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Publié le 20 août 2015 par Pomdepin @pom2pin

Quand on a décidé naïvement il y a un an de déménager, on savait exactement ce qu’on voulait. Une plus grande maison pour caser tous nos gamins, de préférence ancienne avec un grand jardin et comme on dit dans les émissions de décoration « du potentiel. » Bref, une maison qu’on pourrait améliorer. On a bien galèré pendant des mois, j’ai frôlé la dépression nerveuse et je voue maintenant une haine féroce aux estate agents, ça a été une plaie. Mais alors qu’on ne s’y attendait plus, on a trouvé! On est ravi et donc on a décidé de ne plus attendre et d’explorer directement le fameux potentiel. Bref depuis lundi, on est envahi par les ouvriers. C’est une joie. 

  
Déjà, au niveau sonore, ce n’est que du bonheur. Un instant, je reviens, je reprends une poignée de nurofen. Je comprends tout à fait que pour abattre un mur, il faut y aller au marteau-piqueur (d’ailleurs, je voulais essayer de leur piquer discrètement pendant leur pause déjeuner, mais Marichéri m’a empêché. Je ne vois pas pourquoi je ne peux pas casser le barbecue/mausolée soviétique dans le jardin toute seule!). Les bruits de scie sauteuse, de marteau électrique et tout ça, je veux bien aussi. Mais leur radio à fond, c’est nécessaire? Surtout maintenant qu’il n’y a plus de mur, et qu’on peut leur faire coucou par le trou. C’est charmant, on s’attable gentiment, encore en pyjama, pour son café du matin, et on voit passer un espèce de troll hystérique en veste réfléchissante avec un casque style champignon en plastique sur le sommet du crâne, hello, on a décidé d’arriver en avance, on ne vous gêne pas? Du tout, j’adore être à en vieux pyjama pendouillant, la choucroute explosée au dessus de l’oreille droite, des yeux de panda non démaquillés dégoulinants jusque sous le menton, devant des inconnus, dans ma cuisine de bon matin. Et le café sans poussière de plâtre dedans, c’est fade, c’est bien connu. Tout comme gangnam style avant la douche, ça rend psychopathe met de bonne humeur pour la journée! 

En plus, ils chantent. C’est une joie. D’ailleurs j’attaque mon troisième paquet de nurofen de la journée. Et ils battent la mesure à coup de marteau. Alors bon, je dis souvent que je ne suis pas musicale et que je chante comme une scie asthmatique, et bien c’est faux. J’ai désormais la preuve irréfutable qu’une scie chante beaucoup plus mal que moi, et il faut le faire. Ou pas. Vous rajoutez les cris Toddler 5 qui a eu très peur les deux premiers jours mais qui veut aller aider maintenant, et fait des caprices à faire passer les hurlement du marteau-piqueur pour le doux murmure d’un ruisseau champêtre et c’est carrément festif. Sans compter la chatte qui a peur et pète comme une folle, c’est irrespirable. Et l’autre chatte, qui déteste quand on déplace un coussin, alors forcément un mur en brique, ça la  stresse. Je rappelle qu’elle est incontinente quand elle est stressée…

Il y a aussi le côté visuel. En plus de voir passer devant la fenêtre une bétonnière qui roule toute seule quand on s’y attend le moins (c’est bête, ce mug était joli. Forcément, même en le recollant, il va fuir, ce sera moins pratique…), il y a de la poussière partout. Et le trou béant devant la porte (non seulement c’est moche, mais c’est dangereux, on a failli y perdre le facteur) qu’ils ont creusé pour vérifier la profondeur des fondations n’est pas une réussite esthétiquement parlant. Il fallait être sûr que les fondations faisaient bien un mètre. Ben, vous avez un mètre cinqaunte, là, pourquoi vous continuez à creuser? Parce qu’on a pas atteint la fin pour mesurer. Bon. Ne les contrarions pas, ils ne voudront pas me prêter leur marteau-piqueur après. On a des tas de sables partout, des monceaux d’isolant dans le jardin, des outils bizarres qui traînent sur la terrasse…

Mais plus les ouvriers arrivent tôt, plus ils partent vite. Alors que j’arrive au bout de mon stock de nurofen, ils s’en vont à l’heure du goûter. C’est beau le silence quand même. On peut alors se précipiter au milieu du chantier pour aller admirer l’avancée des choses et ce dire que ce sera bien quand ce sera fini. Le plus vite possible.