En arrivant au Sri Lanka, je ne savais pas du tout que nous mettions alors les pieds à Ceylan. Ceylan, vous connaissez, le fameux thé de Ceylan? Véritable atout économique du pays, la culture du thé est une tradition qui remonte au 19ème siècle, lorsque un écossais, James Taylor, eu l'idée de repiquer quelques plans de thé dans le district du Bas Hewaheta.
Ceylan était alors surtout réputé pour sa production de café, qu'il exportait dans le monde entier. L'année 1867 fût catastrophique. Un champignon dévasta l'intégralité des plantations, et cela marqua le début d'une crise qui s'acheva en 1930 avec l'effondrement brutal des prix du café.
En parallèle, se développa la culture du thé. Les plantations s'établirent dans différents districts, et les Anglais, alors colons, mirent vite le grappin sur cette production inespérée pour développer un commerce international, jusqu'alors dominé par les Chinois. La petite idée de James Taylor fût prolifique et l'est encore aujourd'hui. Pourtant ce pauvre type mourut seul, malade et ruiné à l'âge de 57 ans...
La légende dit que le thé est né en 2737 avant JC, en Chine. Quelques feuilles de thé tombèrent dans la tasse d'un empereur qui s'était endormi sous les branches de l'arbre. A son réveil, il découvrit ce breuvage infusé auquel il prit goût. Plus tard, c'est Gengis Khan, le terrible guerrier mongol qui en donnait à ses soldats pour les rendre plus combatifs.En 1894, c'est un Irlandais, Thomas Lipton, qui rachète une partie des plantations de Ceylan, et leur donne un élan plus industriel. Le commerce est lancé, de nombreux navires font la navette jusqu'à Londres depuis Colombo.
Historiquement, ce sont les femmes Tamouls qui s'occupent de la cueillette. Les conditions de travail sont aujourd'hui encore extrêmement pénibles et difficiles. Tout est fait à la main, et le terrain plus qu'escarpé est souvent ardu à parcourir. Les paniers pèsent lourd à la fin de la journée. Et pourtant, nous avons croisé quelques unes de ces cueilleuses, elles sont toujours souriantes, le regard rond et curieux lorsque nous les approchons. Notre guide nous confie que ces femmes rapportent en moyenne 20 kg de thé par jour, pour un salaire inférieur à 5$. C'est très maigre, cela représente environ 2/3 du salaire moyen d'un fonctionnaire.
Les Tamouls composent l'une des deux ethnies dominantes du pays avec les cingalais. Fuyant la misère et la famine d'Inde du Sud, ce peuple minoritaire est en conflit quasi permanent avec le peuple cingalais, chacun essayant d'imposer son ethnie, sa langue et sa culture à l'autre. Plus qu'une simple bataille identitaire, ce conflit a entrainé la terrible guerre civile qui fit plus de 80 000 morts. LA PRODUCTION DU THÉ, TOUTE UNE HISTOIRELe thé de Ceylan a pour caractéristique une couleur cuivrée, avec un parfum piquant et doux à la fois. Le thé que l'on consomme dans le pays, directement issu des usines, n'a rien à voir avec ce que l'on trouve dans les rayons de nos supermarchés. Julien, qui n'est pas un grand amateur de ce type de breuvage, a été tout simplement conquis lors de notre dégustation à l'usine Mackwood.
Le Sri Lanka est le 3ème producteur mondial de thé. La production est divisée en 3 altitudes de plantation, chacune influant sur le goût du thé: les thés de basses terres (0 à 600m) / les thés de plateau (600 à 1300m) / les thés des hauteurs (+ de 1300m)
Les thés de hauteurs (appelés aussi high-grown) sont plus aromatiques et clairs, tandis que les thés de plateaux et de basses terres sont plus forts et donnent un breuvage plus foncés.
La cueillette a aussi son importance, il ne s'agit pas juste de cueillir une feuille, et-pis-c'est-tout. Le thé le plus populaire au Sri Lanka (et celui que nous avons dégusté et rapporté) est l' Orange Pekoe (abbréviation O.P). Il est clair, doux, idéal pour une dégustation de l'après-midi (avec ou sans le fameux nuage de lait). Orange Pekoe signifie, comme son nom ne l'indique pas, que les feuilles sont entières et de moyen calibre. Il s'agit également des jeunes feuilles. Si un " B " (de " Broken ") se rajoute au grade, alors les feuilles ont été brisées à la cueillettes, ce qui donnera un breuvage plus fort en goût, et plus foncé.
C'est lors du tamisage et du triage que se déterminent les différents grades du thé. Pour info, dans nos sachets du supermarché, c'est le plus souvent le Broken Orange Pekoe Fanings que l'on trouve, c'est à dire les feuilles brisées, ou bien encore le " Dust ", ou poussière de thé. L'Orange Pekoe est un thé raffiné, souvent recherché, dont le prix peut vite s'élever lors des enchères du thé. La cueillette la plus fine et la plus raffinée est celle du Flowery Orange Pekoe, composée du bourgeon terminal et des deux bourgeons suivants, devenus dorés lors de la fermentation.
Le terme " Orange " n'a rien à voir avec l'agrume. Il vient de la dynastie néerlandaise Oranje Nassau, comme un hommage rendu par les Hollandais, premiers importateurs de thé, à leur famille royale.Voilà, ouf. C'est à peu près ce que l'on apprend lors d'un voyage avec notre guide depuis Nuwara Eliya. Et en Anglais-Cingalais, s'il vous plait. Pardon? Mon voyage, c'était quand? Il y a deux ans. Et? Si je me rappelais de tout ça? Bien sûr, ma bonne dame, qu'est-ce vous croyez? Non, j'avoue, j'avais oublié tous ces détails sur les différents grades du thé. Pas évident à comprendre quand on vous l'explique en plus dans une autre langue. Il n'en reste pas moins que la visite était passionnante, pour la grande buveuse de thé que je suis. Enfin, sachez que même si vous n'êtes pas grand amateur de ce breuvage, une visite dans les plantations vaut le coup d'oeil!
ADRESSESMackwood à 5km de Nuwara Eliya
Halpewatte, à Ella
Blue Field Tea, Nuwara Eliya
Uva Halpewathatha, à 6km d'Ella, avec possibilité de s'y rendre à pied via la route, puis les jardins et rizières pour atteindre la fabrique.
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