Dans notre voyage de Istanbul à Karpathos, nous avons déjà fait étape à Bodrum puis Kos. Nous voici ensuite sur l’île de Rhodes. Nous avons passé une journée et une nuit dans la cité fortifiée de la ville de Rhodes. Juste le temps de se perdre dans les vieilles ruelles pavées, de rechercher le colosse sur le port et d’arpenter les couloirs du château sur les traces des chevaliers de Saint-Jean.
Retrouver Rhodes et se rappeler une anecdote de voyage
Il y a 8 ans, nous avions passé des vacances à Rhodes. Nous avions fait le tour de l’île. On s’était arrêtés dans la ville de Rhodes même, qui se situe tout au Nord de l’île, mais aussi à Lindos. Nous en gardons un excellent souvenir. Une de nos anecdotes de voyage préférées se situe d’ailleurs à Lindos. Comme nous n’étions pas encore arrivés à l’ère du numérique, je n’ai pas de photo personnelle à vous montrer mais j’emprunte à Wikimedia pour vous planter le décor: Je ne résiste pas, il faut que je vous raconte l’anecdote: Nous venons de découvrir cette ville qui nous plaît beaucoup et nous décidons d’y passer la nuit. Evidemment, le lieu est très touristique et trouver une chambre d’hôtel, en fin de journée, n’est pas si simple. On monte et remonte les innombrables marches pavées, pas très optimistes. Les hôtels auxquels je m’adresse sont complets. Et puis, il y en a un qui semble très beau, trop beau. On hésite. On se dit qu’on ne perd rien à essayer. Je rentre seule car Benoit me pousse à pratiquer mon anglais que j’ai enfoui au fin fond de ma mémoire depuis des années. C’est moi qui suis chargée de communiquer dans les hôtels! Euréka! Ils ont une chambre libre! je demande le prix : 150 euros! Aïe! Je ressors, j’en parle à Benoit. C’est cher mais le lieu est magnifique, avec une vue sur la mer! Et surtout, on ne veut pas quitter Lindos tout de suite. On accepte la chambre et on entre dans un lieu vraiment sublime. Il s’agit d’une suite avec une terrasse immense. La vue est époustouflante. Toute la chambre a une décoration raffinée. Le doute me prend: 150 euros, ce n’est pas cher pour un tel luxe! Je ne dis rien à Benoit, bien heureuse de dormir dans ce petit palais. On y est si bien qu’on reste 2 nuits. Au moment de partir, nous allons ensemble régler la note et on manque de s’étouffer en entendant » seven hundreds ». Oui 700 euros les deux nuits!!! J’avais juste confondu 150 et 350 euros!!! Ils avaient dû mal prononcer! ;-) Benoit était effaré et moi assez piteuse! Cette petite erreur a fait fondre instantanément notre budget vacances mais avec le recul, cet endroit a été un de nos meilleurs souvenirs d’hôtel! Et si j’avais compris le tarif, on n’aurait jamais fait cette expérience! Une petite folie dont on aime se rappeler!
Lors de notre retour cette fois, nous avons assuré le coup et réservé un hôtel très simple et pas cher le plus près possible du port. Ce n’est qu’une courte escale et on ne va pas jouer aux nababs cette fois! Dès la sortie du ferry, nous retrouvons les impressionnantes murailles de la vieille ville. La foule des touristes est impressionnante. Les jolies rues pavées à l’ancienne avec plein de galets ( on les appelle les langues de chat, je crois) sont vraiment charmantes mais quand on doit traîner une valise, on se prend vite à les maudire! Benoit va même terminer en portant tous les bagages pendant que je cherche notre hôtel avec le GPS de ma tablette. Oui, c’est un labyrinthe! Je suis très performante dans mes indications et nous arrivons : Hôtel « Knights of the old town » ( Les chevaliers de la vieille ville). Reste juste à monter les valises au deuxième étage, sans ascenseur évidemment! On est dans un bâtiment qui a 3 siècles!
Nous repartons à la recherche d’un petit resto sympa en dehors des rues touristiques. On tombe par hasard sur une petite place : quelques tables et une ambiance qui nous inspire. On se régale de gyros, servis par des gens vraiment adorables! Qu’est ce qu’on est bien! Vous savez, cette impression d´être « comme à la maison »!?
Le lendemain, on se lève tôt. La ville dort. Les touristes ne sont pas matinaux!
On a les vieilles ruelles juste pour nous! Et quand je dis « vieilles », c’est vraiment très vieilles!
Rhodes ou toute l’histoire de l’humanité
En m’intéressant à l’histoire de Rhodes, j’ai eu l’impression de lire toute l’histoire des civilisations! Assez complexe pour moi qui ai de grosses lacunes en histoire (c’est pas bien de sécher les cours!!!). Tout commence dès la préhistoire! Imaginez! Rassurez-vous, je ne vous ferai pas le topo complet!
Un petit point mythologie! Ben oui, en Grèce, les Dieux ne sont jamais loin! Rhodes est l’île du Dieu Helios, le Dieu du soleil. Au moment du grand partage des îles, Helios avait été oublié par Zeus. Il a alors demandé à avoir la prochaine île qui apparaîtrait. Quand l’île émergea de la mer Egée, il fut ravi et la gratifia de ses magnifiques rayons. Elle s’appelera Rhodes du nom de son épouse.
Dans le passé plus « récent » de l’île, on croise les Byzantins, les Chevaliers de St Jean, les Ottomans, les fascistes italiens, les Grecs… Ce sont des histoires interminables de sièges et de conquêtes. Des histoires de destructions et reconstructions, par la folie guerrière des hommes mais aussi la colère de la terre : des séismes ont fait des dégâts à plusieurs reprises. Cette île a une histoire bien mouvementée! Quand on arpente les rues, on foule les pas de tous ces peuples successifs.
L’architecture témoigne de cette histoire. Les bâtiments religieux d’abord : on retrouve des églises orthodoxes mais aussi des mosquées et des synagogues. On doit les mosquées à l’occupation ottomane. On retrouve Soliman le Magnifique ( dont je parlais à Istanbul). Après un siège de 5 mois, il a conquis la ville en 1522.
mosquée Soliman le Magnifique
Rhodes a été la terre d’accueil des juifs rejetés d’Espagne au XVI° et XVII° siècles. La population de l’île a même été juive pour un tiers à un moment donné. Des migrations ont eu lieu ensuite. En 1944, les allemands occupent Rhodes et les juifs restants sur l’île furent déportés vers les camps de concentration. Un musée leur est consacré dans la vieille ville à côté de la synagogue.
L’histoire de la ville nous apparaît de la manière la plus magistrale par les murailles et le château. On a décidé de visiter le château appelé « le Palais des Grands Maîtres », ce qu’on n’avait pas fait lors de notre premier séjour. Maintenant, on est devenus beaucoup plus « culturels »!!! ;-)
Le Palais des Grands Maîtres
Ce château a été construit sur le point le plus haut de la cité médiévale. Il domine la ville et le port.
À l’origine, c’était une forteresse byzantine ( fin VII° siècle) qui a été modifiée par l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem au début du XIV° siècle. Si comme moi, vous ne connaissiez pas ces chevaliers, sachez que c’était, d’après ce que j’ai lu, des « catholiques hospitaliers et militaires ». Oui, ça parait bizarre comme ça, mais bon…! C’étaient pas des rigolos quand même, puisque cet Ordre a été le plus puissant de la chrétienté lorsqu’ils ont récupéré les biens des Templiers. Après leur expulsion de Rhodes par les Ottomans, ils ont bien prospéré à Malte jusqu’à ce que Bonaparte les virent en 1798 au nom de la République Française!
Le château, propriété de l’Ordre, était la demeure du Grand Maître et le centre administratif. C’est un château-fort avec une immense cour centrale, avec juste quelques statues. Les pièces intéressantes se trouvent au premier étage où on accède par un escalier monumental.
Ensuite, on découvre les pièces officielles ainsi que les quartiers privés du Grand Maître. Des pièces immenses en surface et en hauteur. L’ambiance est assez austère et impressionnante.
Les sols sont couverts de mosaïques. On trouve quelques statues mais globalement peu d’objets décoratifs. C’est plus un château-fort qu’un palais! On sent toute la virilité des chevaliers et beaucoup moins leur sens esthétique!
On est les seuls à visiter le lieu. Juste quelques gardiens et nous, sur les traces des chevaliers.
Depuis une fenêtre, on peut apercevoir une vue de la ville.
Le rez de chaussée est occupé par deux expositions permanentes qui reprennent les 2400 ans d’histoire de la ville de Rhodes. Beaucoup de pièces archéologiques…
À notre sortie du château, on constate que les visiteurs sont de retour. Les alentours sont assez majestueux. Tout semble parfaitement restauré.
Déambulation dans la cité médiévale
Notre journée continue avec une exploration des ruelles un peu désertées de la vieille ville, loin des restaurants et boutiques de souvenirs. Les rues ne sont pas toujours clinquantes mais elles sont bourrées de charme. Le temps semble s’être arrêté. Quelques vieilles personnes assises sur des chaises qui répondent en souriant à nos « Kalimera » ( bonjour) enthousiastes, d’autres qui tentent la grande aventure de la marche sur les langues de chat, avec une canne. On se parle en chuchotant de peur de déranger ces lieux si calmes.
Après avoir emprunté presque toutes les ruelles de la cité, parfois, en longeant la muraille, on finit par retrouver la petite place qui avait charmé Benoit lors de notre premier séjour. Toujours là et en rénovation.
Devant une pension promettant une vue magnifique sur la ville, on se laisse tenter.
On grimpe sur le toit et effectivement le point de vue est « beautiful »! On voit bien le château.
Et tous les toits de la cité médiévale:
Notre balade nous conduit vers le coeur de la vieille ville et de son animation, juste le temps de prendre LA photo devant la fontaine! Le must visiblement! Bon, je sais, en termes de pose sexy, j’ai un peu de progrès à faire! ;-)
Une touriste à Rhodes
On longe les murailles qui sont encore assez bien conservées depuis l’époque des chevaliers. Hautes de 8-10 mètres, elles sont vraiment un atout charme de la ville.
C’est assez magique d’y flâner et d’apercevoir au détour d’une ouverture, la mer et son bleu intense. Moi, j’y serais bien restée des heures à peindre!
Comme je ne sais pas peindre :-( , on s’est finalement dirigés vers le port!
Le port de Mandraki
Ce lieu est probablement un port depuis l’Antiquité! À l’entrée du port, deux colonnes sont surmontées d’une biche et d’une cerf, les emblèmes de la ville.
La légende ( non confirmée par les historiens) dit que c’est à l’emplacement des colonnes que reposaient les pieds du fameux colosse de Rhodes, une des sept merveilles du monde. Cette statue de bronze de 33 mètres représentait Helios et aurait servi à la fois de symbole de puissance et de phare. Construite en 292 av. J.-C., elle aurait été détruite par un séisme quelques décennies plus tard. Il n’en reste plus de traces aujourd’hui! Le cerf et la biche paraissent bien frêles à côté du colosse!
Sur le port, du côté de la biche se trouve le fort Saint-Nicolas et tout près, 3 anciens moulins à vent ( il y en avait 13 à l’origine).
Comme vous le voyez sur les photos, le port de Mandraki est aujourd’hui une marina, une des plus belles qu’il nous ait été donné de voir grâce à son cadre hors du commun! Des bateaux de plaisance mais aussi des bateaux d’excursion et des bateaux-boutiques qui vendent de l’artisanat local : éponges, coquillages…
Les bâtiments sur le port sont de toute beauté. Ils paraissent rénovés en comparaison de notre visite précédente.
Un peu plus loin se trouve une plage qui n’est pas vraiment sexy mais où les gens s’entassent. On est en plein été, la saison bat son plein. Le plongeoir nous a bien fait rire!
Nous avons ensuite continué la balade en direction de la ville moderne. On a traversé un ancien bazar qui a toujours sa vocation commerciale mais plus classique : restaurants et magasins de souvenirs.
Après avoir arpenté pas mal de rues de la ville moderne sous une chaleur écrasante, on a rendu les armes! On n’est pas aussi courageux que les chevaliers! On s’est jetés sur une crêperie qui nous faisait de l’œil. Oui, je sais, c’est pas très grec! Mais pour nous, les crêpes, c’est super exotique! On s’est régalés à un tel point que je sens encore dans ma bouche le goût des crêpes. La serveuse adorable nous a donné quelques cours de grec et on a réalisé que cette langue n’allait pas être facile à apprendre. Oui, on a dans l’idée de parler grec, vu qu’on va y rester les trois prochains mois!
Notre prochaine destination (vous l’avez compris maintenant!) est Karpathos. Un ferry part de Rhodes à 20h et arrive à 2h30 sur la petite île! Pratique, d’arriver en pleine nuit, non? On vous raconte la suite très vite!