Promenade aménagée au bord du Lac de Garde, petites ruelles où se succèdent boutiques de prêt à porter et restaurants, murailles datant du Moyen Âge et résidences art nouveau, la commune de Salò ne manque pas de charme. En dehors des mois d’été, il y règne une quiétude propre aux cités balnéaires.
Cependant, ravagés par un séisme en 1901, de nombreux édifices historiques de la ville, dont certains dataient de l’Empire romain, ont été détruits. Salò ne dispose donc pas de monuments remarquables comme d’autres communes situées sur les rives du Lac de Garde, Sirmione ou Riva del Garda par exemple.
Salò, siège du régime de Mussolini
La municipalité de Salò et l’office de tourisme, désireux de donner une identité touristique à la cité, ont décidé de mettre en avant une page de son histoire contemporaine. Une période sombre puisqu’il s’agit de remonter aux dernières années de la Seconde Guerre mondiale. De septembre 1943 à avril 1945, la ville était le siège de la République sociale italienne, régime fasciste fondé par BenitoMussolini.
Mis en minorité par le grand conseil fasciste et emprisonné fin juillet 1943, le Duce est libéré par des soldats SS le 12 septembre et, encouragé par Hitler, forme dans le nord de l’Italie, un gouvernement alors que le sud est passé sous le contrôle des alliés.
Le « Vichy italien »
Très rapidement, et jusqu’à la chute de la République en avril 1945 à la suite d’une offensive alliée, les hôtels et villas bourgeoises de Salò sont réquisitionnés pour y installer ministères et personnels, donnant à la ville des airs de « Vichy italien ». Ces bâtiments font aujourd’hui l’objet d’un itinéraire autour de la ville. Dix-sept demeures cossues à travers Salò et sa voisine Barbarano sont, ainsi, mises en avant au travers de plaques expliquant leur utilisation durant la République sociale italienne.
Certaines sont remarquables comme l’Albergo Laurin, qui accueillait le ministère des Affaires étrangères, la Villa Amadei, siège du ministère de la Culture populaire ou, juste en face, l’immense palais de la Croix-Rouge qui abritait la division spectacle du ministère de la Culture.
A l’office de tourisme, qui a édité plusieurs brochures sur l’itinéraire et le passé sombre de la ville, les demandes d’information sur le sujet sont très nombreuses. Elles n’émanent pas de nostalgiques du fascisme mais de touristes intéressés par ce témoignage de l’histoire. Un témoignage, dérangeant, certes, par son omniprésence dans la ville et la période à laquelle il fait référence, mais qui apporte un éclairage sur la chute du fascisme.
Cette période a fait l’objet d’un des films les plus controversés de l’histoire du cinéma : « Salò ou les 120 journées de Sodome », sorti en France en mai 1976, six mois après la mort de son réalisateur, le sulfureux Pier Paolo Pasolini. Le long métrage, critique du pouvoir absolu, est une libre adaptation de l’œuvre du Marquis de Sade, transposée dans l’Italie fasciste.
Que ce soit dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ou dans celle du cinéma, le nom de la ville reste donc associé au fascisme. Un héritage lourd à porter dont Salò a su faire un atout au niveau touristique.