Après 2 mois à passer d’une île à l’autre dans le Dodécanèse, nous décidons de poser nos valises pendant un mois en Crète et de découvrir l’île à l’automne.
Pourquoi la Crète?
À la mi-septembre, la saison touristique tire à sa fin dans la plupart des petites îles où nous étions. L’air est plus frais et la plage ne nous tente plus. Les commerces, hôtels et restaurants ferment, les lieux deviennent déserts. Malgré cela, nous voulions encore profiter de la Grèce que nous avons beaucoup aimé les deux premiers mois passés et pas envie de quitter trop vite la Méditerranée qui nous a beaucoup manqué ces dernières années. Nous avons donc choisi la Crète parce qu´elle a deux avantages pour nous : elle est grande, avec des villes actives toute l’année et une nature magnifique, ce qui nous permet de ne pas nous ennuyer et elle a aussi le climat le plus doux d’Europe, avec un super ensoleillement! Une manière de prolonger l’été en Méditerranée.
Ayant déjà visité un peu l’île en 2003, nous savons que c’est une île très touristique qui a fait le choix du tourisme de masse, ce qui n’est pas pour nous plaire. Pourtant, l’île a de nombreux espaces préservés de l’afflux des touristes et c’est ce que nous avons voulu découvrir. Nous avons fait un road trip de 6 jours d’Est en Ouest en passant de la côte Nord à la Côte Sud.
Nous avons reporté notre itinéraire jour par jour ici :
JOUR 1 : Chania – Myrthos
Nous sommes partis de Chania ( La Canée), un charmant port vénitien dont je vous reparlerai plus en détails puisqu’on va y passer 3 semaines. On a pris la direction Est sans avoir de plan précis. Benoit avait un peu étudié les centres d’intérêt mais nous ne sommes laissés la liberté de nous arrêter et de dormir où bon nous semblait. La côte Nord de l’île a une voie rapide pour relier les 3 principales villes de l’île, à savoir Chania, Rethymnon et Heraklion la capitale. C’est aussi entre ces villes que se concentre l’essentiel des grosses infrastructures touristiques.
Depuis Chania, nous avons fait une halte à Rethymnon qui nous a fait une belle impression avec son bord de mer aménagé et sa vieille ville très vaste. On s’y arrêtera plus en fin de semaine.
Ensuite, nous sommes allés dans un petit village coincé entre les montagnes au bord de mer de la mer de Libye : Agia Galini. Le petit port de pêche et ses ruelles escarpées ne manquent pas de charme. Dommage que les boutiques de souvenirs soient un peu envahissantes. Depuis le port, un petit chemin longe la roche pour accéder à la plage.
Le village est tout petit et on en a fait rapidement le tour.
On a décidé de continuer la route vers Matala. Ce village était très prisé des hippies du monde entier dans les années 60-70. Ils s’installaient dans les grottes, plages et collines qui entourent le village. Bob Dylan y aurait même séjourné! Aujourd’hui la montagne rocheuse et ses grottes attirent des curieux qui n’ont rien de hippies. Les traces du passé alternatif persistent par des dessins sur le sol, des souvenirs « peace and love » et quelques vieux français aux cheveux longs qui vendent des tableaux et de l’artisanat dans une cavité sur le chemin principal. Il y règne une ambiance décontractée, loin des foules de touristes.
La traversée du village entièrement piétonnier est vraiment chouette. Après avoir passé les incontournables magasins de souvenirs, on marche au milieu des restaurants le long de la roche. Tout au bout, se trouve un magnifique restaurant perché où on s’est régalés de poissons frais, face aux grottes. Accueil chaleureux comme toujours! Le village, bien que charmant, est un peu limité au niveau des hébergements, alors on continue la route.
On traverse des oliveraies sur des dizaines de kilomètres. De magnifiques tableaux naturels comme on les aime!
Dans l’après-midi, on arrive au village de Myrtos, toujours sur la côte sud. Un village super tranquille : quelques ruelles, une promenade de bord de mer. Quelques restaurants et peu d’hébergements. On a beaucoup roulé, on a envie de se poser pour la nuit. Le seul hôtel de bord de mer nous tenterait bien mais son gérant dort dans la réception (dans un lit et au milieu d’un foutoir indescriptible!). Il parait qu’il n’est pas commode et vu qu les armes sont très courantes en Crète, on ne prend pas le risque de le réveiller! On fait un tour du village pour repérer les lieux. Ambiance paisible. Les petits vieux sont assis devant leur maison et observent les passants… Quelques boutiques mais on sent bien que le tourisme n’a heureusement pas encore atteint le village. On trouve un hôtel tout simple qui a une jolie vue sur les montagnes environnantes. La soirée sera calme et belle: cocktail face à la plage… Que demander de plus? Le ciel est chargé mais c’est à l’image du village : un lieu avec du caractère!La première journée est passée! On a déjà vu tellement de merveilles! Il faudrait ralentir le rythme pour que j’arrive à me rappeler de tout!
Jour 2 : Myrtos – Sitia
La journée démarre un peu tard par un petit-déjeuner dans la rue. Les petites tables en bois occupent les rues sans aucune gêne!
On repart direction de l’extrême Est de l’île. Les paysages sont magnifiques : la nature verdoyante et de ci-delà, de petits villages.
On passe par Ierapetra, une ville qui charme Benoit : une authentique ville du sud aux parfums d’Orient. Petite halte pour découvrir ses rues animées. C’est le moment de la journée où chacun vaque à ses occupations. Presque pas de touristes. Des rabatteurs vendent des tickets pour l’île de Chrissi, à 15 kms au sud.
La ville est entourée de serres à légumes. La région est surnommée « le jardin de la Crète ». Pendant l’hiver, les fruits et légumes sont produits ici et exportés sur les marchés occidentaux. On sent bien qu’il y a une vraie activité économique et que, contrairement au reste de l’île, le tourisme n’est pas développé. Il parait qu’un puissant lobby agricole a, pendant longtemps, bloqué tout développement touristique dans la région. Cela serait en train de changer, mais d’après nos observations, ils sont encore bien tranquilles du côté de Ierapetra.
On traverse ensuite vers la côte Nord et la ville de Sitia qui est la plus grande ville de l’Est.
On pose nos affaires dans un petit hôtel de la promenade de bord de mer et on décide de profiter de l’après-midi pour découvrir la côte. On passe par le village de Palekastro, charmant et authentique. Les hommes sont tous attablés au café. Les femmes, invisibles, sont sûrement en cuisine!!! On se perd un peu en voiture dans les rues, les habitants attablés nous font des grands gestes en criant « droite, gauche, droite »… et reprennent leurs conversations animées…Puis on continue au Nord par la célèbre plage de Vaí. En plus de son sable fin, de son eau cristalline et de son écrin de montagne, cette plage est bordée d’une grande palmeraie. Ce serait même la plus vaste d’Europe! Le lieu attire beaucoup de monde. Nous sommes fin septembre et on n’est pas envahis mais en plein été, c’est de la folie! Le soleil est radieux et les gens se baignent. Nous, nous avons pris un verre en contemplant le paysage. Un mirador permet d’apprécier le cadre hors du commun du lieu. On en oublierait qu’on est en Crète. Les palmiers et la couleur de l’eau nous rappellent des latitudes plus tropicales.
On parcourt cette partie Est complètement vierge. Des champs d’oliviers, de petits villages… de la beauté partout!
Le ciel se couvre et ajoute encore du mystère à ces paysages qu’on dirait tout droits sortis d’un livre d’aventures.
Puis les paysages changent. La côte est très découpée, la végétation se fait rare. Ambiance de fin du monde.
On se dirige vers Zakros, une petite anse.
Juste quelques restaurants de bord de mer. Inutile de vous dire qu’on s’est régalés, avec un accueil adorable, c’est la norme en Grèce! On a goûté les escargots à la mode crétoise, c’est à dire au romarin. Il parait que les Crétois sont de grands consommateurs d’escargots.Je préfère ceux à la persillade ( les filaments de bave sont mieux cachés!!!) mais c’était une bonne expérience. Tout le repas était délicieux (malgré l’absence d’électricité). Pour la petite anecdote, notre serveur avait craqué sur moi et ne ratait pas une occasion de me montrer son attention par ses regards appuyés et rapprochés et des gestes d’affection! Malheureusement pour lui, son grand âge et sa très petite taille l’ont un peu handicapé pour me séduire!
Retour sur Sitia et découverte de cette ville en amphithéâtre. Ambiance très calme en fin d’après-midi. Tout le monde faisait la sieste. On a parcouru les ruelles désertes et ses innombrables escaliers.
On pensait que la ville s’animerait dans la soirée alors nous sommes retournés faire un tour au coucher du soleil. Pas la grande folie dans les rues non plus! Les commerces avaient réouverts mais étaient vides, tout comme les rues. Quelques bars avaient attiré les jeunes branchés. On a remarqué que, comme les anciens, ils adorent boire du café frappé et jouer au backgammon! C’est étonnant qu’ils aient les mêmes goûts! En revanche, chacun a ses lieux privilégiés. Les anciens se réunissent dans leur bar au décor rustique.
Jour 3 : Sitia – Heraklion
On se dirige vers le minuscule village de Mochlos battu par les vents. Découverte rapide du village, équipés de nos polaires et parkas! L’hiver est déjà arrivé à Mochlos. Ce village est visiblement le point de départ de groupes de randonneurs que nous croisons à l’entrée du village. Des seniors bien équipés qui vont arpenter les sentiers des alentours. La Crète a de nombreux sentiers de randonnée balisés. On peut traverser toute l’île à pied!
On repart vers Agios Nicolaos et les zones les plus touristiques de l’île. Le petit village de Agios Nicolaos que l’on a connu il y a 12 ans s’est bien agrandi. Il a mangé les collines environnantes. Le centre est embouteillé. Les investisseurs ont visiblement découvert ce très beau site et ont eu la mauvaise idée d’y construire de gros hôtels. Dépités, on ne s’arrête pas.
On continue vers Elounda qui garde encore son allure de village. Le lieu est joli mais les rabatteurs devant les restaurants nous agacent! Les environs ont vu fleurir des résidences hôtelières de standing. La clientèle est chic, les prix aussi! On ne s’attarde pas.
Tout près d’Elounda se trouve l’île de Spinalonga qui était une ancienne léproserie ( la dernière d’Europe). Les malades y vivaient dans des conditions sanitaires abominables. Quand on voit la beauté du cadre, on a du mal à le croire. Spinalonga est le théâtre de l’excellent roman « L’île des oubliés » de l’anglaise Victoria Hislop que je vous recommande! Une saga familiale captivante!
Des bateaux conduisent les visiteurs sur l’île pour découvrir les lieux laissés intacts.
Depuis cette côte un peu trop touristique à notre goût, nous nous sommes dirigés vers un décor bien différent : le plateau de Lassithi. Situé à 850 mètres d’altitude, c’est le plus important plateau de Crète. Les routes sinueuses nous conduisent vers un autre monde! Les stations balnéaires sont bien loin. Environnement minéral. Montagnes.
On arrive enfin au fameux plateau partiellement dans les nuages. On aperçoit de nombreux champs cultivés ( pommes, pêches, pommes de terre, céréales…) Cette terre fertile est exploitée depuis des milliers d’années ( époque minoenne). Les Romains ont développé un système d’irrigation que les vénitiens ont perfectionné. Les moulins à vent qui parsèment tout le plateau sont la trace de ce passé (aujourd’hui des pompes électriques les ont remplacés pour l’irrigation).
Nous avons peu de photos de ce plateau car les nuages bas recouvraient tout. La pluie s’est même invitée en cours de journée. Nous avons traversé des villages fantomatiques. Une boucle de 25 kms permet de faire le tour du plateau. On a regretté le manque de visibilité car on pouvait deviner de belles étendues. Pause déjeuner dans une petite taverne du village de Psychro où une femme seule assurait la cuisine et le service en salle. Quelques visiteurs de passage, comme nous. Tout était très bon et pas cher! On a ensuite retrouvé le froid. Les hivers doivent être rudes par ici!
Le contraste en quelques heures entre le bord de mer chic de Elounda et les villages du plateau de Lassithi est vraiment incroyable. Un aperçu de cette Crète aux multiples visages!
Après cette incursion au centre de l’île, nous avons rejoint sa capitale, Heraklion pour y passer la nuit. Autre ambiance. Cette ville voit débarquer beaucoup de touristes qui arrivent par avion ou accostent en ferry mais on sent tout de suite qu’elle ne vit pas du tourisme. Les touristes ne s’y attardent pas! On a d’ailleurs fait la même chose lors de notre première visite en Crète. Cette fois, on a pris le temps d’arpenter ses rues, de flâner sur le port.
Cette ville nous a agréablement surpris. Nous avons pas mal marché dans la partie historique délimitée par les imposants remparts vénitiens. On y a senti une certaine douceur de vivre, un bon accueil. De nombreuses rues piétonnes permettent de se balader entre les terrasses de café, les commerces et les monuments historiques. La ville a eu de nombreux occupants ( Arabes, Romains, Byzantins, Turcs) et en conserve des traces. Des styles bien différents cohabitent. Les églises sont les plus imposants monuments de la ville.
Ce cœur de la ville fait la part belle au farniente ( sur les terrasses de café) et au shopping.
Cette première partie du road trip se termine. Je vous parlerai de notre découverte de l’Ouest de l’île dans le prochain billet. Au programme : petits ports de pêche, plages sublimes et paysages à couper le souffle!
À bientôt!