Staying here for the Summer

Publié le 28 juillet 2015 par Pomdepin @pom2pin

Tous les étés, c’est la même chose pour les expats. On traverse la Manche, et on passe quelques semaines en France, dans nos familles. On retrouve les souvenirs d’enfance et on essaie de faire passer quelque chose à nos enfants nés hors de France, du goût du vrai saucisson aux plaisirs des plages de sable où il fait chaud (parce que bon, la mer du Nord, ce n’est pas le bassin d’Arcachon niveau température). Tous les français que je connais ici y sacrifient, avec plus ou moins de bonheur.  L’année dernière, je me demandais même en plein milieu de notre transhumance estivale si on était toujours français…parce que nos souvenirs enjolivés et notre vision d’images d’Epinal de la France ne correspondent pas du tout à la réalité que l’on croise tous les étés et à laquelle on ne comprends pas grand chose. Ce n’est pas une critique, j’imagine que tout le monde a tendance à magnifier un peu ses souvenirs d’enfance, mais les nôtres sont complètement coupés de ce qu’on trouve chaque été. On est perdu, on ne connaît rien aux sujets de conversations, on n’a plus les mêmes références que nos familles, la moindre sortie au supermarché est une plongée dans l’inconnu. C’est exhalant quand on voyage au loin, c’est déconcertant quand on est sensé être « chez nous ». Même la langue a évolué, je ne comprends rien à toutes les expressions à la mode. On est comme dans un pays étranger.

 
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Cette année, on souffle, pas de problèmes philosophiques de ce genre, on passe les vacances ici, en Angleterre, dans notre nouvelle maison, à superviser les travaux (qui a dit à fourrer son nez partout dans l’espoir de pouvoir subtiliser discrètement un marteau-piqueur aux ouvriers?). Le problème, c’est que notre voyage traditionnel en France ne nous manque du tout. Attention, nos familles nous manquent bien sûr. Je ne voudrais surtout pas qu’ils se méprennent. Nos étés, on les passe à aller voir les papis et mamies, les cousins, les tantes, les amis… ce n’est pas pour rien, si ça ne nous faisait pas plaisir de les revoir, on n’irait pas!  L’été dernier, on avait même pu participer à un anniversaire, une de ces grandes fêtes de famille où tout le monde se retrouve et qui ont rythmé mon enfance. Mes enfants ont trouvé ça charmant et exotique. Cela dit, comme tous les expats, je me demande parfois pourquoi le chemin est souvent à sens unique. C’est toujours à nous de traverser la Manche. On est parti, alors visiblement pour beaucoup, c’est à nous de faire l’effort de revenir en visite si on veut garder des liens. C’est un peu injuste. 

On est donc très content de rester chez nous en Angleterre cette année. Bien sûr, l’orgie de nourriture française me manque. Quoique, on trouve de tout ici. Il me manque, euh… la météo evidement, et le soleil du Sud-Ouest. Mais il parait qu’il fait trop chaud et que c’est insupportable. Mes petits anglais n’auraient pas pu aller jouer dehors. Il me manque…je ne sais pas, le plaisir égoïste et surfait de me plonger dans la nostalgie de mes souvenirs d’enfance, et encore. Mes souvenirs ne seront jamais ceux de mes enfants, ils sont anglais. Et du coup, je me demande aussi si on n’a pas été injuste avec eux. Au lieu de sacrifier tous les étés au pèlerinage en France, on aurait pu peut-être leur offrir d’autres vacances, des découvertes, de nouvelles rencontres…de « vraies » vacances sans passage obligé chez des gens qu’ils ne connaissent pas, sans circuit fléché des choses qu’ils doivent « absolument » connaître de la France. Des vacances pour faire ce que eux, ils veulent. 

Cela dit, si il continue à faire un temps pourri, je vais me plaindre au syndicat d’initiative. Non, parce qu’on est bien gentil, on suit leurs conseils, prodigués à coup de grandes campagnes de pub, on fait une « stacation » (néologisme barbare pour dire qu’on reste en Angleterre pour les vacances : »stay vacation ») mais j’exige du soleil!