Après l’Asie qui nous a tellement émerveillés, il nous fallait une ville aussi spéciale qu’Istanbul pour accompagner notre retour en Europe. Cette ville qui a un pied sur chacun des deux continents est une ville de légende. Byzance, Constantinople… C’est toute l’histoire du monde que l’on évoque par ses différents noms. Quand on aime l’histoire et l’architecture, on ne peut qu’être conquis par une ville qui a été le théâtre du faste byzantin et de la grandeur ottomane.
Nos premières images vues de la terrasse de notre hôtel ont planté le décor : le Bosphore, de belles mosquées qui émergent de toutes parts…
Nous avons commencé notre découverte d’Istanbul par Sultanahmet et la Cité historique qui sont l’objet de ce billet. Le second billet relatera nos belles découvertes au-delà de ce quartier.
Pour bien comprendre Istanbul, un petit rappel géographique et historique s’impose.
Istanbul : un petit rappel sur la carte
Istanbul est une ville unique par sa localisation à cheval sur 2 continents. Le Bosphore sépare la rive asiatique de la rive européenne. Du côté européen, la ville est séparée également en deux, avec des quartiers modernes et des quartiers plus traditionnels. Sultanahmet se trouve dans ce cœur historique de la ville en forme de péninsule.
Istanbul et son histoire millénaire
La ville fondée vers 657 av. J.-C. par le Grec Byzas s’appelle d’abord Byzance et elle est intégrée à l’Empire Romain en 64 av. J.-C. L’empereur Constantin lui donne le nom de Constantinople en 330. Elle devient la capitale de l’Empire byzantin qui s’étend jusqu’en Afrique et aux confins de l’Inde.
Dès le VI° siècle et pendant 5 siècles, l’Empire byzantin et la cité connaissent un rayonnement économique, intellectuel, artistique et religieux. Le christianisme est la religion officielle. La ville compte de nombreux palais et églises.
En 1453, les Ottomans s’emparent de la ville. La chute de Constantinople marque la fin de l’Empire romain d’Orient. La ville est rebaptisée Istanbul par les sultans (mais le nom de Constantinople reste d’usage jusqu’en 1936). Istanbul la Musulmane devient la plus prestigieuse ville du monde et la capitale de l’empire Ottoman. L’apogée de ce rayonnement aura lieu pendant le règne de Soliman le Magnifique ( 1520-1566). Mécène et amoureux des arts, il a beaucoup contribué à sa splendeur. Istanbul est alors une ville très cosmopolite avec une grande tolérance religieuse.
Ces quelques éléments historiques sont fondamentaux pour comprendre les visites de principaux monuments de la ville et de Sultanahmet en particulier.
Sultanahmet et la cité historique
C’est là que se concentrent les principales attractions touristiques d’Istanbul, c’est à dire la plupart des monuments historiques. C’est là que nous logions à deux pas de ce qui est l’espace le plus impressionnant du quartier : Sainte-Sophie et la Mosquée Bleue qui se font face.
Entre les deux se trouve un jardin et sur un côté de la mosquée bleue, une immense esplanade: l’ancien hippodrome romain. L’ensemble du site dégage une magie incroyable. Au détour d’une ruelle, déboucher le matin tôt sur l’hippodrome nous a laissés bouche bée! On s’est sentis au cœur du prestige de la ville. Il y a ces deux monuments, de magnifiques réalisations architecturales, qui a eux seuls font le spectacle mais aussi les bâtiments autour de l’hippodrome, les arbres fleuris, les obélisques, les vendeurs de bagels turcs …
Le matin, vers 8h, on ne trouve en général qu’un groupe accompagné d’un guide et quelques badauds. Petit à petit, la foule arrive… Beaucoup de familles du Moyen -Orient, des Français aussi. Chacun des monuments de Sultanahmet attire beaucoup de visiteurs et les files d’attente peuvent être impressionnantes.
Sainte-Sophie
Nous avons visité Sainte-Sophie à son ouverture. La basilique date du VI° siècle. Elle a été le plus grand sanctuaire du monde chrétien ( après saint-Pierre de Rome).
L’intérieur est très sombre. On a été impressionnés par la coupole, sa hauteur (56 mètres) mais aussi son diamètre ( 30 mètres). Lors de la visite, on a eu en permanence la tête tournée vers le haut. Les murs et les colonnes tout en marbre sont très bien conservés. Le marbre se donne à voir dans toutes ses nuances de couleurs.
En montant par une rampe interminable dans une espèce de tunnel, on arrive au niveau des balcons qui offre une nouvelle vue d’ensemble. Des fenêtres ouvertes laisse entrevoir les toits du quartier. Joli voisinage!
Plus sérieusement Sainte-Sophie, qui est aujourd’hui un musée, est considérée comme un prodige d’architecture qui influencera ensuite les constructions ottomanes.
La mosquée bleue
Ce bâtiment impressionnant témoigne d’une époque bien différente : le début du XVII° siècle. On dit de cette mosquée que c’est la dernière grande construction impériale et l’ultime témoignage d’un empire déclinant. La mosquée bleue rivalise avec Sainte-Sophie par ses dimensions et son allure. On dirait deux soeurs.
La mosquée bleue a six minarets (dont un est en reconstruction). Cela a posé un problème au moment de sa construction car elle entrait en rivalité avec la grande mosquée de la Mecque qui en avait six également. Cette dernière a alors été dotée d’un septième minaret. La mosquée bleue est toujours en activité et se visite en dehors des heures de prière. La cour de la mosquée est en permanence remplie de monde en attente de rentrer ou simplement en train de se reposer à l’ombre. C’est un espace qui dégage beaucoup de grandeur.
Les visiteurs étant très nombreux, nous sommes revenus plusieurs fois avant de nous résigner à faire la queue en fin de journée.
Pour entrer à l’intérieur, les femmes doivent être couvertes ( jambes, bras et tête) et les hommes doivent porter un pantalon. À l’entrée, la tenue est vérifiée d’un regard rapide de haut en bas et des tenues adaptées sont prêtées. Ce qui est frappant à Istanbul, c’est qu’il y a des visiteuses avec toutes sortes de tenues : du mini-short et top ultra-sexy au niqab noir qui ne laisse entrevoir que les yeux! Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas été confrontés à une telle diversité et à de tels extrêmes!
Une fois entrés dans la mosquée, l’air emprunté avec nos chaussures dans un sac plastique, nous étions impatients de découvrir l’objet de tant d’attentions et je dois dire que nous n’avons pas été vraiment subjugués. Il est vrai que c’est une grande mosquée avec une immense coupole, des vitraux et de belles mosaïques mais la magie n’a pas opéré. Est-ce du fait de la longue attente, de la foule ou de l’odeur très forte des pieds (!)? Toujours est-il que nous y sommes restés très peu de temps.
Une autre mosquée a remporté tous nos suffrages!
La mosquée de Soliman le magnifique
Elle se situe dans le quartier des universités où il est très agréable de se promener.
La mosquée été réalisée par Sinan, architecte en chef à la Cour pendant la période la plus glorieuse de l’Empire ottoman. Sinan a marqué Istanbul par de très nombreuses œuvres, au XVI° siècle. Surnommé le Michel-Ange Ottoman, il était considéré comme l’un des meilleurs architectes du monde par le Corbusier. La mosquée de Soliman serait une des œuvres de sa période d’apprentissage! Il voulait construire un équivalent ottoman de Sainte-Sophie. Les salles de prière de 72 mètres et les coupoles sont équivalentes.
Arrivés sur le site à son ouverture, nous étions presque seuls et l’environnement était vraiment paisible. La mosquée est sur une colline et un jardin permet d’admirer une vue de la ville. C’est un lieu qui donne envie de faire une halte avant d’entrer.
Ensuite, une cour majestueuse :
Sur les immenses candélabres placés très bas se trouvent des oeufs d’autruche! Il parait qu’ils étaient truffés de plantes et d’épices pour éloigner les araignées!
Nous avons pris notre temps pour cette visite et on est restés bouche bée devant ce trésor architectural.
Le quartier de Sultanahmet n’est pas avare en la matière. Un autre site nous a vraiment impressionnés.
Le palais de Topkapi
Ce serait le musée le plus visité de Turquie avec plus de 1 500 000 visiteurs par an. On veut bien le croire! La foule se presse dès l’ouverture. Il s’agit d’un vaste domaine de 700 000 m2 soit deux fois le territoire du Vatican. À seulement quelques pas de Sainte-Sophie, il suffit de suivre la foule pour se retrouver devant une place avec 2 « kiosques » richement décorés.
L’arrivée dans le domaine par une grande allée puis des jardins nous emmènent tout de suite dans le faste d’antan.
Ensuite, on se retrouve face à de nombreux bâtiments. Malgré les plans, il est assez difficile de savoir par quoi commencer. La foule se presse pour admirer des salles d’exposition de bijoux, d’armes ou bien de reliques religieuses précieuses. Certaines salles étaient richement décorées mais tenter de voir les expositions, coincés en file indienne, nous a rapidement lassés. Toutes ces dames plus intéressées par la pose photo que par les lieux….. Grrr…
En revanche, nous avons beaucoup aimé déambuler entre les bâtiments, au milieu des arbres.
Le site offre aussi plusieurs points de vue magnifiques sur la ville et sur le Bosphore!
Pour quelques sous de plus, on peut admirer le harem qui se situe dans un lieu particulier du site.
On pourrait facilement se dire, après la visite du Palais, qu’on en a assez vu mais ce serait une erreur! La partie harem est vraiment magnifique et ne doit surtout pas être ratée si vous aimez l’art ottoman! Quand nous sommes entrés dans cet espace, on a visité des lieux assez jolis mais on se disait que c’était assez décevant de loger les femmes du sultan dans ces lieux! Pour tout vous dire, les sultans en ont pris pour leur grade! Je me demandais comment on osait faire dormir ses femmes dans des espaces aussi petits et sommaires!
En fait, je n’ai compris qu’en sortant que c’était les logements des gardes!!! :-p
Le harem est bien différent et vraiment d’une autre dimension! Malheureusement, la batterie de notre appareil photo a rendu l’âme à ce moment-là et le harem n’était pas équipé de prises électriques!!! Vraiment dommage car c’est une succession de pièces vraiment superbes! Beaucoup d’or et des merveilles de céramiques du sol au plafond! Pour nous, cela a été le clou du spectacle!
Un autre lieu étonnant à mentionner à Sultanahmet est la citerne basilique.
Citerne basilique
Oui, une citerne, c’est bizarre! Ça n’a pas l’air très engageant comme ça mais on avait lu que c’était une expérience mémorable alors on a tenté! Il s’agit d’une citerne de 140 m sur 70 m qui alimentait, à l’origine, le Grand Palais puis le palais de Topkapi. 336 colonnes de 8 mètres de haut soutiennent l’ensemble. C’est frais, sombre et très humide. De petites lumières éclairent l’ensemble et une musique de fond crée l’ambiance! Une ambiance assez particulière!
On marche sur des passerelles au-dessus de l’eau.
Les gens se pressaient pour admirer 2 colonnes en particulier, avec des têtes de Méduse. Non pas les animaux qui piquent mais le monstre de la mythologie grecque! Son regard avait le don de pétrifier celui qui la regardait!
On est ressortis intacts, ni pétrifiés ni vraiment impressionnés non plus par le lieu. Il aura par contre la palme du plus surprenant des monuments du quartier!
Comme vous l’avez compris tous les édifices de la Sultanahmet sont vraiment des témoins de l’histoire glorieuse d’Istanbul. D’autres lieux sont aussi très emblématiques de la ville : les bazars.
Le marché aux épices ou marché égyptien
Là, vous vous trouvez dans une explosion sensorielle : des épices partout comme palettes de peintures, de beaux tableaux odorants…
… mais aussi et surtout les loukoums qui m’ont tournée la tête! Comment résister? Je ne sais pas! Moi, j’ai craqué et c’était juste sublime! J’ai découvert qu’il y en a de toutes sortes, avec des saveurs exquises…
Le Grand Bazar
Aux alentours se succèdent des rues très animées. Un joyeux bazar déjà!
Mais le Grand Bazar, c’est un immense marché couvert dont la construction a commencé au XV° siècle et qui a survécu à des incendies et des tremblements de terre. Il est vraiment immense, il y a pas moins de 3500 magasins! Un vrai dédale où on ne peut que se perdre. On s’est retrouvés là un vendredi en début d’après-midi au moment de la fermeture. Les rues étaient exceptionnellement calmes!
On a pu admirer tranquillement les arabesques, les décorations et mosaïques au-dessus de nos têtes!
On peut déambuler, prendre à gauche, prendre à droite car c’est un labyrinthe pas angoissant du tout. Il y a partout des portes de sorties! Il faut juste ensuite retrouver sur une carte où on se trouve ou le demander en turc aux passants! Facile! ;-)
Le quartier de Sultanahmet est un quartier que l’on peut découvrir entièrement à pied et nous avons vraiment beaucoup aimé ses nombreux monuments mais aussi par ses innombrables ruelles animées!
Dans le prochain billet, je vous parlerai de nos autres découvertes de la ville et de notre croisière sur le Bosphore.