Dans le Japon de l’époque Heian (aux alentours du Xème siècle), pendant une guerre civile, quatre versions très différentes d’un crime d’après autant de témoins y compris celui qui l’a perpétré et le fantôme du défunt, convoqué par un chaman : la porte de Rashô en japonais, Rashomon, est un film japonais réalisé par Akira Kurosawa en 1950, d’après la nouvelle de Ryunosuke Akutagawa.
L’histoire de Rashomon, qui a inspiré beaucoup d’autres films avec sa structure narrative propre, voit quatre protagonistes raconter sa propre version des faits d’un meurtre survenu dans une forêt. Ainsi, une même scène du « crime » se présente en quatre versions différentes après une cascade d’interprétations, de « communications » des différents niveaux de réalité.
Ceci pose le problème du témoignage d’une « scène » dans la sélection des témoins et dans la sélection par le témoin choisi des différentes perceptions, significations et valeurs qu’il a éprouvées « réellement. » D’autre part, un même « fait » physique ne devient « événement » psychique que par ses effets et répercussions dans l’esprit des acteurs et spectateurs des gestes et paroles.
Selon le souhait du réalisateur Akira Kurosawa, la musique du film composée par Fumio Hayasaka est une adaptation japonisée du Boléro de Ravel, ce qui a pour effet de renforcer le caractère cyclique, mais changeant de la narration.
Un film schizophrène brillant présenté à la Mostra de Venise en 1951, qui après ce fameux Lion d’or décerné le 10 septembre 1951, remporte à Hollywood l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.
Le film, qui obtint un véritable succès, gagna le statut de chef d’œuvre dans l’histoire du cinéma et peut être considéré comme annonciateur de la nouvelle vague française. Il permit de faire connaître d’autres cinéastes japonais, l’île s’ouvrant depuis sur les territoires européens et américains. Le terme « Rashomon » trouva même sa place en 2008 dans le prestigieux Oxford English Dictionary, pour qualifier les interprétations contradictoires d’un même événement par différentes personnes.