzo! (Je le soupçonne d’avoir voulu impressionner nos voisins de table!) On a senti dans ce lieu le cœur vibrant des montagnes crétoises. Je me rends compte après coup que je n’ai pris aucune photo de la région. Il n’y a,en fait, rien qui frappe ou qui éblouit au point de sortir son appareil. Tout est une question d’ambiance dans la vallée d’Amari!
Après une petite boucle à travers les différents villages de la vallée, nous poursuivons vers Spili, un village de montagne qui, lui, attire les touristes avec sa fontaine vénitienne aux 19 têtes de lion d’où coule l’eau fraîche des montagnes. Depuis que nous sommes en Crète, nous apprécions de pouvoir boire de l’eau du robinet! C’est tellement rare dans le monde! Ce village touristique ne nous retient pas.
Nous continuons vers la côte sud. Nous nous retrouvons dans des gorges impressionnantes ( Kourtaliotiko). Un monde minéral qu’on peut explorer à pied.
Nous nous sommes contentés de le traverser en voiture et de faire quelques haltes pour admirer les points de vue. La Crète est vraiment un terrain de jeu magnifique pour les randonneurs. Les chemins balisés permettent de découvrir toute la diversité des paysages de cette île.
Après ce paysage rocheux, pauvre en végétation, nous débouchons, au détour d’une village, sur une magnifique vallée verte, avec la mer au fond! Un paysage à couper le souffle que l’on n’attendait pas du tout ici! On descend vers le village de Plakias où on s’était arrêtés une nuit en 2003. Je m’en rappelle bien car c’était la première fois que je me retrouvais face à une personne qui ne parlait que grec et avec qui j’avais dû utiliser les gestes pour lui louer une chambre. Le lieu était tout petit avec peu de possibilités d’hébergement. C’est le lieu de Crète dont je me rappelais le mieux! Dès notre arrivée, on a pu constater que le petit village était devenu grand. Deux hôtels imposants sont sortis de terre et les chambres à louer sont nombreuses. Tous les habitants en louent! Les collines ont été grignotées par les constructions de plus ou moins bon goût! On est assez dépités! « Notre Plakias » a disparu. On fait une pause-déjeuner dans un restaurant de bord de mer à l’ambiance ultra-touristique. Le serveur sert les mêmes blagues vaseuses à tous les clients! On a envie de fuir! On ne veut pas dormir à Plakias comme on l’avait imaginé! On repart avec un arrêt sur les hauteurs pour admirer la baie qui a bien changé et qui sera probablement encore bien différente dans les années à venir. Un lieu aussi beau ne pouvait pas rester vierge, il faut se rendre à l’évidence! Déception…
On poursuit la route le long de la côte sud. Petit arrêt à Frangokastello pour admirer le château proche de la plage qui serait hanté. Ce château construit par les Vénitiens a été le théâtre d’une tuerie de plusieurs centaines d’hommes, en 1928, lors de la guerre d’indépendance avec les Turcs. Chaque année, à la date anniversaire du massacre, les esprits se lèvent et défilent devant le château, selon la croyance populaire. Le lieu nous a paru bien paisible, aucun esprit ne nous a perturbés!
Nous poursuivons le long de la côte vers le village de Hora Sfakion. Ce petit port est littéralement encastré entre les montagnes. Des visiteurs débarquent tous les jours par bateau. Le lieu est vraiment minuscule. On a envie de s’y arrêter. Petite balade sur le quai à la recherche d’une chambre. Ce n’est pas ce qui manque si on aime la simplicité rustique. On trouve une chambre avec un balcon vue sur le port. On est ravis! On se détend de notre journée de voyage en admirant le coucher du soleil, assis sur les rochers! La vie est belle!
Le lieu n’est pas à conseiller à ceux qui recherchent l’animation ou la vie nocturne! Il y a des cafés et restaurants mais la vie s’écoule à son rythme ici. On s’assoit et on observe. On n’est pas stressés, on ne va pas se laisser bousculés par les visiteurs. Il faut savoir que Hora Sfakion est le cœur d’une région qui a une forte tradition historique de résistance aux envahisseurs. L’esprit sfakiote est très proche de l’esprit corse. La vendetta se pratiquerait toujours. Il faut dire que très souvent, les paysages crétois nous ont rappelés la Corse! À Hora Sfakion, on a croisé des hommes qui ne seraient pas du tout dépaysés dans les montagnes corses!
Jour 5
Le matin à 8h, tout le monde dort et nous, on meurt de faim. Après un petit-déjeuner qu’on nous fait payer à un prix « spécial touriste entubé », on se met en colère et on quitte le port avant d’être obligés de régler le litige avec une méthode trop virile! On sent qu’ils ont une supériorité sur nous!
On roule peu durant cette cinquième journée. On va juste à Rethymnon, sur la côte Nord où on a décidé de passer un peu de temps.
La troisième ville de Crète nous a fait bonne impression dès nos premiers pas. Le bord de mer est bien aménagé. Une longue plage de sable de 13 kms est un atout indéniable. On a dû s´éloigner un peu pour trouver un hôtel de bord de mer à des prix accessibles. On est en octobre et il y a assez peu de touristes mais vu les infrastructures présentes, on imagine bien la foule en bien été!
plage et forteresse vénitienne
Le petit port vénitien attire les visiteurs avec son décor de carte postale.
port vénitienIl y a toujours une activité de pêche. Il faut bien ravitailler tous les restaurants alignés en rang d’oignon!
La vieille ville est vaste avec des ruelles piétonnes animées. Les maisons sont de style vénitien ou ottoman ( reconnaissables à leur balcon fermé en bois).
Les entrées et les balcons sont souvent fleuris. Il y a des ruelles avec des magasins de souvenirs mais de nombreuses parties de la vieille ville sont réservées à ses habitants qui y vivent tranquillement. On a adoré boire un verre au milieu des tables de Grecs qui refont le monde autour d’un café frappé ou d’un ouzo.
Il est vraiment très agréable de déambuler dans les ruelles, découvrir de petites places et de beaux édifices comme les mosquées, traces du passé ottoman de la ville ou les églises orthodoxes.
porte d’entrée de la vieille villeNous avons déjeuné dans un magnifique restaurant de la vieille ville. On ne nomme pas souvent les lieux qu’on a aimés mais celui-ci vaut la mention: un accueil chaleureux dans un français parfait, des plats traditionnels vraiment savoureux, avec une touche créative. De l’agneau et du lapin tellement bien cuisinés qu’un végétarien convaincu devient carnivore juste en sentant les effluves… Le restaurant Agrimia a reçu 2 prix attestant de la qualité de la cuisine crétoise! Il le mérite vraiment. On s’y est sentis vraiment bien. on recommande chaleureusement d’autant plus qu’il n’utilise pas leur renommée pour gonfler les prix! ( et nous, on n’est pas payés pour leur faire de la pub!)
En fin de journée, nous avons visité la forteresse vénitienne qui domine la ville. Dans notre tour du monde, on a visité de nombreuses forteresses et on n’avait pas d’attentes particulières pour celle-ci. On a été agréablement surpris. L’espace est vaste, des pins lui donnent un air provençal. On était seuls à découvrir les lieux.
La vue sur la ville et la mer est unique. On s’est sentis plongés dans le passé de la ville à guetter l’arrivée des ennemis.
Les ruelles autour de la forteresse sont aussi très agréables pour se balader. On a une impression de temps suspendu.
Rethymnon nous a vraiment plu. C’est le genre de ville où on se verrait bien vivre. L’afflux touristique en été, par contre, nous plairait beaucoup moins!
Jour 6 : Rethymnon – Chania
Avant de revenir à notre point de départ, Chania, nous allons jeter un oeil sur les plages de la côte Ouest qui sont très réputées. Nous allons jusqu’au bout de la route, à la pointe sud-ouest de l’île, vers la plage d’Elafonissi. C’est le lagon polynésien de Crète, la plage la plus photographiée de l’île. Une petite halte sur les hauteurs de la baie permet déjà d’apprécier la couleur de l’eau.
En s’approchant, on ne peut être qu’éblouis par cette eau limpide et chaude et la plage de sable blanc. Pas la peine d’aller à l’autre bout du monde pour barboter dans un lagon! Le site naturel est vraiment remarquable! Encore une fois, le lieu est magique parce qu’on est en octobre et que la foule est déjà partie. L’ambiance doit être bien différente en plein été.
Dans les environs, on admire un grand couvent perché du XII° siècle.
On remonte ensuite la côte par une route vertigineuse entre mer et montagnes, en traversant de minuscules villages, jusqu’à la baie de Falassarna et son immense plage. Le lieu est tranquille. On se régale de plats traditionnels dans une taverne sur les hauteurs… Je goûte des légumes verts qu’on ne trouve nulle part ailleurs! la gastronomie crétoise est vraiment très variée! Et que c’est bon de profiter d’un tel panorama encore naturel, dans un calme olympien!
Nous reprenons ensuite la route vers Chania où nous resterons 2 semaines.
Pendant ces 6 jours, on a bien sillonné l’île et on a vraiment été impressionnés par la diversité des paysages. Mer, montagnes, campagne, la Crète a de magnifiques richesses naturelles. Si on ajoute à cela, son climat très doux et ensoleillé et ses prix abordables, on comprend son succès touristique. Alors que la saison se termine en septembre dans les petites îles du Dodécanèse et les Cyclades, la Crète continue de travailler en octobre. On ne peut que vous conseiller de visiter la Crète hors-saison!