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Alors au faîte de sa gloire, Alberto Sordi a tourné pas moins de dix films cette année 1959. Sous son apparente tranquillité, à la terrasse d’un célèbre cafè de la piazza San Marco, se cache une certaine fébrilité…
Avec l’arrivée de la comédie à l’italienne, il a donné vie à une multitude de personnages représentant » l’Italien moyen », presque tous négatifs, pas très moraux, mais correspondant à une réalité évidente. Il les a dépeint avec une méchanceté entachée parfois d’une touche d’autosatisfaction, mais toujours pardonnée grâce à sa diction magistrale sans égal. À de nombreuses occasions, il a collaboré aussi au sujet et à la mise en scène des films dans lesquels il a joué (plus de 150) et des 19 films qu’il a dirigé lui-même.
En un demi-siècle de carrière, de la période de la guerre jusqu’à nos jours, Alberto Sordi a réussi à fournir une fidèle image de l’histoire des valeurs et des coutumes de l’italien typique, observé à travers ses bassesses, mais à la fin racheté par son grand cœur et sa capacité à rêver les yeux grand ouverts.
De 1952 à 1955 Alberto Sordi explose sur le grand écran. D’abord avec deux films réalisés par Federico Fellini, Le Cheik blanc (Lo Sceicco bianco) et Les Inutiles (Les Vitelloni), puis avec ceux réalisés par Steno (Les Gaietés de la Correctionnelle, Un Giorno in pretura, Un Americano a Roma et Piccola posta) où il crée le type d’homme lâche, profiteur, indolent et tire-au-flanc qui l’accompagne tout au long des années 1950 jusqu’au film La Grande Guerre (La Grande Guerra, 1959) de Mario Monicelli dans lequel il incarne un soldat fainéant et planqué contraint de mourir en héros.
Oreste et Giovanni se retrouvent embarqués comme soldats durant la Grande Guerre sur le front italo-autrichien. Ils interprètent les ordres à leur convenance (Giovanni tente même d’expliquer Bakounine aux autres mobilisés qu’il trouve trop respectueux de la hiérarchie), ce qui les tire souvent d’affaire. Mais, petit à petit, le tourbillon de la guerre les rattrape et leurs joyeuses aventures individuelles s’effacent sous la pluie d’obus…
Présenté à la Biennale de Venise, ce 5 septembre 1959, le film obtint le Lion d’Or.