Débarquer sur l’île de Kassos, c’est prendre conscience du temps qui passe, absorber la tranquillité du lieu et se perdre dans le bleu omniprésent. Une expérience étrange et inoubliable.
Deux semaines déjà que nous avons posé nos valises sur l’île voisine de Karpathos. Deux semaines où nous tentons d’assimiler toutes nos aventures des derniers mois et commençons à envisager la suite. Je n’ai pas encore le goût de vous parler de cette île magnifique qui nous fait tellement bien. Je la garde encore un peu un chaud, rien que pour nous. À mi-parcours de notre séjour à Karpathos, nous avons eu envie de prendre un bateau pour découvrir la petite île de Kassos (Κάσος en grec), qui se trouve au sud-est et que l’on aperçoit lors de nos balades le long de la côte. Une fois par semaine, un bateau fait l’aller-retour en 1h30 ( départ le matin, retour en fin de journée).
Quand on arrive près des côtes, on est frappés par son aspect minéral : pas un arbre, aucune végétation, pas de maisons… On se dit que l’agriculture ne doit pas être au top! Y a t-il des animaux? Et des habitants? On ne sait rien sur Kassos et on commence à se demander pourquoi on est venus sur ce gros caillou. Le bateau ne repart qu’à 17h!
Et puis, en longeant la côte, des maisons blanches apparaissent, d’abord disséminées puis regroupées en un village. Nous arrivons au port de Fry.
On retrouve avec soulagement le charme des villages grecs : les maisons blanches et bleues, quelques cafés, les barques colorées et l’église au centre.
On commence à arpenter les ruelles toutes blanches et tellement tranquilles. Tout semble avoir été posé là pour être photographié. Images de cartes postales… Moi, qui avais délaissé l’appareil depuis des mois, me voilà prise d’une envie irrésistible d’immortaliser tout ce que je vois.
Benoit, lui, est plusieurs mètres devant, tel un explorateur sur une nouvelle terre. Pas de moyen de transport pour les visiteurs à Kassos! Pas de vélo ni de scooter. L’énergie de ses jambes! Aller jusqu’au village sur la colline est peut-être un peu trop ambitieux pour des explorateurs qui ont oublié de prendre de l’eau! On décide de rechercher une plage, de se baigner et d’acheter de l’eau. On fait une grande boucle à l’extérieur du village, le temps de découvrir de jolies maisons, un panorama désert et même un aérodrome! Pas de plage à l’horizon! Pas d’eau! On repart en direction du village! On n’a pas l’intention de mourir de soif à Kassos! Une vieille dame surgie de nulle part nous lance un « kalimera » qui nous fait du bien! Nous ne sommes pas seuls!
On s’arrête dans le petit bar au dessus de port que nous avions remarqué à notre arrivée.
vous voyez la terrasse au milieu?
Quelques hommes aux cheveux blancs discutent avec entrain autour d’un café sur la mini-terrasse. Nous, on se désaltère en admirant le panorama : le port endormi, le groupe de canards qui y a élu domicile …
… et à notre gauche une scène en train de se monter, avec la mer en toile de fond. Un concert se prépare et crée une petite animation. Nous, on reste là, avec la conversation de nos voisins en fond sonore. On aimerait comprendre. On imagine ce qui les anime. Le temps passe…
Et puis, il est midi. Nos estomacs de matinaux se rappellent à nous. Allons déjeuner! Sur le port, tout le monde boit des cafés. Personne ne mange. Un peu plus loin, une grande terrasse nous accueille avec ses fumets irrésistibles. On est au paradis: crevettes, poulpes cuisinés au vin, beignets de courgettes…. Là encore, on prend le temps… Pas vraiment de contemplation mais un besoin d’échafauder des plans pour l’avenir : on énumère les possibles, on imagine, on en rit, on s’inquiète, on se rassure… Le temps passe…
Et si on allait se baigner? On part dans la direction inverse du matin, vers la sortie du village. On se retrouve derrière une famille grecque qui semble équipée pour la plage. On emboîte leurs pas, sur cette côte magnifique. Le vieux moulin, la mer bleue, le ciel bleu…
Et au détour d’un virage, on aperçoit une plage! C’est là que tout le monde se retrouve. Le petit restaurant est plein. La plage et la mer sont le terrain de jeu des familles.
Que des locaux! On s’exclame en grec dans tous les sens! On va se baigner dans ce bras de mer abrité, probablement un ancien port. Une vraie piscine. Du sable fin sous nos pieds. Les montagnes au-dessus de nous. Une chapelle qui domine. Le temps passe…
Il faut penser à repartir. On se dirige vers le village. Dans une ruelle, on saisit les mots d’une vieille dame à un couple italien « Vous repartez? J’espère que vous avez aimé Kassos! » Le tout en anglais! Épatant!
Petite pause sur une terrasse. Le café est fermé mais nous sommes une quinzaine de personnes à la recherche d’un peu d’ombre. Immobiles et silencieux, nous observons le ballet des tables et des chaises qu’on achemine sur le port. Le concert du soir semble mobiliser tout le village. On aperçoit un piano droit en voyage vers la scène. On entend un violon sur la terrasse de notre bar du matin. Le temps passe…
Cette fois, on doit partir! Le concert dans ce cadre magique aura lieu sans nous! On s’installe dans le bateau. Le sommeil me prend. Alors que cette journée a été la plus calme depuis bien longtemps -et sûrement pour cette raison- je me laisse choir sur l´épaule de Benoit.
Quand je me réveille, on arrive au port de Karpathos. La fin de journée est sublime comme toujours… J’ai l’impression de me diluer dans toute cette beauté… Ah la Grèce! Je croyais te connaître! Tu me plaisais déjà, mais aujourd’hui, tu me charmes à chaque instant et souvent tu as l’audace de m’envoûter…
Il va falloir que je vous parle de Karpathos, que je vous dévoile un peu de ses beautés encore secrètes, que je la partage un peu… Ce sera sûrement le prochain billet…
Le temps passe…