J’ai découvert il y a peu, le blog de Gaëlle, une étudiante française à Los Angeles, qui a réussi à obtenir un permis de travail avec son visa étudiant. Ce qui lui permet de rester sur le territoire, et d’y travailler 1 an après ses études ! Elle a gentiment accepté de me confier les moyens qu’elle a mis en œuvre pour y arriver. Découvrez son parcours !
Tu as fini tes études de musique à Los Angeles, et tu as pu trouver ton premier job suite à ça. Peux-tu te présenter et nous en dire un peu plus ?
Exactement, tu me connais bien !
J’ai intégré UCLA Extension (une école généraliste) il y a 1 an de ça, fin septembre 2014. J’avais presque fini mes études en France et je ne me voyais pas du tout partir faire ma vie à Paris, sauf qu’à Bordeaux je n’avais aucune opportunité professionnelle.
J’ai fait mes études généralement autour de l’entertainment en France, grâce à une licence 3 en Production Audiovisuelle. Et c’est vraiment via mes stages que je me suis spécialisée dans la musique. Par contre avant ça, j’avais un parcours scolaire n’ayant aucun lien, puisque j’ai tout d’abord obtenu un bac professionnel en Hôtellerie-Restauration, puis une licence en Communication et Relations Publiques. J’avais adoré Los Angeles lorsque j’étais venue faire un stage en 2012, et je me suis dit qu’il était temps pour moi de faire le grand saut. Bien que je fusse déjà en possession de ma licence, je savais qu’il me manquait quelque chose pour compléter mes études. J’ai donc décidé de venir à LA pour faire un Certificate en Music Business.
Après mon année j’ai pu chercher un job grâce à ce qu’on appelle l’OPT « Optional Practical Training ». Je peux donc travailler 1 an tout en restant sous mon visa étudiant. Pour le moment j’ai juste un mi-temps comme hôtesse dans une grande salle de concerts/sport (le Staples Center pour ceux qui connaissent), et je cherche un autre job pour le reste du temps. Ce n’est pas simple à trouver, surtout dans ma branche mais je ne désespère pas !
Comment as-tu fait pour partir étudier 1 an à Los Angeles ? Quel visa as-tu obtenu, et est-ce qu’il t’a coûté quelque chose ?
UCLA Extension fait partie de ces universités qui fournissent un I-20, le sésame pour obtenir le visa étudiant: le fameux F1. Toutes les universités ne le proposent pas, il faut qu’il y ait un service international. Heureusement, UCLA Extension en a un et la majorité des étudiants sont d’ailleurs des Internationaux. La France fait partie des 5 pays les plus représentés !
Dans le coût de nos études on n’a pas vraiment une ligne « visa » mais on le paye tout de même. J’ai donc dû (bien évidement) payer mon année scolaire (entre 5 000 et 10 000 $ suivant le Certificate choisi), plus environ 2 000$ de frais internationaux, dans lesquels est inclus le visa. Et j’ai dû aussi prendre une assurance santé répondant à certains critères, ça fait partie des obligations pour garder son visa. En tout, j’en ai eu pour environ 10 000 $ l’année. Pour le coup je ne parle que de l’école (UCLA), il y a bien évidemment toute la vie autour qui fait gonfler ce montant ! Et puis tous les frais liés à l’obtention du visa tel que les frais de SEVIS, le rendez-vous à l’ambassade.
Comment as-tu fait pour financer ton année d’étude ? As-tu travaillé un peu pendant ?
J’avais déjà quelques économies, c’était un bon début. J’ai aussi travaillé pendant environ 6 mois, et puis j’ai fait un prêt. UCLA nous demande de prouver qu’on dispose d’un montant minimum avant de partir et ils ne rigolent pas avec ça, il faut avoir des économies car la vie à LA (Los Angeles) est chère, ce n’est pas un mythe !
Le gros souci du visa F1 est qu’il interdit de travailler, d’où le fait d’avoir des économies. On peut travailler uniquement sur le campus, et uniquement 20 heures par semaine maximum. Mais il faut bien garder en tête qu’avoir un job sur le campus est tout bonnement quasi impossible. Il y a des milliers de postulants pour seulement quelques offres, et les étudiants d’UCLA Extension n’ont pas la priorité. Donc sans connaitre quelqu’un, il vaut mieux ne pas compter dessus. Donc vraiment, prévoir des économies est indispensable. Commencer sa vie professionnelle avec un prêt à rembourser n’est pas des plus sympas, mais en tout cas, dans mon cas, je ne regrette pas. Et puis je préfère avoir un prêt à rembourser parce que je suis partie vivre à LA pendant 2 ans, plutôt qu’un prêt à rembourser parce que j’ai acheté une nouvelle voiture. Je le vis mieux !
Pourquoi as-tu décidé de rester à Los Angeles après tes études ?
Comme je l’ai dit au début, pour trouver un travail dans mon milieu en France il faut être sur Paris, et moi Paris ça ne passe pas ! Donc professionnellement parlant, la France ne m’offre pas grand-chose. Quand je suis venue ici, c’était vraiment avec un objectif, et notamment celui de rester. Quand je suis partie il y a 1 an de ça, je n’avais aucune idée pour combien de temps, parce que je compte rester ici tant que je le peux. Le fait que UCLA propose l’OPT (une année supplémentaire avec la possibilité d’obtenir une autorisation de travail) est une chance énorme. C’est une chance que je ne pouvais pas laisser passer, car c’est une vraie expérience, un vrai plus sur le CV, et surtout, un vrai plus pour espérer un sponsoring (pour rester plus longtemps) !
Tu dis qu’il est interdit de travailler aux USA avec le visa F1. Pourtant, c’est celui que tu as actuellement. Peux-tu nous expliquer comment est-ce possible que tu puisses travailler avec ce visa ?
Je travaille grâce à ce qu’on appelle l’EAD, une autorisation de travail. Sans ça, impossible de travailler. Elle est demandée par les conjoints rattachés aux visas de leur mari/épouse, mais aussi par les étudiants qui font l’OPT, comme moi.
L’OPT est le nom donné à l’année supplémentaire de travail, et est proposée par l’école. On peut faire une demande d’OPT, mais on peut se voir refuser l’EAD pour x ou y raison. Et pas d’OPT sans EAD, les 2 sont liés. L’OPT s’obtient via son école, l’EAD s’obtient via l’immigration. C’est l’UCLA (l’école) qui en fait la demande auprès de l’USCIS (l’immigration), après qu’on ait rempli le dossier et payé les frais. Mon EAD est liée à mon visa, qui est lié à mon I-20, donc à la date de fin notée sur mon I-20 mon visa s’arrête et donc mon EAD aussi.
Ce n’est pas si simple tous ces aspects administratifs, mais tu as pu y arriver ! Comment as-tu fait pour obtenir l’OPT et l’EAD ? Est-ce que tu as dû trouver d’abord ton job pour ensuite avoir le permis de travail ?
J’ai dû en faire la demande 3 mois avant la fin de mes cours (soit au début de mon dernier quarter). J’ai vu mon Student Advisor d’UCLA avec qui j’ai rempli les papiers et à qui j’ai payé les 380$ de frais. Ensuite ma demande a été transmise à l’USCIS et un peu plus de 80 jours après je recevais ma carte qui m’autorisait à travailler.
Vu qu’on fait la demande 3 mois avant il est très rare de déjà avoir trouvé du travail. Et surtout on ne peut pas accepter d’offre sans avoir son EAD. Donc il faut prévoir à l’avance pour recevoir sa carte à temps. Pour ma part j’ai passé un entretien avant d’avoir reçu mon EAD. J’ai été prise directement à la fin de l’entretien et j’ai rempli les papiers directement à la fin aussi. Heureusement je savais que mon EAD était validée et que je n’avais que quelques jours à attendre avant de recevoir la carte. Et puis même si j’avais signé les papiers je ne commençais à travailler que 10 jours après, donc ça me laissait du temps.
Selon toi, qu’est-ce qui a fait pour que tu obtiennes un OPT ? Est-ce que toutes les écoles proposent ce genre de visa ?
L’OPT n’est pas proposé dans toutes les écoles et n’est en aucun cas obligatoire. Quelques universités le proposent, dont les Extension. Pour la Californie, ce sont toutes les UC Extension (UCLA, UCI, UCSD, UCSB, UCSC, UC Davis, UC Berkeley, UCR…).
Ensuite, j’ai réussi à avoir un travail. J’ai pu trouver un poste sympa, simple à obtenir et qui collait aux dates.
Il faut savoir qu’on a 90 jours pour trouver un travail après l’obtention de l’EAD. Mais on ne peut pas non plus prendre n’importe quel travail, il y a des règles comme notamment le fait que ce soit lié à nos études. Beaucoup de personnes font la demande d’OPT mais ne trouvent pas de travail dans leur branche sous 3 mois et doivent rentrer.
Donc c’est à ce niveau-là que j’ai eu de la chance, car j’ai très rapidement trouvé mon travail au Staples Center. Sans ça, j’aurai surement dû rentrer en France car à aujourd’hui je n’ai toujours pas d’autre travail.
Ce permis de travail est donc valide 1 an. Est-ce qu’il peut être renouvelé ?
Lorsqu’on fait notre demande, on doit donner une date de début située entre J+1 après la fin des cours et J+89 (puisqu’on peut rester 90 jours sans rien faire). Je terminais les cours mi-Juin, je me suis laissé 2 semaines de pause, et j’ai choisi le 1er Juillet comme date de début de l’OPT. A l’époque je n’avais pas encore de travail donc c’était un coup de chance. Finalement j’ai bien choisi ma date, puisque j’ai commencé quelques jours après ! Du coup je peux travailler jusqu’au 30 Juin 2016. Une fois cette date passée, l’EAD n’est plus valable. Il n’y a pas de renouvellement, l’OPT ne peut être effectué qu’une seule fois. Donc après le 30 Juin il me faudra trouver un sponsor (une société qui me fasse le visa) si je veux rester.
Avec ce permis, peux-tu changer de société en cours de route, et rester quelque temps sans emploi ? As-tu un plafond de rémunération ?
Je peux changer d’entreprise si je le souhaite, mais on a un délai de carence maximum. Si je quitte mon employeur j’ai environ 10 jours pour en trouver un autre. Je ne peux pas rester plus de 10 jours sans travail, sous peine que mon visa soit annulé. L’OPT est un processus assez carré, on ne peut vraiment pas faire ce que l’on veut !
Aucun plafond de rémunération à ma connaissance. La seule chose demandée est d’avoir un travail en lien avec ses études mais pour être honnête, ils ne regardent pas en détail. Pour ma part j’ai dit qu’AEG était mon employeur et ils n’ont pas cherché plus loin. Pourtant je ne réponds pas tout à fait aux critères puisque je n’ai pas d’horaires fixe (il faut normalement travailler plus de 20 heures/semaine), et que je suis limite à d’autres niveaux (mais je ne le dirai pas, on ne sait pas qui peut lire ça!).
Et tu as bien raison. Peux-tu nous parler un peu du job que tu as trouvé. Est-ce que c’est une structure américaine ? Quelles sont les différences que tu as pu remarquer jusqu’à présent avec tes anciens stages en France ?
Difficile de comparer mon travail avec ce que je faisais en France, car je n’ai jamais fait ça !
Je travaille pour AEG, qui est une entreprise américaine. C’est un des plus grands producteurs de concerts au monde et ils tiennent certaines salles de concert comme le Staples Center, là où je travaille. Je travaille pour les Guest Services, c’est à dire l’accueil client. J’accueille le public, je les installe dans la salle, je renseigne, je veille à la sécurité. Je n’avais jamais fait ça en France mais s’il y a bien une différence (que j’ai déjà remarqué dans d’autres métiers), c’est par rapport aux moyens et au personnel. Mon équipe est une équipe d’un peu moins de 200 personnes. On ne travaille jamais tous le même jour, mais c’est quand même une sacré équipe ! En France, je ne sais pas combien il y a d’hôtesses à Bercy, mais je pense qu’on est très loin de ce nombre. C’est un peu pareil dans tous les métiers liés au service client, ici, ils ne lésinent pas sur le personnel. S’il faut du monde, il y aura du monde.
En France, moins il y a de personnel, mieux c’est, car moins ça coûte. On en est même venu à un point où il n’y a plus de salaire pour un métier de ce type. Bien souvent les hôtesses dans les salles de concerts n’en ont pas. Leur seul salaire est le peu de pourboire qu’elles auront (honnêtement qui donne encore une pièce à l’hôtesse qui vous installe? Personne !). Heureusement, ici, j’ai un salaire fixe. Donc je pense que c’est une grosse différence dans ce type de métier : les USA emploient le personnel nécessaire, la France pense au coût avant de penser aux besoins.
Merci pour cette comparaison, j’avais remarqué aussi ce point, en étant cliente justement ! Comment as-tu fait pour trouver ce job ? As-tu eu des entretiens pour d’autres jobs avant ?
J’ai trouvé ce job en cherchant sur le site d’AEG. C’est une entreprise que je rêve d’intégrer, et donc je cherche sans cesse s’il y a de nouvelles offres. Un jour, je suis tombée sur cette offre, et je me suis dit pourquoi pas. Etre payée pour regarder des concerts et des matchs de NBA, qui refuserait ?! Du coup, c’était vraiment un hasard car je ne recherchais pas du tout ce genre de travail mais au final je suis très contente de l’avoir trouvé !
Après avoir postulé sur le site, j’ai eu un mail et un appel des RH qui m’ont planifié un entretien, et suite à l’entretien j’ai été prise.
J’avais déjà passé un entretien quelques semaines auparavant pour travailler au ticketing de Live Nation, mais le fait que mon EAD ne soit pas encore validé avait bloqué, et du coup je n’avais pas pu accepter l’offre.
Ce sont les seuls entretiens que j’ai eu.
Est-ce que l’OPT donne ensuite accès à un autre visa de travail américain et lequel ? (Je pense notamment au H1B, j’ai entendu dire qu’un quota était réservé aux étudiants étrangers aux USA). Si c’est le cas, alors l’OPT est vraiment une porte ouverte vers les Etats-Unis !
L’OPT en lui-même ne donne pas accès à un autre visa. Mais il permet d’attester d’un an d’expérience, ce qui est quand même un très bon point pour faire une demande de sponsoring (une société qui fasse le visa). Le H1B reste le visa « de rêve », je n’avais jamais entendu parler de ce quota, tu m’apprends quelque chose et c’est vraiment bien si c’est le cas !
Dans tous les cas, l’OPT est une porte ouverte vers les Etats-Unis, il faut juste se donner les moyens, et tomber sur de bonnes opportunités car malheureusement, même après 1 an de travail ici, si l’entreprise pour laquelle on travaille ne sponsorise pas, il n’y a rien à faire. Donc l’OPT en lui-même ne garantit rien, c’est toujours à nous de faire nos preuves. Mais bien entendu, après un an sur place, on a plus de chance de trouver un sponsor (une société qui fasse le visa), que quelqu’un qui est en France sans expérience américaine. Je commence un peu à penser à ça et aux différentes possibilités, le H1B reste bien entendu la solution numéro 1, mais j’envisage aussi de passer sous J1, si jamais je ne peux pas avoir de H1B.
Il me semble que c’est possible, et ça me permettrait de rester 1 an et demi de plus. Et puis je joue aussi à la loterie, on ne sait jamais !
Pour conclure, qu’est-ce que tu conseillerais aujourd’hui, à quelqu’un qui souhaite travailler aux USA après ses études sur le territoire ?
Premièrement je dirai de chercher, se bouger, montrer pourquoi on est là et ne pas lâcher.
Beaucoup trop de personnes attendent que tout leur tombe dessus, mais ça ne marche pas comme ça. Dans mon cas, j’ai mon travail au Staples Center, mais ça ne m’empêche pas de chercher à côté, et je cherche non-stop. J’ai eu des coups de mou et des mauvaises passes, parce que c’est vite pesant de chercher en vain. Mais il faut se battre et continuer d’y croire, c’est souvent comme ça qu’on fait la différence avec les Américains ! L’OPT est une super opportunité, alors saisissez la ! Comme je l’ai dit avant, ça ne garantit rien pour l’avenir mais c’est un gros plus. Si je devais rentrer après mon année je pourrais attester d’un an d’études à UCLA, de deux supers stages, et d’une année de travail à Los Angeles. Je n’aurai rien à regretter, et je pense que ça sera un gros point positif sur mon CV.
Que dire de plus ?! Juste de se lancer, de tenter. Faites-vous un réseau, rencontrez des personnes. Travailler aux Etats-Unis n’est pas chose facile mais une fois l’EAD en poche, on a déjà fait plus de la moitié du chemin !
Je te confirme Gaëlle, que dans tous les cas, ton expérience sera un très gros plus pour ta vie professionnelle !
Les étudiants qui partent faire des études à l’étranger ont beaucoup plus de chance de trouver du travail, qu’un étudiant n’ayant jamais quitté la France, ça a été prouvé suite à une étude de la Commission Européenne. Donc est-ce vraiment de la chance ?
En tout cas, un grand merci pour avoir pris le temps de répondre à toutes mes questions.
Ton témoignage apporte une grande valeur à tous les étudiants qui cherchent des solutions pour partir de France.
Qu’avez-vous pensé de l’histoire de Gaëlle ? C’est une des solutions pour partir à l’aventure américaine. Sachez qu’il est aussi possible d’exercer un stage rémunéré aux USA, avec un visa J1 !
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