Burn burger burn


Depuis des semaines, dans toute l’Angleterre, des jardins de banlieues comme des balcons des villes montent d’épaisses volutes de fumée blanche. Ça n’a rien à voir avec l’election d’un nouveau pape, les anglais sont plutôt  protestants, ni avec le célèbre brouillard londonien. Toute la population s’adonne aux plaisirs des barbecues qui fleurissent allègrement sur le moindre coin de pelouse. C’est un style, je ne critique pas, je fais bien pousser des fleurs en plastique. Dès qu’il ne pleut pas et que la température dépasse 15 degrés, les anglais adorent faire griller des tas de choses plus ou moins comestibles (sérieusement, les burgers de Tesco, il y a quoi dedans? Un mélange de vieux pneus bouillis et de Jelly pas fraîche?) et arrosent tout ça de bière fraiche. C’est bien connu, la’ alcool, ça désinfecte.

 Burn burger burn 

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Il faut d’abord bien choisir son équipement: du petit barbecue fait maison, avec 3 bouts de ferrailles rouillées, pour le goût inimitable de metal cramé sur les saucisses, au monstre à plus £1500 avec options diverses, réfrigérateur intégré, écran plasma ou station météo…après tout, c’est important quand on est dehors de savoir si il pleut en regardant son barbecue plutôt que de se fier bêtement aux trombes d’eau qu’on reçoit sur la tête. Il y  a également les périphériques, les pinces à saucisses, les assiettes en plastiques aux décorations charmantes et de bon goût, du cochon rieur aux petites fleurs Liberty, le tablier aux slogans hilarants pour Monsieur – car pour une raison inconnue bien bienvenue la supervision des flammes est une tache réservée aux hommes- et bien sûr, les canettes de bières. Une fois que des litres de fluides inflammables ou des tonnes de charbon se combustent joyeusement, on passe aux choses sérieuses: incendier son barbecue tout neuf, c’est bien, mais qu’y faire griller ( ou carboniser)? Le choix est infini, mais les saucisses et burgers figurent au panthéon de tout chef qui se respecte (je n’ai pas dit que les autres les respectent, c’est juste eux-même). On trouve même des burgers végétariens. Ce n’est pas parce qu’on préfère ne pas manger de la viande qu’on n’a pas le droit d’enfumer ses voisins comme le premier carnivore venu. Car, à la différence des français, confits dans leurs habitudes de repas à heures plus ou moins fixes, l’anglais allume son barbecue à toute heure du jour et de la nuit, et fait frire ses saucisses aussi bien à 4 heures de l’après midi car 4 heures du matin. La seule différence est dans la consommation de bière: à 4 heure de l’après midi, on en est aux premières canettes, à 4 heures du matin, on a généralement fini les canettes et attaqué les alcools forts.

Les villages organisent leurs barbecues, sur la place du village, le Green, les associations ont les leurs, du club de pêche aux amis des papillons, pour récolter l’argent qui servira à repeindre les locaux, ou acheter de nouveaux livres, les voisins se retrouvent chez l’un ou l’autre…les barbecues anglais sont extrêmement conviviaux et sympathiques. Ils réunissent des familles, des amis ou toute une communauté. Certes, pendant plusieurs semaines, il est impossible de dissiper l’odeur de viandes carbonisées qui flottent dans l’air, mais c’est le prix à payer pour sacrifier à la tradition. C’est là que je me rends compte à quel point la tradition m’ennuie parfois. 


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Et si vous partiez à l'aventure direction un camping en Côte d'Azur ?
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