The AGA, the heart of the English Kitchen


Si vous n’avez jamais mis les pieds dans une cuisine anglaise traditionnelle, vous ne connaissez peut-être pas les AGA, Aktiebolaget Gas Accumulator. C’est une sorte de piano de cuisine-four-chauffe eau tout en un qui trône dans les cuisines campagnardes ou qui font semblant de l’être ou celles des célébrités de William-and-Kate à David Cameron en passant par Paul McCartney et bizarrement Gérard Depardieu. Ça a dû s’exporter. Il n’y a pas qu’eux qui possèdent une AGA, c’est une aspiration pour beaucoup d’anglais. 

 The AGA, the heart of the English Kitchen 
Télégraph.co.uk

Le monstre ressemble à ça, en version moderne. Et encore, là, c’est la bête de taille moyenne, il y a beaucoup plus énorme. Le design de la chose n’a pas évolué d’un iota depuis son invention en 1922 par un scientifique suédois coincé à domicile après une experience de chimie malheureuse. Comme il n’avait pas assez fait de dégât comme ça, il a eu l’idée saugrenue d’assembler des fours entre eux. Il faut bien s’occuper. On peut se demander ce qu’il lui a pris quand même, c’est curieux comme passe temps.  Il paraît que c’était pour aider sa femme à cuisiner et en même temps sécher ses chaussettes plus vite. L’idée a enthousiasmé les anglais qui s’en sont emparés et ont commencé à produire des AGA de façon industrielle en 1929, non plus bricolées avec trois bout de métal qui traînaient.  C’est devenu un emblème des cuisines anglaises et une des marques fétiches britanniques. 

A part le côté decoratico-nostalgique, une  AGA, ça chauffe et pas qu’un peu. On sent de suite le truc facile d’utilisation et pratique à déplacer, puisque c’est en fonte. Les puristes (on ne rigole pas, il y a même un festival annuel des AGA en septembre. Je ne pense pas qu’ils y assistent avec leur fourneau de 3000 tonnes sous le bras) vous diront que la chose doit rester constamment allumée. Au départ, elles fonctionnaient au charbon. Il y a plusieurs plaques, divers fours (pour le pain, rôtir, griller…). Traditionnellement, les AGA chauffaient l’eau des maisons et par extension la maison elle-même, même si elles n’étaient pas reliées au chauffage central. C’est à dire qu’on cramait littéralement dans la cuisine et qu’on se gelait dans les chambres, mais c’était le bon temps, ma bonne dame. 

La bête vous coûtera entre £2795 pour un modèle ridicule, une AGA bonsaï, à £11775 pour un modèle pro, comme ont tous les chefs célèbres qui se respectent. Aucun chef télévisuel ne pourrait se passer de la photo promotionnelle devant son AGA. L’AGA rassure, c’est un gage d’authenticité, de britishness, d’eau chaude, de souvenirs d’enfance ou d’un temps perdu depuis deux ou trois générations, et de  repas trop cuits mijotés pendant des heures .  L’Aga représente la country kitchen  par excellence, la cuisine de campagne comme dans les magazines de déco , version chic et plus ou moins bobo. D’ailleurs, malgré ce que soutiennent les acharnés de L’AGA, ce n’est pas du tout écolo, loin de là. Un four standart n’utilise que 2,6% de l’énergie dépensée pour faire fonctionner une AGA (ça n’a rien à voir, mais depuis le début, j’ai décrété que c’était féminin, je n’en sais rien, AGA est neutre en anglais. Ça fait féminin je trouve, peut être à cause de la fonte…enfin bref, ça me plait comme ça.) 

Dans notre recherche de maison, on est tombé sur une cuisine avec une authentique AGA bien plus vieillie que moi qui effectivement servait pour l’eau chaude. J’avoue que le monstre m’a fait peur. Je ne partage pas forcément le romantisme AGAiens de mes amies anglaises. Cela dit, dans notre ancienne maison j’avais un  modèle tout électrique qui ne faisait que cuisinière. Aujourd’hui j’ai juste un four et une plaque normaux, et bien j’avoue, ça me manque. Vivent les country kitchens! 

(Ce n’est pas un billet sponsorisé, je n’en fais pas. Mais bon si les fabriquants veulent m’en offrir une, je ne dis pas non. Cela dit, ça m’étonnerait fortement qu’ils se manifestent)