Let’s move!

Publié le 30 juin 2015 par Pomdepin @pom2pin

Je crois que j’ai déjà parlé une ou deux fois de déménagement…ça va, je ne vous ennuie pas trop? C’est la dernière fois! Non pas que mon expérience soit captivante, mais parce que le système anglais est particulier, jusqu’au dernier jour. Après des mois où rien ne se passe et où acheteurs comme vendeurs peuvent se rétracter autant qu’ils veulent, juste comme ça, pour jouer un peu, une fois les contrats échangés, tout est bon…sauf qu’on est tenu de vendre et d’acheter, mais on ne dit pas quand. Il faut fixer une completion date, jour effectif de changement de propriétaire et de déménagement. Avant ça, vous savez que vous allez acheter une maison, vous êtes même obligés de le faire, mais ça peut prendre des années (oui, bon j’exagère légèrement mais c’est l’idée.)

J’étais donc parfaitement sereine vendredi matin, au milieu de mes cartons (Marichéri, qui a fait une grande  partie de l’emballage précise: les 70 cartons. Et des gros…). Les déménageurs avaient promis d’être là à 8h30. Je prenais tranquillement un dernier café, dans une grande sérénité et un vieux pyjama quand ils ont donc débarqué avec une heure d’avance. Ils ont attaqué de suite: 

-appelez votre avocate pour mettre la pression, il nous faut les clés de la nouvelle maison le plus vite possible.

-oui, mais là, c’est fermé et elle dort probablement encore…

-il faut la bouger, sinon, on n’aura pas les clés avant ce soir et vous ne pourrez pas déménager avant lundi. Vous allez vous retrouver à l’hôtel pendant tout le week end. 

Tout va bien je suis calme. Ils ont ensuite entrepris de démonter les meubles avec une logique et un sens de l’organisation remarquable. Je veux dire que leur technique très particulière mérite d’être soulignée. Ils ont commencé par enlever trois  vis sur une armoire, en haut, puis démonter un pied de la table, coincée avec un carton, puis démonter un demi lit…j’étais toujours parfaitement sereine, au secours Marichéri , ils font n’importe quoi! Sur ce, ils ont chargé une dizaine de cartons pris totalement au hasard dans plusieurs pièces (alors que j’attendais avec mon aspirateur et en pure perte qu’ils daignent en vider une entièrement pour nettoyer). Puis ils sont partis en pause thé, non sans m’avoir demandé pour la 25eme fois de téléphoner à mon avocate. Ça ne va pas le faire, la chaine a pris du retard, vous allez finir à la rue. Youpi.

Le completion Day est très amusant. Les avocats se chargent de tout, sans forcément tenir au courant leur client avant la fin des réjouissances. L’avocat du premier acheteur en bas de la chaine active le premier paiement (il faut donc aussi demander l’accord de la premier banque). Une fois ce paiement reçu par la banque de la deuxième personne dans la chaine, cette première maison change officiellement de propriétaire. Il faut maintenant que le deuxième avocat fasse la même opération avec la deuxième banque au profit du troisième enchainé acheteur et ainsi de suite. Tout doit être impérativement fini avant 14 heures puisque visiblement, les banques sont en vacances après cette heure-là (Marichéri se fait avoir, il travaille beaucoup plus tard que ça lui!). Évidemment,  on était en bout de chaine, donc les derniers à acheter. J’ai passé la matinée scotchée au téléphone avec notre avocate pour connaître la progression des opérations, avec les déménageurs qui me harcèlaient entre deux cartons et trois pieds de chaises chargés n’importe comment dans le camion. Ils y allaient gaiement de tous les scénarios catastrophes possibles. Nos voisins, sortis pour admirer le spectacle aussi. Figurez-vous que leur cousins du Norfolk n’ont jamais eu les clés, et ont perdu toutes leurs économies. La factrice, qui passait pour nous dire au revoir avait mieux, le grand-père d’une connaissance qui a dû abandonner sa nouvelle maison à des squatteurs et ruiné, s’est pendu…j’étais très calme. On a eu un grand moment, quand l’argent de nos acheteurs est arrivé sur notre compte, plus l’argent pour notre prêt. Comme dit Maricheri, on était très riche, mais officiellement SDF. Pendant 50 minutes. J’étais d’une sérénité admirable. 

Et finalement à midi, le coup de téléphone tant attendu est arrivé, on a une nouvelle maison! Les déménageurs étaient tellement persuadés que ça allait coincer qu’ils n’étaient pas du tout prêts à vider les lieux. Du coup, nous non plus, parce qu’un déménageur, c’est quand même très salissant. Surtout quand il arrache gentiment la machine à laver sans penser à défaire les tuyaux avant et qu’il provoque une inondation dans la cuisine. L’eau a rapidement envahi le salon aussi, il n’y a pas de raison, pendant que l’avocat de nos acheteurs, maintenant propriétaire de l’étang la maison nous demandait gentiment de rendre les clés et de dégager fissa. 
Parce qu’une fois que l’argent, tel un saumon aventureux a remonté toute la chaine, les clés font le chemin inverse. Ça doit être sympa pour le premier qui poireaute pendant des heures. J’ai donc lâchement abandonné Marichéri et les déménageurs en plein cours de natation pour aller chercher nos nouvelles clés chez l’agent immobilier. Qui les avait malencontreusement égaré.  » Pas panique, allez à la nouvelle maison, je vous envoie la vendeuse avec tout le trousseau. Et félicitation pour une vente aussi réussie ». Ben voyons. J’ai donc patienté dans le calme, sans ressasser toutes les histoires de squatteurs et de pendaisons, pendant une heure devant notre nouvelle porte qui me narguait, alternant les coups de téléphone avec Marichéri qui cherchait ses palmes et son tuba un plombier d’urgence et avec l’avocat de nos acheteurs qui commençait à perdre patience , bon vous allez les rendre, ces clés? 

Finalement, on a récupéré le trousseau, les déménageurs ont entassé pêle-mêle tout ce qui restait dans le camion, et ont suivi Marichéri. Je suis repartie dans notre ancienne maison pour essayer vaguement d’éponger les dégâts. L’avocat des archeteurs hurlait dans mon téléphone toutes les cinq minutes (et pour une fois ce n’est pas mon sens de l’exagération légendaire qui parle). C’était légèrement boueux dans la cuisine. On aurait dit Glastonbury, mais au moins, ça ne fuyait plus (finalement je vais encourager les enfants à faire plomberie, c’est encore mieux payer que serrurier. £139 pour 5 minutes de boulot, youpi). Les acheteurs ont débarqué avec le ban et l’arrière ban de la famille, la grand-mère impotente, le cousin pas fini, et le beau-frère qui a eu des problème à l’école. Ils étaient décidés à me flanquer dehors manu militari et à récupérer leurs clés coûte que coûte. Euh, le sol de la cuisine est légèrement humide, mais voilà le certificat du plombier, tout est en ordre, voilà vos clés, bonne chance, pardon félicitations! 

J’ai récupéré les filles à l’école et rejoint le reste de la troupe dans notre nouvelle maison, avec un champs en face, un grand jardin avec un cerisier, un pommier, un prunier et d’autres arbres non identifiés. GeekAdo attend avec espoir de voir si ils produisent aussi quelque chose de comestible. Depuis vendredi, c’est la joie, et je suis vraiment sereine cette fois. En avant pour le déballage de cartons! 

Message perso: on s’en serait jamais sorti entre le transport des valises  et autres petites bricoles  oubliées par les déménageurs et surprur le nettoyage sans l’aide d’une copine absolument adorable à qui nou vouons une reconnaissance éternelle, merci mille fois Tata F. (C’est un surnom, son vrai prénom est charmant)