Kyoto n’est pas une petite ville avec plein de jolies maisons traditionnelles comme je le pensais naïvement. C’est avant tout une grande ville moderne qui est parsemée de 3000 temples!
Pas si simple Kyoto…
Le premier défi est de s’y retrouver parmi tous les « immanquables », les « plus beaux temples de la ville », les « coups de cœur » des uns et des autres.
Rapidement, nous nous sommes rendus compte que les déplacements ne sont pas si simples : 2 lignes de métros seulement et de nombreuses lignes de bus. Même en logeant au centre ville, il est nécessaire d’organiser ses déplacements et de prévoir de beaucoup marcher car les temples choisis sont parfois très éloignés et aussi parce que la découverte des rues est vraiment intéressante!
Une autre difficulté est que les habitants de Kyoto ne parlent vraiment pas anglais. Quand vous êtes perdus, vous devez décrypter vous même votre carte et les noms des rues. Quand vous vous trouvez face à des inscriptions entièrement en japonais, personne ne pourra vous les traduire! Dans les lieux touristiques, les employés connaissent seulement quelques mots et ne peuvent souvent pas répondre à une question en anglais.
Après quelques jours à Tokyo, j’ai osé écrire qu’on s’en sortait pas trop mal mais en arrivant à Kyoto, on a dû faire preuve d’humilité. Je ne vous listerai pas toutes nos confusions face aux distributeurs de tickets de métro entièrement en japonais, les noms de rues qui se ressemblent, les menus de restaurant entièrement en japonais, etc… Ce qui est intéressant, c’est que malgré toutes nos expériences de voyage, je ne me rappelle pas une autre situation où on s’est sentis autant perdus! L’effet Japon!
Lors de notre arrivée à Kyoto, nous avons commencé la découverte de la ville sous une très forte pluie. On a appris qu’il s’agissait de la queue d’un ouragan! Bien rincés, les aventuriers qui avaient laissés leurs habits de pluie à l’hôtel!!! Pour la première fois de ma vie, j’ai sérieusement songé à voler un parapluie! (impossible de trouver où en acheter mais des dizaines en attente dans les entrées de magasins, c’est tentant!)
Le quartier de Gion
Le premier quartier visité sous la pluie lors de notre arrivée était Gion. C’est le quartier traditionnel de Kyoto, un quartier prestigieux qui est aussi celui des geishas. On a vu seulement une apprentie geisha ( une maïko) mais par contre beaucoup de personnes en kimono.
Comme on dit souvent, si vous aimez un lieu avec un temps pourri, vous l’adorerez sous le soleil! Eh bien, ce fût le cas avec Gion! Nous y sommes retournés plusieurs fois : en fin de journée pour le coucher du soleil, le matin sous un soleil éclatant…. La balade à pied entre les maisons en bois toutes mignonnettes est vraiment un plaisir pour les yeux. Bien-sûr, c’est très touristique et les prix des restos sont très exagérés mais il se dégage vraiment une atmosphère particulière. Une ambiance de mystère avec toutes ces maisons qui se camouflent : Maison particulière? Maison de thé? Maison des geishas? Échoppe artisanale? Restaurant? On jette un œil mais souvent, on ne voit rien! La structure des maisons est faite pour se dérober aux regards des curieux.
J’ai lu que les Geishas n’ont rien à voir avec des prostituées contrairement à ce que je pensais. Pourtant, la vitrine avec les tarifs des geishas m’a laissée songeuse… Les hommes paient vraiment une fortune pour écouter une gesiha chanter ou la voir danser? Il faudra qu’on m’explique! Dans les rues, on croise des habitants en kimono ou en tenue moderne, des touristes occidentaux … Certaines rues sont désertes, d’autres sont très empruntées…
On a particulièrement aimé déambuler dans les petites rues désertes.
Dans les grands axes, on découvre des arcades commerciales avec toutes sortes de boutiques. Certaines sont typiques du Japon : les confiseries vraiment très chics où les coffrets de douceurs sont présentés comme des bijoux. Le soin apporté à la présentation est poussé à l’extrême : harmonie de formes et de couleurs...Des boutiques d’artisanat local côtoient des cafés à l’américaine…
Un peu en hauteur se trouve un grand parc que nous avons visité au coucher de soleil. Ambiance de calme…
D’autres images du quartier :
Un lieu emblématique de Gion est le chemin des philosophes qui longe un canal face à de jolies maisons traditionnelles. Ce serait le plus beau point de vue au printemps lors de la floraison des cerisiers!
Gion, sous la pluie:
Sous le soleil:
Beaucoup mieux, non? Ce chemin se poursuit plus au Nord et offre une jolie promenade bucolique, entre la ville et une colline boisée.
Quelques cafés, des bancs pour se reposer, méditer ou admirer la vue sur la ville.
Au bout de cette promenade, se trouve le Pavillon d’argent dont je vous parle plus loin.
Une grande rivière marque la limite de l’Est de la ville ( où se trouve Gion) et le centre plus moderne ( où nous logions). Des terrasses bordent les quais.
Les ruelles alentours (du côté moderne) sont charmantes et moins « huppées » que celles de Gion. On peut choisir le calme du canal ou bien se fondre dans la foule bigarrée des grandes avenues.
Le Pavillon d’argent ( le temple Ginkakuji)
C’est mon coup de coeur à Kyoto!
Pourquoi? Difficile à exprimer avec des mots mais je m’y suis sentie très bien immédiatement. Une harmonie parfaite des jardins, des petits sentiers ombragés qui parcourent le domaine, les palissades en bambous, le silence…
Cette harmonie a été légèrement perturbée par un homme qui transportait son chien dans une poussette qu’il devait porter dans les escaliers de pierre qui serpentaient le domaine. Le ridicule de la situation m’a légèrement perturbée dans ma « zen attitude ».
Le bâtiment principal appelé le pavillon d’argent n’est pas spécialement impressionnant mais il s’intégre parfaitement à son environnement. Quel que soit l’angle de vue, on est face à un tableau magnifique!
Face au Pavillon se trouve un jardin minéral avec une forme dont nous n’avons pas compris la symbolique ni même l’esthétique!
Ce qui m’a le plus touchée, c’est vraiment la balade entre la végétation, comme une invitation au sein d’un tableau. On marche lentement et on reste silencieux! Nous sommes arrivés sur le site à 9h et tout était paisible. Les visiteurs arrivaient au moment où on partait.
Après mon coup de coeur, il faut que je vous parle de celui de Benoit. Il le met au même niveau que ce qu’il a ressenti devant le Taj Mahal! C’est pas rien!
Le Pavillon d’Or ( Kinkaku)
Il parait qu’aller à Kyoto sans visiter le Pavillon d’or, c’est comme aller à Paris et ne pas voir la Tour Eiffel! Forcément, on devait faire honneur à cet incontournable! Dès la descente du bus, nous constatons qu’il y a des amateurs de Tour Eiffel! À peine entrés, on débouche sur LA vue que tout le monde s’arrache: le pavillon d’Or face à un petit lac dans un bel écrin de verdure! C’est vrai que ça en en jette : le soleil sur les façades en or et les reflets dans le lac! On ne voit pas ça tous les jours! Il faut se faufiler pour prendre des photos, ce qui ne rend pas l’ambiance très zen mais il faut reconnaître que le pavillon recouvert d’or est magnifique. On est vraiment face à un tableau de maître!
Les photographes mitraillent sans arrêt. Tout le monde veut SA photo. La promenade dans le parc réserve aussi de beaux points de vue.
En fin de visite, un espace permet de prendre un thé sur des tables extérieures.
La foule et la chaleur sont assez oppressantes. On ne s’attarde pas trop! À l’extérieur du site, un vieux monsieur s’adresse à moi en anglais. Je suis assez étonnée. Il est fier de constater que je le comprends et me montre son livre d’étude de l’anglais qui semble dater de quelques décennies. Il me cite ensuite tous les lieux touristiques français! Très drôle! Ce sera ma première et seule conversation avec un japonais à Kyoto!
Dans le genre « les incontournables de Kyoto », figure en bonne place le palais impérial.
Le Palais impérial
La particularité de cette visite est qu’il faut s’inscrire en avance et demander une autorisation en étant muni de son passeport. Nous nous sommes pointés un vendredi matin et nous avons appris que la prochaine visite serait l’après-midi mais sans guide anglophone ou alors le lundi suivant ( pas de visite le week-end). On s’inscrit pour le jour-même ( lundi, on sera repartis!) en se disant que si on ne comprend pas les explications en japonais, au moins, on verra les bâtiments. Les murs d’enceinte sont tels qu’on ne peut strictement rien voir de l’extérieur!
murs d’enceinte du palais impérial
Rien de très beau à priori de l’extérieur mais quand on entre, c’est un tout autre univers! Notre première découverte, en attendant l’heure de début de la visite, est que nous serons de très nombreux visiteurs et que tous sont étrangers comme nous ( beaucoup de Français)! On imagine déjà en se marrant la visite en japonais devant un public qui ne comprend strictement rien! Comique, non? En fait, quand le guide arrive, il dit qu’il va tenter de nous expliquer en anglais. Il a visiblement un texte à dire en anglais mais son accent est assez difficile à comprendre. On se contentera de la brochure et des affichages en anglais devant chaque bâtiment. On n’est pas trop exigeants d’autant plus que la visite est gratuite! On s’éloigne du groupe pour faire des photos!
Il faut savoir que Kyoto a été la capitale du Japon pendant plus de 1000 ans. Ce palais était alors la résidence impériale mais depuis le changement de capitale en 1869, il n’a été qu’une résidence temporaire; résidence qui a été détruite par des incendies et reconstruite à plusieurs reprises. Les bâtiments actuels datent du XIX° siècle. L’enceinte est très vaste et compte plusieurs bâtiments majeurs. Aujourd’hui, la famille impériale y viendrait 2 fois par an. Cela justifie-il les mesures de sécurité prises? Un gardien nous a suivi en permanence, probablement pour s’assurer qu’on ne se cachait pas en attendant la prochaine visite de l’empereur dans 6 mois! ;-) Les bâtiments valaient vraiment la visite ( on reste à l’extérieur!), tout comme le jardin qui ne manque pas de charme!
Quand on se trouve devant les murs d’enceinte, on ne soupçonne pas du tout la richesse de cette résidence! L’art de camoufler à la japonaise!
Le temple Ryoanji et son jardin zen
Ce qu’on appelle le temple Ryoanji est en fait un domaine assez vaste qui abrite un étang, un grand espace de végétation, un temple avec un jardin de pierre zen considéré comme le plus beau de Kyoto.
Le cadre est vraiment charmant. Les visiteurs étaient rares.
Nous avons visité le Temple qui abrite le fameux jardin de pierre. Les salles ont de très beaux panneaux. Nous avons aimé la transcription de la chanson de la gratitude qui dit en substance qu’être content est une richesse. :-)
Le jardin juste en face des ouvertures du temple date de 1500! Sa particularité est d’être petit et composé uniquement de pierres et de sable sans aucune végétation hormis la mousse autour des pierres.
Ce tableau semblait inspirer les visiteurs assis silencieusement en face, Ou alors, ils cachaient mieux que nous leur perplexité! Franchement, nous avons touché aux limites de notre connaissance de la culture japonaise et surtout la dimension spirituelle du lieu nous a échappé! Mea Culpa! Autant nous avons beaucoup aimé les jardins composés de végétation et d’eau, autant le « tout minéral » nous a déçus!
Dans le même quartier, nous avons visité le domaine Daitokuji.
Le temple Daitokuji
Le temple Daitokuji est entouré de 24 temples secondaires, dont seulement 7 sont ouverts au public. L’accès au site est libre mais chaque temple prélève un droit d’entrée.
Nous avons arpenté le site, munis d’un plan gentiment remis à l’entrée. Tout semblait désert.
Nous avons visité le temple Daisen-In entouré d’un jardin zen. C’était miniature et cela nous a plongés dans le désarroi. On nous a remis un plan avec une dizaine de lignes d’explication pour chaque pierre et chaque arbre. J’ai bien essayé de comprendre mais franchement c’est resté beaucoup trop obscur! Benoit, lui, n’a pas fait semblant de comprendre. Il a fait le tour en 2 minutes chrono en pestant contre l’interdiction des photos! Vous n’aurez donc pas de traces de cette visite éclair.
C’est dans ces moments-là que je regrette de ne pas avoir étudié la culture japonaise. Bien-sûr, c’est tout un monde et on ne peut pas connaître une culture millénaire en quelques jours mais avoir quelques bases permet certainement de mieux comprendre ce qu’on visite. Comme souvent, en Asie, nous nous sommes centrés sur l’aspect esthétique de nos découvertes mais nous ressentons une vraie curiosité et une fascination pour le Japon.
Nos petites et grandes découvertes à Kyoto
Nos quelques jours sur place nous ont confrontés à une multitude d’observations. Certaines nous ont étonnés, d’autres nous ont épatés ou fait sourire:
– L’inclinaison du buste est un incontournable quand on se salue, quand on se remercie. Selon les situations, l’inclinaison est plus ou moins marquée. On a tenté de s’y conformer en observant nos interlocuteurs. Benoit était particulièrement à l’aise, moi un peu moins.
– Les Japonais sont très respectueux des règles. Ils suivent bien les voies dans les couloirs du métro, se placent en file avant de prendre le bus ou le métro, ne traversent que quand le petit bonhomme est vert, etc… Pas vraiment facile pour Benoit qui aime la transgression. Plus facile pour moi! Mes origines suisses m’aident beaucoup! ;-)
– Les taxis sont de vieux modèles de voiture, avec un chauffeur avec gants blancs et casquette.
– Les trottoirs et les couloirs de métro sont parcourus en leur centre par une grosse bande en relief pour guider les aveugles. Ce doit être très pratique pour eux mais par contre, c’est une grosse galère pour les fauteuils roulants, les poussettes et les grosses valises!
– Les rues sont souvent « non-fumeurs » avec des fumoirs matérialisés comme un arrêt de bus. La consigne est de fumer dans ces espaces. En revanche, dans les restaurants, les fumeurs sont les bienvenus. Visiblement, ce ne sont pas les raisons sanitaires qui guident ces décisions! Je veux bien qu’on m’explique.
– Les personnes âgées sont partout dans les rues! Après des années en Amérique Latine, le contraste est saisissant! Au Japon, dans la rue, on voit plus de personnes âgées que de jeunes!
– Un autre lieu, où les vieux sont nombreux, c’est l’hôpital! Des problèmes respiratoires m’ont conduite dans une clinique et je me suis retrouvée entourée uniquement de très vieilles personnes. L’accueil a été exceptionnel, avec un document en français pour m’expliquer les procédures. J’ai été super bien prise en charge, accompagnée à chaque étape. Tous les soignants étaient doux et souriants. On ne se comprenait pas mais le non-verbal était très agréable! En une matinée, j’ai eu toute une série d’examens, sans jamais attendre. Le médecin francophone (un Japonais) qui a coordonné le tout a été super efficace! Un jour, j’écrirai surement sur toutes les situations comiques liées aux problèmes de communication mais en attendant, je me dis que j’aimerais bien être vieille et malade au Japon!
Les restaurants à Kyoto
Depuis notre arrivée au Japon, on a tellement de tentation en restaurants qu’on a même changé nos habitudes de ne pas manger le soir! On a toujours envie de goûter des trucs.
Nous avons testé des types de restaurants assez différents:
– le bar à sushi super classe où un maître prépare des assiettes devant toi comme une oeuvre d’art. Très peu pour l’estomac et tout pour les yeux. Un vrai spectacle três coûteux!
– le restaurant à sushi super moderne. On t’attribue un numéro de place devant un plateau tournant et tu peux commander d’autres choses grâce à un écran tactile devant toi ( soupe, boissons, etc…). Tout arrive sur le plateau tournant.
– Le petit restaurant de quartier où une immense plaque de cuisson recouvre une bonne partie de la table. Tout ce que tu commandes se retrouve à cuire ou griller devant toi!
– Le grand restaurant de chaîne populaire où tu manges toutes sortes de brochettes pour trois fois rien.
– On a même vu dans un restaurant traditionnel des gens manger des frites avec les baguettes!
En résumé, nous avons très bien mangé partout en arrosant le tout d’un saké, of course! On n’a pas dû prendre un gramme tellement cette cuisine est saine. En plus, nous avons beaucoup beaucoup marché.
Notre prochaine étape au Japon: la ville de Nara.