Usuard, un moine bénédictin de l’Abbaye de Saint-Germain-des-prés, à Paris, lettré de l’époque carolingienne, qui semble être mort vers l’an 875, a dédié à Charles le Chauve son recueil le Martirologue.
Le nom figure dans une liste de moines de Saint-Germain-des-Prés rédigée vers 841/847 (une déclaration d’association spirituelle avec les moines de Saint-Remi de Reims). En 858, il se rendit en Espagne avec son collègue moine Odilard pour recueillir des reliques ; ils revinrent avec celles des martyrs Georges, Aurélius et Nathalie, des chrétiens exécutés à Cordoue le 27 juillet 852. Le récit de ce voyage a été raconté par leur collègue Aimoin et on prétends que les saintes reliques furent honorées de maints miracles durant le voyage.
Cet ouvrage, qui porte le nom du monarque, écrit quelques temps avant sa mort, est une compilation dont le martyrologe romain s’est largement inspiré. Il est resté, pendant tout le Moyen-Age le plus célèbre manuscrit de son genre.
Ce martyrologe synthétise des éléments du vieux martyrologe hiéronymien, du martyrologe d’Adon de Vienne, et d’une version lyonnaise augmentée de celui de Bède, attribuée à l’archidiacre Florus de Lyon. Il contient onze cent soixante-sept éloges de saints.
L’imprimeur vénitien Johannes Emericus di Spira (Johann Emerich), actif de 1487 au début du XVIème siècle, en a produit une superbe édition, à la demande de Lucantonio Giunta, qui est sorti des presses vénitiennes le 15 octobre 1498 au format in 4°. Avec son frontispice à l’encre rouge avec l’iris florentin, les textes en rouge et noir, les lettrines gravées sur bois, et des grandes gravures en pleine page, c’est encore de nos jours un ouvrage recherché des amateurs d’incunables.