Il y a longtemps que je ne m’étais pas penchée sur notre journal local, l’extraordinaire Gazette. C’est toujours absolument fascinant, et en plus ça se vend! C’est même en ligne, on est moderne dans l’Essex. Il ne faudrait pas non plus louper les infos capitales qui s’y trouvent. La vie locale est trépidante.
Déjà, j’ai appris avec effroi que la criminalité est en explosion constante (boum!) dans mon coin paumé. Figurez-vous qu’un bateau de pêche (une petite barque toute pourrie) a été incendiée, probablement par des terroristes. Je ne vois que ça. Ces gens là ne reculent devant aucune bassesse, c’est bien connu. D’ailleurs les barques pourries sur la rivière Colne sont sûrement un objectif stratégique majeur… Et ça ne s’arrête pas là, un cycliste a été victime d’un accident de la route inimaginable…enfin, on dit accident pour être poli, mais il y a de forte chance qu’un poteau se soit sauvagement jeté sur le malheureux cycliste. Un poteau, à trois heure du mat, c’est hargneux…quelqu’un a pensé à vérifier le taux d’alcoolémie du poteau? Que fait la police? Il s’en passe des choses hallucinantes quand même! Surtout qu’il s’agit visiblement d’une rébellion massive des poteaux, puisque un autre n’a pas hésité, en plein jour en plus à foncer directement dans une voiture innocente qui passait par là …on a des poteaux mutants et teigneux à Colchester. Heureusement, il n’y a pas eu de dégât, sauf pour les poteaux. Bien fait pour eux. Si ça se trouve, c’est une milice de poteaux qui a incendié la barque?
C’est la barque. On frémit devant un spectacle aussi terrible..
Sinon…ben, c’est les vacances, même un journal aussi engagé que la gazette privilégie les infos light. Il faut bien se remettre un peu les horreurs effroyables d’au dessus. Donc, on apprend qu’ils vont éditer un calendrier « my Dad is in the army » avec vous allez rire, des enfants ayant un papa militaire. Pour ceux qui ont une maman militaire, tant pis pour eux, ce n’est pas problème de la gazette. Les lecteurs peuvent envoyer des photos mais il faut qu’elles soient mignonnes. C’est sûr. Après, c’est un question de goût… Un nourrisson endormi sur un casque de l’armée , personnellement je ne trouve pas ça mignon. Ça me provoque plutôt des frissons d’horreur mais bon, d’après la gazette c’est cute.
Gazette
Mais l’info qui m’a littéralement subjuguée, c’est que n’importe qui peut demander à devenir Freeman of the borough (homme libre du district?)… Ahaha, qu’est-ce que c’est encore que ce truc? Déjà, le titre de l’article est trompeur. C’est ça aussi la presse locale. On fait des gros titres pour appâter le lecteur naïf…enfin bref, on ne peut faire la demande que si on descend d’un freeburguess, titre créé en 1189. Je ne suis pas plus avancée. La date limite de dépôt des candidatures est le 19 septembre. Si comme moi la majorité des gens n’a strictement aucune idée de ce que c’est qu’un freeburguess, et doit faire sa généalogie jusqu’au douzième siècle, ça fait un peu juste…il est mal conçu cet article, je suis sûre qu’il faudrait développer. Apparemment, un freeburguess est une spécialité locale mais ce n’est pas gastronomique. Il n’y avait pas des freeburguesses partout, au douzième siècle, ça n’a rien à voir avec les McDonald qui envahissent le moindre coin de campagne. En 1189, Richard cœur de lion (ou un de ses fonctionnaires, puisque que je rappelle que le brave Richard n’a pour ainsi dire jamais fichu les pieds en Anglerre et se souciait des anglais comme de sa première chemise de croisé.) autorise la ville de Colchester à s’autogerer toute seule comme grande, sans officier royal pour l’embêter. On crée une assemblée de notables locaux, les freeburguesses donc choisis parmi les ébénistes, les couvreurs ou les fabriquants de cercueil, mais pas les cuisiniers de hamburger. C’est raté pour Bob l’éponge, mais je sens que je m’éloigne du sujet. Aujourd’hui, les freeburguesses ne servent plus à rien, mais ils ont droit à une cérémonie à la mairie, un petit diplôme et une médaille qui vaudrait £6 d’après ce que j’ai vu sur le site de l’un d’eux. C’est fascinant.
Source
Je ne comprends pas pourquoi la gazette n’a pas développé l’histoire des freeburguesses lieu de faire un article sur la cour d’un pub qui a été redécorée par des jardiniers télévisuels (de la BBC). Ils ont mis trois pots avec des fleurs exotiques. Colchester, terre de contraste, où les descendants de croque-morts du douzième siècle se promènent en tenture à pompon au milieu de fleurs exotiques…