J’ai suffisamment radoté là dessus, on a déménagé. On n’est pas allé bien loin, on est toujours dans le borough council de Colchester, qui comprend la ville elle-même et une vingtaine de villages plus ou moins importants autour. On était en banlieue, si on peut dire, les célèbres suburbs Anglais où toutes les maisons sont bien alignées, et bien identiques. On est maintenant dans un village. Tout était prévu, on devait prendre le bus pour aller à l’école, l’arrêt étant juste devant chez nous. C’était compter sans la faille spacio-temporelle qui affecte les transports en commun. Ça ne marche pas. On est systèmatiquement en retard même en partant une heure avant (pour un trajet de 7 km), je deviens folle à essayer de comprendre quelque chose aux tarifs totalement aléatoires que me font payer les chauffeurs, toujours pour le même trajet, on passe plus de temps à l’arrêt de bus, à attendre pour rien qu’à profiter de notre nouveau  jardin…c’est une catastrophe! C’est simple, dès que je vois un bus maintenant, même si je n’ai pas besoin de monter dedans, j’ai envie de mordre. Il se trouve aussi qu’il y a une école primaire très bien cotée dans le village, à 5 minutes à pieds de notre nouveau chez nous…Bref à la rentrée, les filles changent d’école. Ce n’est pas une catastrophe cette fois, c’est un drame. 

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Déjà, on a une chance folle d’avoir de la place. C’est parce qu’on est en plein dans le catchment Area (un peu comme la carte scolaire) et surtout on est de « bons chrétiens »…non je ne plaisante pas, la seule école du village est gérée par Church of England. C’est une école publique qui a l’obligation d’accueillir tout le monde, mais en cas de liste d’attente, elle fait passer les protestants en premiers, suivis des autres chrétiens, et les mécréants divers passent en derniers…Ahaha. Devant les questions subtiles de la directrice, j’ai dégainé la carte française de Versailles (oui, bon, c’est Marichéri qui est du coin, pas trop moi, mais on ne va pas chipoter), nos fils aînés au collège catho, 5 enfants….et hop, vivent les clichés, elle était satisfaite! Heureusement parce que si elle m’avait demandé un justificatif, j’étais mal…si, si , je vais souvent à l’église catho , c’est à dire que je ne sais même pas où elle est, mais sinon, j’irai sûrement… Peut-être…euh, c’est un monument historique, ça se visite? En plus, il n’y avait qu’une place pour la classe de PrincesseChipie, et elle n’était pas première sur la liste d’attente, mais comme PrincesseDiva a été prise de suite, sa sœur devient prioritaire. C’est le système de la préférence pour les siblings, pour ne pas séparer les fratries. Du coup, Toddler 5 aura une place garantie. Il a fallu ensuite informer le county council qui gère les attributions de place d’école, obtenir confirmation de la nouvelle directrice, et prévenir l’ancienne. Enfin bref, ce n’était pas simple. La deuxième partie de la procédure a cependant été beaucoup plus compliquée: annoncer aux filles qu’elles changent d’école alors qu’on leur avait promis qu’on ferait tout pour éviter ça. 

Pendant deux jours, j’ai donc eu à la maison deux hystériques en larmes, poussant des râles d’éléphant se marchant sur la trompe. Sans compter que Toddler 5, qui n’est pas concerné et ne sait pas de quoi on parle, participe aussi, par solidarité. Selon PrincesseDiva, on est d’ignobles fascistes tyranniques. 

-Bien sûr ma chérie, ça fait plusieurs années que L’Ado le dit aussi, tu n’avais pas remarqué? 

-Oui, mais lui, il dit n’importe quoi, cette fois, c’est vraaaaaaaaaaai! Et il est fasciste aussi, il a dit que changer d’école, c’est fun. C’est nuuuuuuuul, je vais mouriiiiiiiir…

-c’est sûr, si tu ne reprends pas ton souffle entre deux hurlements tu risques de t’etouffer.

Alors, bien sûr, en changeant d’école elles pourront se lever une heure plus tard. Oui, mais c’est nul quand même. Et aller à la danse après l’école (alors qu’en prenant le bus et ses horaires inventifs, pas moyen). Oui, mais, noooooon…Et c’est une meilleure école. Oui mais, euh…et elles continueront à voir leurs anciennes copines et s’en feront de nouvelles, sans compter qu’elles connaissent déjà une petite française dans la nouvelle école. Ah, oui…mais c’est vrai qu’on avait promis d’essayer de ne pas les changer d’école, alors pour nous faire pardonner, on accepte aussi de revenir sur autre chose: On avait dit qu’il n’y aurait pas de deuxième chat à la maison, et bien vendredi elles peuvent aller choisir un nouveau chaton. Bref, après délibérations intenses des deux princesses, on est finalement des parents formidables.

Leur tout dernier jour d’école hier a quand même été très difficile, elles ont eu des cadeaux de leur futurs anciens camarades, des photos de classes signées, des adieux publics et émus de la directrice…c’est bien simple, sous l’émotion, les larmes ont à nouveau coulé. Les miennes donc, pas celles des filles. 9 ans dans cette école qui a vu passer L’Ado et GeekAdo aussi, ça m’a fait quelque chose…