Ancienne capitale impériale située à 36 kms de Kyoto, Nara recèle des trésors architecturaux et historiques inscrits au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Voici une bonne raison d’y faire étape après Kyoto. Et si on ajoute à cela, un grand parc et des biches qui se promènent partout, vous comprendrez que Nara nous ait attirés et vraiment charmés.
Loger dans un ryokan ( auberge traditionnelle)
Il est possible de faire l’aller retour dans la journée entre Kyoto et Nara. Des trains relient les 2 villes en 45 minutes. C’est le choix de nombreux groupes. Le notre a été d’y rester 2 nuits pour avoir plus de temps pour visiter et aussi pour faire l’expérience de loger dans un ryokan, une auberge typique du Japon. Une occasion de mieux appréhender le logement japonais traditionnel. La chambre est un grand espace avec des cloisons coulissantes et une grande table basse. Le bois, le bambou et les cloisons de papier sont les matériaux essentiels. Le sol est recouvert de tatamis en paille de riz qui dégage une odeur assez particulière de cuisine ( on dirait que quelqu’un vient juste de cuisiner!).
La première surprise en entrant est qu’il n’y a aucun espace pour dormir! Pas de semblant de lit! On peut juste s’asseoir sur une des 2 chaises basses ou un pouf. Vers 19h, un employé vient installer un futon, en poussant la table. Quand on vivait à Paris en 2002-2003, on dormait sur un futon et ça nous convenait bien. Cette fois, notre dos a moins apprécié. On se demande bien pourquoi! Avant d’arriver, j’avais lu que dans les ryokans, les bains étaient communs et je ne peux pas dire que ça me réjouissait. Moi qui adore être tranquille dans la salle de bains! En fait, la bonne surprise, c’est qu’on a eu le choix. Nous avions une petite salle de bain privée dans la chambre et on pouvait aller dans les bains communs.
Notre salle de bains rien qu’à nous!
Le bain commun, appelé Onsen, est un lieu traditionnel qui a des règles. On a reçu un document illustré pour ne pas commettre d’impairs.
Guide pour les bains communs Onsen
Les clients de l’hôtel s’y rendent en kimono et chaussons, munis d’un mini-sac en tissu qui contient la petite serviette qui sert à se laver. Il faut ensuite se rendre dans le bon espace, Hommes ou Femmes! Oui, les bains ne sont pas mixtes! On se lave assis sur un tabouret au bord du bain et ensuite on fait trempette tous ensemble et tout nus! C’est sûrement très agréable pour les Japonais mais pour moi un peu moins! Benoit l’avait fait lors de son séjour précédent parce qu’il n’avait de douche dans sa chambre! La notion de pudeur est très liée à l’éducation et la culture. Pour moi, ce n’est pas la nudité qui est un problème mais plutôt le fait de se laver en public. Cela nous semble trop intime pour être exposé!
Dans le ryokan, le petit déjeuner est inclus. Nous avons donc testé le petit-déjeuner japonais. Installé dans un « box », nous avons pu admirer les nombreux petits plats qui nous attendaient. Une merveille pour les yeux! Tous les plats étaient vraiment beaux. Le contenu nous a réservé surprise après surprise! La table de départ était déjà bien garnie mais une jeune femme n’en finissait plus de nous aborder de nouveaux plats…
Dans tous les pays du monde, j’adore goûter de nouvelles choses mais j’ai une grosse limite pour le petit-déjeuner. Je suis très sujette à la nausée le matin et je ne peux pas manger de plats salés. Évidemment, le petit-déjeuner japonais aurait dû me rebuter mais au contraire! J’avais faim, les plats étaient magnifiques et je me suis dit que j’étais en train de vaincre mon « petit problème » du petit-déj. J’ai mangé les premiers petits plats avec plaisir, même les légumes au beurre et puis il y a eu le drame…. la soupe miso! J’en mange d’habitude comme entrée mais là, mon estomac a fait demi-tour! Comme s’il m’avait dit » non, mais tu vas où là? Tu me prends pour qui? » Impossible d’aller plus loin! Imaginez ma tête quand on nous a apporté une marmite de porridge, du tofu, un « gloubiboulga » d’oeufs brouillés liquides avec des trucs filandreux à l’intérieur! Bref, j’ai échoué au petit-déjeuner japonais! Benoit a été meilleur que moi mais il n’a pas pu résister au besoin de demander un café, ce qui s’est révélé être une demande complexe, vu le temps d’attente! Bon, on avoue, il n’y aura pas de deuxième petit-déjeuner traditionnel dans le ryokan! Décidément, on a beaucoup de progrès à faire pour s’intégrer au Japon!
Comme toute expérience nouvelle, on est ravis de l’avoir vécu une fois. On se rappellera longtemps de nos deux nuits au ryokan de Nara.
Un peu d’histoire sur Nara
Cette ville a été la première capitale permanente du Japon, en 710. Avant, il n’y avait pas de capitale fixe. C’est le berceau du premier Etat Japonais, avec la mise en place des institutions et l’émission de monnaie. Nara développe aussi beaucoup les arts : architecture, peinture, sculpture, littérature qui seront des voies d’expression de la puissance du bouddhisme. C’est à Nara et ses environs que se développèrent les six sectes bouddhiques qui eurent une telle influence sur les empereurs que l’un d’entre eux décida de transférer la capitale à l’actuelle Kyoto. Ensuite, la ville a connu des incendies et guerres civiles qui ont mis à mal ses beautés architecturales.
Les biches de Nara
Nara est la ville des biches. Oui, il y a de vraies biches un peu partout, pas seulement dans le parc mais aussi sur les trottoirs. Elles osent même traverser les avenues!
Lors de notre venue, il y avait une vague de chaleur et elles restaient beaucoup à l’ombre, mais comme les touristes les « titillaient » avec des biscuits, cela avait tendance à les exciter. Des vendeurs de biscuits « spécial biches » sont installés un peu partout. Parfois, une biche ou un cerf est un peu plus insistant et déclenchent des cris de peur! J’avoue que quand une biche s’est acharnée sur mon sac et le dépliant que j’avais à la main, je n’étais pas vraiment zen! Des produits dérivés représentant des biches sont en vente partout! Nara, c’est la ville des biches, je vous dis!
Elles ont de quoi s’épanouir dans le grand parc de la ville. Le parc est un point d’intérêt majeur car il abrite des temples magnifiques.
Le temple de Todai-ji
Sur le chemin, on est déjà admiratifs des petites maisons qu’on entrevoit.
À l’arrivée sur le site, proche de l’entrée du parc, on découvre tout d’abord une porte d’entrée qui est déjà en soi un très beau monument.
On se retrouve ensuite devant un immense bâtiment en bois qui serait le plus grand du monde! Et on apprend que ce n’est qu’une restitution modeste du bâtiment original construit en 728, construction qui dura 20 ans et ce, pour la secte Kegon Shu sur l’ordre de l’empereur Shomu! Cette structure gigantesque a été détruite ou incendiée plusieurs fois et reconstruite à chaque fois. La dernière restauration date de 1980.
À l’origine, il y avait 2 très hautes pagodes mais elles n’ont pas été reconstruites! Une maquette en bois permet de prendre la mesure de l’immense site original!
Ce temple a été construit pour abriter un bouddha en bronze de 18 mètres de hauteur et 450 tonnes. On a vu de nombreux bouddhas en Asie ces deux derniers mois mais je dois dire que celui-ci nous a fait pousser des « waouh! Quand même! »
Vous voyez l’homme qui allume la bougie?
Le temple abrite d’autres sculptures gigantesques.
Autour du temple, la promenade est bucolique, malgré la foule présente ce dimanche.
Un peu plus loin, dans le parc, se trouvent plusieurs sanctuaires nichés à flanc de colline. Il y en a tellement que je ne vais pas vous donner tous les noms.
les sanctuaires du parc de nara
La balade pour y accéder vaut déjà le déplacement.
On arrive à un plateau avec plusieurs bâtiments. La tour de la cloche, d’abord :
et à côté, un lieu de recueillement discret :
Après une montée assez raide on accède à un nouveau plateau. Quand on a grimpé les nombreuses marches du sanctuaire, on est récompensés par une belle vue et une atmosphère super sereine.
Tout est beau et calme aux alentours.
Nous passons devant un nombre incalculable de petits bâtiments.
Beaucoup de jolies et vielles lanternes en pierre…
À un moment, on se retrouve sur une route avec à droite une colline verdoyante et à gauche des petites boutiques de souvenirs. Les biches sont chez elles partout!
On arrive ensuite à un très joli sanctuaire repérable à sa couleur vermillon: le sanctuaire de Kasuga Taisha, nous ramenant 1300 ans en arrière lorsque Nara était encore la capitale du Japon. Sur le chemin du sanctuaire, trônent 3 000 lanternes, en pierre et bronze, apportées par les adorateurs au fil des siècles…
Ce lieu attire beaucoup de visiteurs mais il garde son calme. On se déplace en chuchotant en suivant le parcours fléché entre les bâtiments. Tout est particulièrement harmonieux.
On peut entrer dans plusieurs lieux de recueillement. Une pièce originale nous propose de déambuler dans le noir entre les lanternes allumées. Les vendeuses de d’objets spirituels ont une coiffe assez particulière que l’on découvre pour la première fois au Japon.
Depuis ce sanctuaire, il est possible de continuer la montée vers d’autres bâtiments nichés dans le bois.
Les chemins à travers bois apportent de la fraîcheur et offre un panorama magnifique de centaines de lanternes de part et d’autre du sentier : de quoi se donner de la force pour terminer! On peut même faire une halte dans un charmant salon de thé-restaurant au milieu des bois!
Le centre de Nara
Le parc est tout près du petit centre de Nara. Sur le chemin, on peut faire la visite du temple Kohfuku-ji. Siège de la secte Hosso shu et temple tutélaire de la famille Fujiwara, ce temple fut déplacé avec la cour de Fujiwara à Nara en 710. Un grand bâtiment est en restauration depuis 2010 et jusqu’à fin 2018 ( 8 ans de travail!) mais le site offre d’autres bâtiments à contempler et en particulier la pagode à 5 étages.
Certains prient, d’autres peignent. L’artiste n’a pas bougé d’un cil lorsque je me suis approchée pour admirer son aquarelle! Grosse concentration!
Les toits qui se détachent sur le ciel bleu sont très beaux mais personnellement, je préfère quand il y a de la végétation autour.
Près de ce temple, se trouve plusieurs rues piétonnes. Certaines sont couvertes comme on en a vu de nombreuses à Tokyo et Kyoto et abritent des restaurants et boutiques. Admirez les tongs en bois et les fameux kimonos!!
D’autres rues sont plus résidentielles avec de très jolies petites maisons, souvent en bois. Ce quartier traditionnel s’appelle Nara-machi.
Ces vieilles dames à la recherche d’un restaurant comme nous, ont gloussé de plaisir devant le photographe!
Dans ce quartier, les lieux de culte historiques ne sont jamais loin: on aperçoit la pagode de Kohfuku-ji et le temple Gango-ji :
En retrait du centre de Nara
Comme on avait du temps, nous avons pu prendre un bus pour aller un peu plus loin, un peu en retrait du centre-ville. Nous ne l’avons pas regretté! Nous avons commencé par la visite du temple de Yakushi-ji qui fut construit en 747 par l’ impératrice Kyomo en guise d’offrande à Bouddha pour avoir permis la guérison de l’œil malade de son époux, l’empereur Shomu.
Un parterre de lotus nous accueille:
Des bâtiments monumentaux…
… avec de belles statues, dont le Bouddha guérisseur.
Ce temple a la particularité de recevoir les vœux de rétablissement des fidèles. J’espère que Bouddha est toujours réceptif car ma grand-mère en a bien besoin en ce moment!
Deux pagodes sont érigées sur le site. L’une d’entre elles, en rénovation, est invisible. L’autre, la pagode de l’Ouest, a la particularité d’avoir des semblants d’étages qui la rendent plus grande qu’une pagode classique de 3 toits. De plus, elle peut se visiter!
Les alentours sont super tranquilles. Les rues sont presque désertes. On longe de jolies maisons. Benoit adore les détails des toits à la japonaise.
À quelques minutes à pied, se trouve le monastère Toshodai-ji, crée en 759 par le moine chinois Ganjin, fondateur de la secte Ritsu shu. On découvre plusieurs bâtiments au milieu de beaux arbres. Une ambiance de calme et fraîcheur!
Les photos ne sont pas permises à l’intérieur mais la promenade nous permet de découvrir plusieurs lieux de culte.
Comme tous les temples que nous avons visités à Nara, celui-ci est classé Patrimoine Mondial Unesco, comme le montre la pierre gravée à l’entrée.
La ville de Nara réserve de très belles surprises. Les week-ends, de nombreux visiteurs japonais et étrangers viennent découvrir les temples et le charme des biches, mais la semaine, tout est beaucoup plus calme. C’est une petite ville de province tranquille.
C’est avec Nara que notre visite au Japon s’achève, malheureusement. Nous aurions aimé y rester plus. Ces 13 jours ont passé très vite.
Le Japon est un pays où tout est à la fois facile et difficile. Facile, car tout est très bien organisé, les gens font ce qu’ils disent, sont sérieux et honnêtes. Pas de mauvaises surprises! Il y a beaucoup d’offres pour se déplacer, manger… Mais c’est aussi difficile, avant tout à cause de la barrière de la langue. Les Japonais ne parlent pas anglais (encore moins français!) et nous, nous ne parlons pas Japonais!
Ce pays a éveillé notre curiosité. Il nous a enchantés, étonnés, fascinés… On n’exclut pas d’y revenir pour explorer d’autres régions! Reste à apprendre le japonais!
Demain, nous quittons le pays du soleil levant. Je ne résiste pas à l’envie de vous remercier de lire mes récits-fleuves. Je m’incline depuis la chambre de notre Ryokan et je vous dis :
有難う 御座います » arigatou gozaimasu ( on ne prononce pas le u final)
merci beaucoup!
Demain, nous rejoignons en train Kyoto puis Tokyo. Ensuite un avion nous mène à Istanbul, via Doha. Un vol de 15h pour une étape de quelques jours avant de passer 2 mois dans des îles grecques!
À Bientôt!