Le billet précédent titrait » Singapour, un autre monde ». En arrivant au Japon, je me dis que j’aurais pu garder ce titre pour Tokyo!
Depuis des années, je suis très curieuse de voir un bout de Japon de mes propres yeux. L’idée de ne rien comprendre à ce pays m’attire et m’effraie à la fois. Dès le vol pour Tokyo, avec les hôtesses qui nous parlent en chuchotant, qui s’inclinent en permanence sans jamais se départir de leur sourire, on se dit qu’on va aimer les Japonais!
Arrivée à Tokyo
La plupart des gens qui vont au Japon sont de grands fans, connaissent les bases des coutumes japonaises et ont préparé leur voyage. Nous, on n’a rien préparé et on sent bien qu’un minimum est nécessaire. On se rappelle que notre arrivée en Inde sans préparation avait été un peu « chaotique », alors on potasse en vitesse un guide papier dans l’avion. On regarde quel est le taux de change, dans quel quartier on va loger, quels sont les moyens de déplacements, etc. Cela nous parait un peu compliqué, les multiples cartes ne sont pas vraiment claires, l’adresse de l’hôtel est incompréhensible. On sort de l’avion convaincus qu’on va galérer. Benoit commence par retirer de l’argent. Le distributeur est très obéissant! Un bon point! Depuis notre mésaventure au Sri Lanka avec les cartes bloquées, on a toujours un moment d’appréhension devant ces machines. Et d’un coup, le doute » C’est quoi, le change? Merde, je n’ai pas retiré assez! » Moi, je confirme » Ben oui, on aura juste de quoi payer le train et manger 2 jours! » Avec tous les pays traversés et leurs différents taux de change, on a remarqué qu’on se mélange un peu les pinceaux en arrivant dans un nouveau pays avec toutes ces divisions et multiplications…. Benoit retourne devant le distributeur, retire 10 fois plus pour réparer son erreur. Re-moment de doute « Mais non, j’ai retiré beaucoup trop ! » On vient de retirer en liquide plus que le budget prévu pour tout le voyage au Japon!!! Ça commence bien! Le japon nous rend déjà fébriles. On va chercher le billet de train pour rejoindre notre quartier de Tokyo qui est à plus de 60 kms de l’aéroport Narita. Nous avons la chance d’avoir une employée qui parle anglais. Tout est clair. On rejoint notre quai sans encombres. On reste concentrés sur le moniteur au dessus de nos têtes. Quand notre train arrive, on n’est pas sûrs à 100 % mais on monte. Les affichages intérieurs alternent entre le japonais et l’anglais. On reconnaît la station où on doit descendre, c’est parfait! Hormis une valise qui est partie à l’aventure à travers le wagon grâce à ses roulettes, notre voyage de presque une heure s’est bien passé. Reste à sortir nos grosses valises par les 3 immenses escaliers pour rejoindre l’extérieur! Il faudra vraiment voyager léger la prochaine fois! ;-) Le quartier est très vivant, c’est dimanche en fin de journée. Malgré une adresse incompréhensible, on trouve notre hôtel grâce aux talents d’orientation de Benoit! On est fiers d’avoir relevé le premier défi! À peine arrivés dans la chambre, nous ressortons pour manger : deuxième défi! Pas de problèmes pour trouver un restaurant, il y en a partout!
Par contre, savoir quoi manger, c’est une autre paire de manches! On choisit un des petits restos de rue. Notre serveuse ne parle pas anglais, alors on montre les photos du menu. On choisit 2 menus sans prendre trop de risques. Je me retrouve tout de même avec ma hantise: un bol de tripes. On joue le jeu de la découverte, on mange tout, même la soupe d’algues! Tout! Avec notre voisine de table thaïlandaise, on s’amuse de nos difficultés pour se faire comprendre de la serveuse! Elle aura 3 boissons différentes avant d’obtenir ce qu’elle veut! Depuis notre arrivée en Asie il y a deux mois, l’anglais est notre salut! Si les Japonais ne parlent pas trop anglais, ça va être « sport » Un peu plus loin, on s’offre un dessert de trucs gélatineux. Deuxième défi relevé: on est rassasiés! Arrivés dans la chambre, on est heureux et excités de ce premier contact! Je teste les toilettes avec les différents jets : un se dirige vers l’avant, un vers l’arrière et on peut choisir la pression! Je pousse des cris à chaque tentative. C’est un des trucs qui m’intriguait au Japon! Pas de musique sur celui-ci! Dommage! Je passe ensuite un moment à lire des trucs sur le Japon et je regarde quels sont les expressions essentielles en japonais. Ça ne va pas être simple! Benoit a une longueur d’avance sur moi. Grâce à un court séjour à Kumamoto, il sait dire « arigato gozaimasu » ( merci) avec le ton parfait qui fait illusion. les Japonais le regardent et semblent impressionnés! Bon, quand ils continuent en japonais, tout le monde éclatent de rire! C’est un bon début mais pour la conversation, il faudra attendre un peu!
Le quartier de Asakusa
Nous avons choisi ce quartier du Nord-Est de Tokyo pour ce qu’il conserve du Vieux-Tokyo. Notre hôtel se trouve au cœur des rues piétonnes qui quadrillent le quartier.
Partout où notre regard se porte, il y a de la nourriture! Beaucoup de restaurants avec les plats en vitrine. Ils ne sont pas pris en photo mais reconstitués en cire. Le résultat est vraiment réussi! On ne peut pas dire que c’est vraiment joli mais c’est pratique pour les étrangers. Et le prix est le seul truc lisible!
Dans notre quartier, se trouvent beaucoup de confiseries. Que des trucs inconnus pour nous! On choisit en se fiant à l’aspect visuel mais pour la composition, c’est la surprise en croquant dedans! La couleur est rarement une indication fiable : ce qui est vert n’est pas à la menthe! Le marron n’est pas du chocolat, etc… On a fait de nouvelles découvertes chaque jour.
Ces confiseries attirent beaucoup le regard mais ce ne sont pas les seules. On ouvre grand les yeux! Tout est nouveau! Le grand jeu est de deviner ce que vend telle ou telle boutique.
Certaines vitrines opaques restent des mystères! Perplexe devant une devanture, un monsieur a tenté de m’expliquer ce que c’était. Son anglais était très limité et j’ai compris : » danse traditionnelle » « 3 heures » » hommes- femmes ». J’ai décidé que ce devait être un spectacle de travestis! :-/
Dans la rue, on croise des personnes en kimono; ce sont des jeunes, des vieux, des femmes mais aussi des hommes. Ils sont très beaux! Notre seule réserve : les chaussettes avec les tongs! Non, mais vraiment, c’est pas possible, ce truc! L’épidémie vietnamienne est arrivée jusque là!
Il semblerait que ce soit une tenue d’été : le Yukata ( plus léger et plus simple qu’un authentique kimono).
Dans la rue, on croise aussi de jeunes hommes en mini short qui promènent les gens avec leur pousse pousse. Quelques animations…
À chaque moment de la journée, l’ambiance du quartier est différente. Tout est désert le matin jusqu’à 9h. On peut alors admirer les devantures des magasins fermés qui ne manquent pas de créativité.
Dans la journée, C’est assez calme en dehors des rues piétonnes. Plusieurs rues sont en fait des contre-allées désertes.
Le temple Senso-Ji
C’est le plus ancien temple bouddhiste de Tokyo. Il aurait été fondé en 628 par trois pêcheurs qui ont remonté dans leurs filets une statue en or de la déesse Kannon et qui ont édifiés le temple pour la protéger. C’est un espace ouvert qui comprend plusieurs bâtiments et où on accède par plusieurs entrées. C’est un temple vraiment ouvert sur le quartier. Tout le site a subi incendies et bombardements et a été reconstruit dans les années 50 et 60. L’entrée principale est garnie d’une immense lanterne rouge sous laquelle tout le monde posent en photo.
La foule était bien présente lors de notre visite. En fin de journée, le site est calme et particulièrement beau. On recommande ce moment pour la visite ( et les couleurs!) Le bâtiment principal attire tous les visiteurs: occidentaux curieux mais aussi les Japonais qui prient, font des voeux. À plusieurs endroits du site, un petit cérémonial permet de faire un voeu et de recevoir une prophétie.
Je n’ai pas vérifié pour les autres mais ma prophétie est TOP! Tout va aller mieux et même super bien! On me dit que mes voeux vont se réaliser, que faire un voyage est bon et plein d’autres trucs vraiment sympas! J’adore!
Malgré les nombreux visiteurs, le site garde tout son charme. La végétation est partout entre les bâtiments.
La pagode à 5 étages trône avec majesté.
En quelques mètres, on rejoint les rues piétonnes et l’intense activité des boutiques.
Le Sky Tree
Près du temple de Senso-Ji, un peu à l’extérieur de Asakusa (de l’autre côté de la rivière) se trouve un immense bâtiment en forme d’antenne qu’on ne peut pas rater : le sky tree.
Avec ses 634 mètres, c’est une des constructions les plus hautes du monde. Et bien-sûr, nous y sommes montés pour avoir une vue panoramique de la ville! Deux points d’observation : un à 350 mètres et l’autre à 450 m. Dans un pays hautement sismique, c’est juste une folie d’y monter mais après ma belle prophétie, on est invulnérables! On n’était pas les seuls kamikases ce jour-là : une foule super impressionnante se pressait. On nous a dirigés vers une file spéciale pour étrangers. Tu attends moins mais tu paies plus cher! Une super organisation à la japonaise pour nous diriger vers un des ascenseurs qui monte hyper vite sans sentir aucune vibration! Belle technologie! On s’est arrêtés à 350 m. (plus haut, c’est plus cher!). On a une vue panoramique mais malheureusement, le temps n’était pas assez clair pour qu’on puisse apercevoir le mont Fuji!
On réalise qu’on se trouve dans la plus grande ville du monde! Nous nous sentons tout petits au milieu des 43 millions d’habitants…
La rivière qui sépare le Sky Tree du quartier de Asakusa permet une promenade assez agréable : d’un côté, les tours avec la sculpture « étron d’or » faite par Philippe Starck et de l’autre une promenade, avec des cafés et des aires de jeux pour enfants. On peut aussi prendre un bateau à l’allure très futuriste.
Le palais impérial
Quand on regarde la carte du centre de Tokyo, on voit clairement une zone à part : le palais impérial et ses jardins. Bien qu’on nous ait dit que c’était pas possible, de bon matin, nous avons voulu rendre visite à l’empereur et prendre un thé. Bon, on a fait chou blanc! On a dû se contenter de marcher autour de l’immense domaine. Même le jardin de l’Est normalement ouvert était fermé exceptionnellement ce jour-là. Quelques photos pour immortaliser cette marche avec d’un côté de hauts buildings et de l’autre de grands arbres :
Sur une grande esplanade, se trouve le pont Ishibashi où tous les touristes japonais se bousculent pour prendre une photo avec une partie du palais royal dans le fond.
Aux alentours, les arbres sont magnifiques. Un glacier devant la statue est le bienvenu pour une pause!
Les quartiers de Yakana et Ueno
Au Nord de Tokyo et assez près de notre base de Asakusa, se trouvent deux quartiers que nous avons explorés à pied. Tokyo est immense avec 23 arrondissements tous très différents. Nous avons privilégié les quartiers traditionnels où on peut se promener à pied, que ce soit dans des ruelles ou des parcs. On a volontairement zappé les quartiers branchés et ceux dédiés au shopping.
À Yakana, il y a de petites rues, avec de jolies maisons. Même les bus ont du style!
Ça et là, on se retrouvait face à un temple, de jolies statues ou un pan d’histoire du quartier. Beaucoup d’élégance et de sérénité à Yanaka!
Nos pas nous ont ensuite portés vers le grand parc de Ueno. De grands arbres qui apportent de la fraîcheur. Une chanteuse lyrique. Des temples et pagodes…
Près d’un temple, on peut inscrire un voeu sur de petites tablettes en bois suspendues. On s’est amusés à en lire certains en différentes langues. Plus sérieusement, en face, un mémorial commémore le drame de Horoshima et Nagazaki. Une petite flamme est encadrée par de multiples origamis suspendus.
Le parc a plein de recoins où flâner, méditer…
Un grand lac fait partie de ce parc. Une partie entièrement recouverte de feuilles de lotus ( et quelques fleurs roses) et une autre où on peut faire du pédalo-cygne.
Le quartier entre le parc de Ueno et Asakusa est assez moderne. Les affiches publicitaires géantes occupent l’espace. On est tout de même étonnés de pouvoir aussi facilement et agréablement se balader à pied dans cette ville. Chaque quartier a une ambiance propre et on ne sent pas vraiment que c’est une mégalopole.
Nos baptêmes du feu au Japon
Le Japon est clairement dépaysant. La communication donne lieu à quelques gesticulations. On n’a donc pas été épargnés mais globalement, nous sommes assez fiers de nos premiers pas au Japon: pas de catastrophes! Et même de grandes réussites! Jugez plutôt :
- On a testé plusieurs restaurants en mangeant à peu près ce qu’on voulait. On a beaucoup aimé le bar à sushi tournant.
Assez facile de comprendre! On choisit ce qui passe et nous parait sympa. Le prix est affiché donc on n’a pas de mauvaises surprises. Il suffit de compter ensuite les petites assiettes de différentes couleurs pour connaître le total. On a l’impression de ne pas avoir commis d’impairs. Un autre restaurant nous a posé un peu plus de problème : Des menus en japonais sans photos et des plats individuels avec des photos pas très claires. La carte! Les menus! - On a pu acheter 2- 3 trucs utiles : un médicament dans une pharmacie ( sans parler anglais!) et d’autres produits dans un supermarché! Tout nous semblait bizarre mais avec un peu de temps, on a trouvé ce dont on avait besoin!
- J’ai testé toutes les fonctions des toilettes partout où je suis allée. Vraiment très drôle! Le siège chauffant, le bruit de cascade, les différents jets….. Je maîtrise! On doit absolument importer ça en Europe!
- On s’est déplacés en métro. On a su se faire comprendre pour acheter le bon ticket et ensuite, on avait le nez collé sur la carte comme un Indien d’Amazonie qui viendrait pour la première fois en ville. Pas d’erreur. On est toujours arrivés à la destination voulue.
Espérons qu’on soit aussi doués demain car nous allons prendre le train pour Kyoto! On vous en parle très vite!
.