Je ne sais plus. Je ne saurais dire à quelle occasion je l’ai rencontrée la première fois. Mais je me souviens de cette journée d’août 2012. Il y a 3 ans presque jour pour jour. C’était à Reykjavik. Il faisait si beau. L’une de ces rares journées d’été durant laquelle on se demande comment le vent, la neige et l’humidité peuvent exister sur l’île. L’un de ces moments précieux et inoubliable parce qu’inattendu qui confère à la vie sa magie. Nous quittions l’Islande et la maison du 101 que nous avaient prêtée Thorunn (sa soeur) et Olivier pendant 5 ans. Solveig et moi étions entrés dans la vaste et silencieuse demeure pour y récupérer quelques affaires. Dans les pièces vides que nous traversions pour la dernière fois, tels les clones sombres des choses alentours, les ombres géométriques laissaient leurs douces empreintes sur les sols, les portes et les murs que la puissante lumière solaire avait envahie. Nous passions en silence d’un espace à l’autre comme on visite les salles successives d’un musée. Images troubles, bonheurs éphémères, rires, cris aussi, en guise de toiles. Nous nous taisions, seuls le bruit de nos pas, quelques chants ailés extérieurs et parfois le vrombissement d’une automobile passant dans la rue étroite venaient rompre ce silence dont nous n’étions aucunement gêné. Je m’étais dit que j’avais « viré » islandais tant il est ici admis que l’absence de paroles est largement préférable à la profusion de fadaises.
En la raccompagnant, elle m’avait demandé si je garderais un bon souvenir de mon long séjour en Islande. Je ne me souviens pas de ma réponse. Mais je crois que c’est ce jour-là que l’envie de créer ce site me vînt et qu’elle acceptât d’en devenir la marraine quelques mois plus tard.
Solveig a rejoint la terre des elfes la nuit dernière. Restent une vingtaine de documentaires, de courts et de longs métrages, méconnus pour certains, dont les médias feront l’apologie dans les jours et les semaines à venir. Reste un cinéma poétique et vraiment différent. Reste l’image d’une femme combative et courageuse.
Restent surtout des personnes qui l’aimaient. Ces quelques lignes sont pour Clara, Thorunn et Olivier, Hogna et Delphine que j’embrasse tendrement et à qui je pense à cet instant.