Notre périple dans le Dodécanèse nous a permis de découvrir de très belles îles, chacune avec son identité propre.
Nos plans pour ce « sea-trip » ont été maintes fois vus et revus, pour suivre nos envies et les recommandations de personnes rencontrées. Les possibilités de transports en ferry ont souvent orienté notre temps de séjour dans chacune des îles.
Dans le Dodécanèse qui compte 12 îles principales ( dodeca =12 en grec), nous avons finalement visité 8 îles. Dans les billets précédents, je vous ai déjà parlé de Kos ( De la Turquie à la Grèce), de Rhodes ( Sur les pas des chevaliers), de Kassos (Le temps suspendu) et enfin de Karpathos ( Un secret bien gardé). Il me reste à vous parler des 4 suivantes:
Symi, la chic
Typiquement l’île-carte postale! Il y a 8 ans, quand notre ferry en direction de Kos a fait une halte dans le port de Symi, on a été éblouis par un amphithéâtre de belles bâtisses colorées qui semblaient hors du temps.
Port de Symi
Surprenant, alors qu’on se trouvait presque au milieu de nulle part, dans cette toute petite île dont nous n’avions jamais entendu parler. On a gardé dans notre tête son nom « Symi » avec l’idée de s’y arrêter une autre fois. Ce fût chose faite cet été.
Nous avons retrouvé le même spectacle impressionnant à notre arrivée au port cette année. La lumière de fin d’après-midi éclairait le tableau que nous ne pouvions quitter des yeux.
Des yachts gigantesques amarrés complétaient le décor. Et puis, nous avons débarqué avec nos grosses valises et nous nous sommes retrouvés dans la foule du quai : les touristes chargés qui débarquaient du bateau croisaient les réfugiés syriens qui embarquaient avec presque rien sur eux. On s’est mis à la recherche d’une chambre sur le port. Rapidement, on a compris que ce ne serait pas simple. Début septembre, c’est calme pour le tourisme mais la haute-saison se prolonge pour les exils forcés; de nombreux réfugiés cherchaient aussi un hébergement!On est orientés dans un hôtel un peu à l’écart. La femme qui loge à côté de nous, a perdu un fils en mer 4 jours plus tôt! Premier choc : la tragédie humaine côtoie le faste néo-classique et mon esprit a dû mal à assimiler ces deux réalités.
Après un tour sur le port, on comprend que Symi joue la carte du chic. Tout est plus cher que dans les autres îles du Dodécanèse. Les restaurants traditionnels grecs ont été remplacés par des enseignes « classe » qu’on pourrait retrouver dans n’importe quelle station balnéaire chic. Les tavernes avec les petites tables en bois qu’on aime tant se font rares. Petite déception. Je ne me sens pas à l’aise dans cette ambiance. Je n’y trouve pas ma place. Je suis trop riche et heureuse vis à vis des réfugíés, et trop modeste vis à vis des plaisanciers du port.
La découverte des environs valait tout de même d’y passer 2 jours ( au lieu des 4 prévus). Nous avons fait une magnifique balade à travers une colline calme et odorante qui nous a conduits à une crique magnifique, avec une fosse marine impressionnante : Emporios.
L’île a peu de route. Elle est difficile à explorer. Les plages sont accessibles uniquement par la mer. Avec un taxi-boat collectif qui fait une navette tous les jours, nous sommes allés à 3 plages. Une d’entre elles, Georgiou, très naturelle nous a bien plu.
accueil devant le restaurant de la plage de Nanou
Symi est une île vallonnée très peu peuplée ( 2500 habitants seulement), avec de grandes étendues pelées. C’est un environnement aride où on n’a vu aucune culture. Son succès vient essentiellement de l’architecture de son village principal qui attire des visiteurs à la journée ou des plaisanciers en escale.
Cette île ne nous aura pas séduits. Elle restera une jolie carte postale mais pas une île où il est agréable de séjourner.
Nous repartons vers Patmos (en ferry, hein, pas en voilier!)
Patmos la sainte
Notre étape à Patmos nous a plongés dans un autre univers. Dès l’arrivée en ferry au port de Skala, nous sommes accueillis par 4 personnes et deux véhicules! Un pour nous et un pour nos bagages! Quelqu’un a dû leur dire qu’on voyageait avec dix tonnes de bagages!!! ;-) Beaucoup de chaleur humaine de la part des personnes qui nous louent un studio. Pas de langue commune mais des gestes et des sourires qui ne trompent pas. Nous logions dans une baie super tranquille à quelques kms de Skala.
En face de nous: la mer et tout autour la nature! Quelques poulaillers se sont chargés de l’animation: petits concerts improvisés entre coqs! À quelques pas, un restaurant bien caché qui nous a servi une cuisine divine ( et je pèse mes mots!). Je suis tombée en amour pour Patmos immédiatement! J’aurais pu rester dans cette baie un mois sans bouger!
Bon, on a quand même visité les alentours et il faut bien avouer que cela aurait été dommage de faire l’impasse! Contrairement à d’autres îles du Dodécanèse, Patmos est assez verte. Pas de forêts, n’exagérons pas, mais des prairies à perte de vue. Sillonner les routes sinueuses en scooter offre des panoramas superbes à 360 °c.
Patmos est une île Sainte, un lieu de pèlerinage pour les Chrétiens. Certains l’appellent la « Jérusalem de la mer Egée ». C’est là que Saint-Jean a eu sa vision et rédigé l’Apocalypse. La grotte où cela a eu lieu attire de nombreux visiteurs, tout comme le monastère du XI° siècle qui surplombe la ville de Chora, la plus ancienne de l’île ( appelée aussi Patmos).
Le monastère abrite une église, des chapelles et une bibliothèque avec de très vieux et précieux manuscrits. Nous avons visité le musée qui réunit des icônes, des bijoux et des vêtements sacerdotaux. Malheureusement, les accès aux toits étaient condamnés et nous n’avons pas pu admirer la vue sur la campagne. En revanche, la vue sur le port de Skala est pas mal du tout!
Ce qui nous a le plus plu à Chora, c’est de déambuler dans le dédale des petites rues blanches et désertes. Des escaliers, des tunnels. Une exploration super zen!
Le lieu est désert. On se déplace en chuchotant. On se concentre aux intersections pour ne pas se perdre. On se demande s’il y a quelqu’un derrière ces belles portes!
Tout est tellement calme que quand une personne apparaît, on sursaute! Après être entrés discrètement dans la cour d’un deuxième monastère, une vieille dame en noir qui en sortait nous a surpris et voulait visiblement qu’on entre pour assister à la messe!!! Si on avait mieux parlé grec, on aurait pu lui dire qu’on avait déjà assisté à plusieurs messes le matin même … ;-)
Patmos, c’est aussi de vieux moulins à vent, des villages endormis avec leurs charmantes tavernes, des chapelles disséminées un peu partout et des côtes très découpées.
Si de nombreux visiteurs se rendent à Patmos pour des raisons religieuses, le tourisme balnéaire a toute sa place. L’eau est cristalline et il y a une vingtaine de plages quasi désertes. Le panorama est toujours super apaisant.
Près de notre logement, après une marche de 30 minutes, on accède à une petite baie charmante. Un petit restaurant, une mer agitée et des arbres pour assurer l’ombre salvatrice.
Patmos est clairement une destination pour ceux qui aspirent au calme et qui aiment la nature. Des sentiers de randonnées permettent d’explorer l´île. Se déplacer en scooter est vraiment agréable car il n’y a aucune circulation. D’ailleurs, les casques n’existent pas! On a les cheveux au vent, le nez en l’air et les yeux qui ne savent plus où se poser! Une magnifique découverte!
Kalymnos l’active
Pour nous, Kalymnos n’aura été qu’une escale assez courte ( une après-midi et une nuit) juste suffisante pour avoir un aperçu de sa ville principale Pothia qui est aussi le port. Une ville assez étendue qui se fait une place entre les montagnes et s’étend dans la plaine à l’arrière du port.
Le port centralise beaucoup de l’animation touristique, avec des bateaux d’excursions, de nombreux bars et restaurants avec leurs immenses terrasses. Bon, le mot « animation » est peut-être un peu exagéré. Il n’y a pas foule!
La ville a la particularité d’avoir soit des ruelles piétonnes très calmes, avec le charme de l’ancien ou alors des rues passantes où le piéton doit escalader des trottoirs tout en marches pour ne pas se faire attraper par une voiture. Les personnes à mobilité réduite doivent bien choisir leurs rues! La ville est, en plus, conçue comme un dédale! On retrouve pour la première fois depuis longtemps la circulation d’une ville. Il y a plus de 16 000 habitants à Kalymnos dont 10 000 à Pothia, c’est énorme!!!
Nous logions dans une ancienne maison de maître, accueillis par un vieux monsieur grec francophone qui nous a présenté à toute sa famille. Il n’était clairement pas un professionnel de l’hôtellerie voire assez « bordélique » mais cela avait son charme! Une image de lui me reste en tête : dans le grand salon, installé dans son vieux fauteuil, torse nu, devant la télé à plein volume, avec son grand sourire édenté : » ça va bien? »
Cette île n’a que quelques plages. Elle est connue pour sa pêche des éponges naturelles et plus récemment pour ses spots d’escalade grâce à ses nombreuses falaises.
Personnellement, j’aurais bien tenté la plongée avec ce scaphandre pour rapporter quelques éponges ou bien l’escalade des falaises à une seule main mais j’ai manqué de temps! Trop dommage! ;-)
Départ au lever du soleil. Dernière image de Kalymnos.
Astypaléa la nonchalante
Après 3 heures dans un immense ferry vide, nous apercevons au loin des îlots et une colline surplombée par un château! Astypaléa est en vue!
Ce château au dessus des maisons blanches à flanc de colline est non seulement la première vision de l’île mais aussi le panorama que l’on a sous les yeux quelque soit notre position sur l’île. Sur nos différentes photos, regardez bien, il apparaît souvent quelque part!
Un peu plus loin se trouve une rangée de moulins à vent visible de très loin également.
Autour du château et à ses pieds s’étend le village principal de l’île et le seul digne de ce nom : Skala. 1200 habitants et quelques commerces et restaurants. On sent immédiatement que le tourisme n’y est pas très développé. Une vie nonchalante. Des gens sympathiques mais plus réservés que dans les autres îles. Lors de notre balade aux pieds du château, on a croisé plus de chats que d’habitants.
Et quand on aperçoit quelqu’un, c’est une vieille dame en noir à la barbe bien fournie qui menace d’un bâton l' »idiot du village » en lui criant un truc. Autant vous dire qu’en passant devant elle, on se tenait à carreau! On lui a sorti toutes les formules de politesse grecques qu’on connaissait! Même quand elle a nous a souri, on a continué de frémir à la vue de son visage franchement étrange. On n’a pas pris le risque de faire des photos sur le moment mais à notre retour, les protagonistes étaient séparés, chacun d’un côté de la rue!
Entre temps, on a eu le temps de grimper jusqu’au château dont il ne reste que quelques murs plus ou moins consolidés. Depuis le XV° siècle, il a subi l’attaque de tremblements de terre et de forts violents.
montée vers le châteauDeux chapelles se trouvent dans l’enceinte du château. Une jeune femme nous a fait une petite visite d’un très ancien cabinet médical, avec l’entrain de celle qui se dirige vers l’échafaud. C’est sûr, aller à la plage est bien plus excitant que de garder un château où 3 personnes passent par semaine!
De là-haut, c’est surtout la vue qui nous a plu. On a eu un aperçu du reste de l’île qui est en grande partie déserte et pelée.
Je me rends compte que ma description peut paraître un peu rude mais Astypalea, ce n’est pas que ça. C’est beaucoup de beauté! Nous logions dans un hôtel décoré avec beaucoup de goût, dans la baie de Livadi, tout près du village. Un lieu où on était vraiment très bien. On est toujours étonnés de la qualité des hébergements compte tenu de leur prix modique.
Livadi possède une des rares plaines fertiles de l’île laquelle est vraiment très aride. La plage est bien mignonne avec ses tavernes. Les Grecs s’y attablent longtemps, parlent fort en buvant du café glacé (vraiment très à la mode dans le Dodécanèse).
L’île compte plusieurs belles plages. Avec notre scooter, nous en avons découvertes quelques unes en empruntant parfois des chemins de terre interminables. En effet, l’île a une route goudronnée seulement sur quelques kilomètres autour du village principal.
La plage de Agios Konstantinos, avec sa vue imparable sur le château a beaucoup de charme. Selon la force du vent, c’est une petite anse plus ou moins accueillante. On choisit ses jours pour y aller!
Nous avons tenté de découvrir une autre plage plus éloignée vers le sud, par un long chemin de terre. Le panorama est superbe: les collines jaune-vert à perte de vue avec juste quelques ruches bleues par ci par là.
On roule longtemps avec notre scooter qui pour pimenter l’aventure clignote depuis le départ pour nous annoncer une panne d’essence imminente. Pour ceux qui ne le savent pas, c’est une spécialité de Benoit de ne pas mettre d’essence dans les véhicules, en particulier dans les coins très paumés! « Le « coup de la panne », c’est son truc! On finit par arriver dans une plage quasi-déserte où, à notre grand étonnement, il y a une taverne! On ne peut pas mourir de faim en Grèce!
Petite baignade avec de jolis poissons. Grâce à la taverne, nous repartons avec le ventre plein mais le réservoir toujours vide! La suite? On est arrivés miraculeusement jusqu’à la seule station service de l’ìle mais elle n’ouvrait que deux heures plus tard! Il faut savoir que tous les commerces ferment jusqu’à 17h ou 18h pour la sieste mais certains ne rouvrent pas! La vie nonchalante… L’agence qui vend les billets de ferry est fermée depuis 2 jours, sans aucune information sur la vitrine. On interroge les voisins. « Ah oui! il a dû partir à Athènes » ben oui, bien-sûr! À astypalea, il faut rester zen et surtout ne pas être pressés!
Nous avons aussi tenté de découvrir un peu l’île vers le Nord mais en restant sur les routes goudronnées. On a découvert quelques hameaux, de petites plages désertes. La baie de Steno est la bande de terre étroite qui relie les deux parties de l’île. On y aperçoit bien la mer de chaque côté.
À la fin de la route goudronnée vers le Nord, se trouve un joli point de vue où est érigé un monument. On a eu la surprise de découvrir que tout y était écrit en français! Ici, au XIX° siècle des marins français se sont réfugiés et ont combattu les pirates!
Le village de Skala a aussi une petite plage. Il est très agréable d’y boire un verre en fin de journée. On a toujours en ligne de mire le château.
Avec Astypaléa, notre tour du Dodécanèse s’achève.
Cette région est beaucoup moins connue que les Cyclades mais mérite vraiment le détour. Même en été, le tourisme est à taille humaine. On peut profiter des plages sans jamais être au milieu de la foule. L’accueil est toujours chaleureux. Les constructions sont de bon goût et s’intègrent parfaitement aux paysages. Les tavernes offrent des spécialités délicieuses à petits prix! La mer est cristalline, la nature omniprésente. Amateurs de mer ou de montagne, vous serez comblés!
Faire des sauts de puce entre les îles comme on l’a fait pendant 6 semaines est vraiment exaltant. Il faut tout de même organiser un minimum les transports. Voici quelques conseils :
TransportS en ferry dans le Dodécanèse
Il faut savoir que même en été, on ne peut pas relier n’importe quelle île tous les jours. Les fréquences sont très variables d’une ligne à l’autre. Il existe plusieurs compagnies. Pour corser le tout, il n’existe pas une carte de la région actualisée regroupant toutes les lignes existantes et leur fréquence. Même les agences de tourisme n’ont pas de récapitulatifs. Elles vous fournissent les informations ligne par ligne, en consultant leur ordinateur, mais construire un itinéraire va vous obliger à squatter leur agence pas mal de temps! En fouillant sur Internet, nous avons trouvé un site qui permet de faire des recherches : ligne souhaitée, compagnie, horaires et prix. Selon notre expérience, les données sont correctes.
En cliquant ici, vous pouvez vérifier si le trajet souhaité la ligne) existe bien (toutes les îles ne sont pas reliées directement) et quelle(s) compagnie(s) de ferry le propose(nt).
Ensuite, avec ce lien, vous pouvez vérifier les dates qui vous intéressent et connaitre les horaires. Il y a une possibilité de réserver en ligne mais je ne vous le conseille pas. Toutes les agences de tourisme vendent n’importe quel billet sans frais supplémentaire et vous pouvez les acheter la veille.
Pour les îles du Dodécanèse dont je parle dans ce billet, il est impératif, même en haute saison de consulter les fréquences de ferry. Il faut parfois attendre plusieurs jours pour repartir vers la destination suivante!
Hormis ce petit casse-tête qui est la contrepartie de vouloir multiplier les sauts de puce inter-îles, je ne peux que vous encourager à visiter une ou plusieurs des îles du Dodécanèse.