L’Amazone, mythe parmi les fleuves du globe, fascine et impressionne par sa démesure. J’ai toujours rêvé du Brésil, et naviguer sur l’Amazone avait quelque chose d’absolument magique pour moi. Descendre le fleuve sur un hamac, pont ouvert sur l’horizon, accents brésiliens autour de nous : une expérience mythique ! Le trajet est très long, nous n’avons fait qu’une partie de l’Amazone mais les souvenirs de ces moments passés, eux restent gravés à jamais. Par ici je vous raconte notre expérience, bercés dans nos hamacs !

C’EST PAR OU ?

L’Amazone, plus grand fleuve au monde, plus grand bassin fluvial de la planète, tout n’est que démesure lorsqu’on l’aborde pour la première fois. De très nombreuses croisières existent, des très longues qui partent d’Iquitos au Pérou, jusqu’à l’embouchure à Belem. Le principal tronçon entre Manaus & Belem vous prendra plus de 4 jours de navigation. Nous avons choisi de couper la poire en faisant près de deux jours de navigation entre Manaus et Santarem, seule grande ville à mi-chemin. Mais en dehors des croisières de luxe avec cabines privées, pas facile de s’organiser autrement que sur place ! Nous avions déjà eu notre première rencontre avec le fleuve à Manaus en découvrant la ville (Mon article à ce sujet ICI), nous nous étions crus devant la mer, tellement la largeur était impressionnante. Depuis plus de 350 ans, après avoir été nommé « Amazone » par Francisco De Orellana suite à l’attaque d’une tribu de femmes guerrières, le fleuve et ses mystères continue de fasciner !

COMMENT ÇA FONCTIONNE ?

Les bateaux ne partent pas tous les jours, vous ne trouverez aucun horaire sur internet, c’est sur place qu’il va falloir vous organiser pour embarquer sur un des bateaux de transport ! En effet nous avons embarqués sur un bateau local à trois ponts, ouvert sur l’extérieur, sans cabines, afin d’entamer notre périple. Les billets sont vendus par plusieurs rabatteurs sur les quais de Manaus, nous avons payé l’équivalent d’une centaine de dollars pour deux pour le trajet sur le pont. Attention ça n’inclut bien sûr pas votre Hamac ! Ben oui vous n’allez pas dormir par terre ! On trouve de tout au marché de Manaus, on rajoute à nos frais deux grands hamacs + les cordes pour les accrocher (vendues séparément).

Alors on embarque comment ? Vous pouvez attendre sur le quai, en compagnie de vos futurs compagnons de voyage, ou vous pouvez faire comme nous, embarquer d’avance. Comment ? Bon il faut un petit bakchich quand même, après ça on vous transfère sur le bateau. On a alors le loisir d’installer nos hamacs … enfin plutôt de nous les faire installer ce serait plus juste ! Les bagages restent au centre du pont entre deux rangées de hamacs. Le bateau dispose de douches-toilettes (4), et surtout d’une fameuse buvette à l’arrière ! Ah la buvette … oui ils ne vendent pas que des « Grilled-cheese » et des biscuits … ils ont aussi deux grosses enceintes, non elles ne jouent pas le dernier Seu Jorge, mais les derniers tubes du Hit Machine local ! Si vous rêviez de contempler les rives de l’Amazone en toute sérénité c’est loupé !

Au début tu te dis … sympa on n’est pas si nombreux en fait c’est tranquille ! Attend attend …

Ben oui patate tu pensais être le seul ?! Non ? Alors voici l’embarquement principal au port de Manaus ! Là tu aimes encore plus la personne qui t’a conseillée de monter plus tôt ! Des dizaines de personnes s’engouffrent dans le bateau, et l’on voit de tout être embarqué à bord : TV, sommiers, cuvettes de toilette … un vrai bazar ! Ça se bouscule, ça monte les étages, puis à côté de nous s’installent au fur et à mesure les autres passagers. Moi qui au début n’avait que de très lointains passagers, me voilà bien collé avec un passager à droite, à gauche, en bas à gauche, en bas à droite … oui fait attention quand tu te lèves ! On va vivre en proximité avec les brésiliens pour un petit moment !

VIE À BORD

En revenant sur cette expérience, c’est réellement ce que je retiens de mieux de la navigation : le va et viens des passagers, écouter les conversations en portugais, les arrêts aux ports. On a l’impression d’être dans un de ces récits d’auteurs du 19ème siècle, qui partaient sur des petits bateaux bondés dans des contrées tropicales de par le monde, et en faisait des récits fascinants. Ici c’est un petit microcosme du pays, des indiens, des métis, c’est tout le Brésil qui est représenté.

On essaie d’entreprendre la conversation avec nos voisins, ou vont-ils, que font-ils ? Après un cours accéléré de portugais en 6 mois je n’ai que le minimum de mots pour une conversation de base, mais ce pas grave, le contact se fait c’est le plus important ! On se fait doucement au hamac aussi, on essaie de l’apprivoiser, ils sont immenses. J’ai une vision partielle du fleuve, je lis beaucoup. Je crois qu’en deux jours je suis venu à bout de 4 livres. On prend le temps de regarder les gens, d’apprécier un peu le paysage. C’est vraiment unique comme moyen de transport, en y repensant, après d’autres voyages en bateau notamment en Asie, je n’ai vécu cette expérience nulle par ailleurs qu’au Brésil.

Le fameux pont arrière ! Repaire musical et buvette centrale !

L’AMAZONE

Les charmes de l’Amazone ne sautent pas immédiatement à la figure. Nous sommes sur un bateau de passagers, pas dans une croisière sur les méandres de petits affluents au coeur de la jungle. Le fleuve est une véritable autoroute, des bateaux de transports géants font le va et viens, on croise des pétroliers, la largeur est imposante, on distingue un peu plus l’autre rive au fur et à mesure que nous avançons, on croise également de petites îles.

Mais lors de mon séjour au mois de mai des crues record se sont abattues sur la région, le fleuve était 11 mètre plus haut que la moyenne !!! Le paysage s’en trouve considérablement modifié, la plupart des arbres sortent de l’eau, et l’on croise même des habitations inondées. Chaque port ou nous stopperont sera lui aussi un peu sous les eaux, avec des pontons en bois et des sacs de sable.

Le paysage finalement sera plutôt monotone en cette première journée …

Comme pour notre expérience dans la jungle amazonienne (J’en parlerai dans une autre chronique), ce qui me fascine le plus à ces latitudes c’est la « taille du ciel », c’est dur à expliquer. L’horizon est très plat, nous sommes presque à cheval sur l’Équateur, on voit les orages se former de très loin, leur taille est immense, et les nuages jouent au lointain au dessus de l’horizon. Au soir c’est ce ciel immense qui permet d’apprécier les étoiles, comment jamais je ne les ai vues auparavant. Mais ce n’est rien à côté des coucher de soleil sur le fleuve, je vous en parle plus loin !

Si si on trouve son chemin au travers !

VIVRE LE LEVER DU JOUR

Passée la soirée sur le bateau, les enceintes ne se sont tue qu’à deux heures du matin, je n’ai finalement pas vraiment dormi dans mon hamac ! Vers 4h30, l’horizon change, la lumière tout doucement arrive, c’est pas tous les jours que l’on se lève pour apprécier le lever du soleil. Juste avant d’arriver vers notre première escale, la lueur du jour commence à pointer le bout de son nez, le ciel prend alors toutes les teintes de couleurs possible. Ça commence par du rose, du mauve, qui précéderont les teintes orangées et jaunes du soleil. C’est un des plus beaux spectacles que j’ai eu la chance d’apprécier, sur ces eaux immenses ou l’horizon n’a pas de fin, le soleil vient de très loin et prend tout son temps pour se dévoiler.

AU GRÉ DES ARRÊTS : PARINTINS

Au bout de ce lever de soleil c’est Parintins qui nous attend, premier de nos trois arrêts vers Santarem. C’est le ballet des escales qui commence, passagers sortant, rentrants, on observe tout depuis le balcon.

Les vendeurs sont en grand nombre sur les ports, proposant de tout : entre bateaux de bois souvenirs, chips, fromage … parfois ils ont le temps de monter, parfois à l’aide d’un crochet ils envoient la marchandise aux différents ponts.

Sortir du bateau, pas si aisé !

Le soleil est définitivement sorti de sa cachette, les bateaux reprennent vie sur le port, et la navigation reprend.

En cette matinée, le paysage ne change presque pas, les îlots sont submergés par l’Amazone.

JURUTI

Deuxième escale de la matinée, Juruti, un tout petit port ou de très très nombreux passagers jouent des coudes pour entrer. Des pêcheurs font du va et viens autour du bateau, les vendeurs sont aux aguets, et les bagages les plus improbables sont à nouveau montés à bord !

À nouveau la navigation reprend, le long de ce paysage homogène, peu de bateaux croisés, un immense infini d’eau et de terres submergées, un spectacle vraiment étrange.

OBIDOS

Dernière escale et pas des moindres ! Obidos est 11 mètres sous les eaux, tout le village se déplace sur des trottoirs de bois. Les pêcheurs naviguent autour du port, il fait chaud, des rapaces tournent tout autour de notre bateau.

Qu’est ce qu’on aperçoit à l’horizon : des militaires !!! Bon là ça devient plus sérieux, personne n’est autorisé à sortir, les hamacs sont accrochés au plafond de chaque pont, les bagages rassemblés au centre, et tous les passagers alignés le long des rambardes, papiers en main. Tu parles d’un accueil ! La lute contre le trafic de drogue est important dans la région, les mesures sont impressionnantes. On fouille nos bagages, vérifie nos passeports, l’inspection prendra deux heures …

Une cargaison de noix du Brésil est déchargée sur le port, les employés nous en ont jeté plusieurs tombés d’un sac, miam de quoi casser la croûte pour passer le temps !

ARRIVÉE NOCTURNE À SANTAREM

Début de soirée, un coucher de soleil dantesque se couche sur l’Amazone, dans l’horizon la forêt en silhouette se superpose au soleil. Les bagages sont rangés, on débarque, nous sommes arrivés après deux jours d’une navigation bien particulière, une expérience unique. Nous serons à Santarem pour une nuit improvisée avant de nous envoler vers Recife le lendemain.

ON Y VA ?

Prévoyez du temps si vous voulez visiter le Brésil, une croisière sur l’Amazone demande beaucoup de flexibilité ! Je vous recommande chaudement d’embarquer sur ce fleuve mythique, à bord d’un bateau pas comme les autres, en compagnie des brésiliens et au rythme des escales ! Une expérience différente des croisières, mais qui à mon sens est bien plus authentique et plus proche du fleuve et de ses habitants. Cette navigation, le hamac (au fond d’un placard à présent !), ça fait partie de mes meilleurs souvenirs de ce pays fantastique, des moments inoubliables, parmi les plus beaux de ma vie de voyageur. L’Amazone c’est toute une expérience : n’hésitez pas !