La pause bien méritée au bord de la mer est terminée! À nous, les visites culturelles du centre du pays! Première étape : Kandy et ses montagnes verdoyantes recouvertes de plantations de thé. Oui, mais encore faut-il arriver jusque là…
Comment perdre sa zénitude en une journée sur les routes
C’est plein d’énergie que nous sommes partis de Unawatuna pour rejoindre Kandy. Mais c’est complètement épuisés, énervés, nauséeuse (moi) et hurlant de douleur (Benoit) que nous sommes arrivés à notre hôtel de Kandy! Entre les deux lieux séparés de seulement 220 kms, nous avons subi 7h30 de trajet infernal! Oui, oui, vous faites vos comptes et vous vous dites que la moyenne n’est pas terrible et qu’on a dû le faire à vélo! Eh bien, non! En voiture! Bienvenue au Sri Lanka! Notre chauffeur est arrivé avec un mini-bus qu’il savait aussi bien conduire que moi si je me mettais au volant d’un hélico! J’accélère, je pile, j’accélère, je pile…. Vous voyez le scénario? En plus, les villages traversés sont très embouteillés, on n’avance pas. Nous décidons de prendre l’autoroute pour aller plus vite mais un orage s’abat sur nous. C’est la grande mousson en ce moment. Alors qu’elle nous avait semblé bien timide jusque là, c’est à ce moment-là qu’elle a décidé de montrer toute sa force. Résultat, on roule au ralenti car notre « ami » est très très prudent! On ne voit pas grand chose! Juste un mur de pluie. Quand on sort de l’autoroute, il ne reste que 100 kms. Cela parait cool mais non! On mettra presque 5 heures, dans les bouchons! Je commence à penser que le Sri Lanka est un bouchon géant! Ajoutons que la climatisation a décidé de rendre l’âme! À ce moment-là, ma faim s’est transformée en nausée, je suis énervée contre notre chauffeur que je trouvais pourtant charmant avant. Mais c’était avant sa conduite en a-coups, avant ses coups de fils à sa famille pour régler les problèmes logistiques, avant ses explications tout en longueur sur des trucs incompréhensibles, et surtout avant son anxiété que j’absorbe comme une éponge. On passe une partie du trajet à discuter avec Benoit de la meilleure manière de lui dire que nous ne pourrons pas continuer avec lui les jours suivants sous peine de commettre un crime de sang que nous ne souhaitons vraiment pas! ( et je suis sûre que les prisons sri lankaises ne doivent pas être très accueillantes!). Quand on arrive enfin à l’hôtel après avoir contourné le bouchon géant de Kandy (merci le meeting politique!), Benoit se charge courageusement de parler à notre chauffeur. La discussion est longue à l’intérieur du mini-bus mais se termine en bons termes (moyennant une indemnisation!). Le seul souci, c’est que Benoit, sûrement très content d’avoir réglé la situation, a refermé trop rapidement la porte latérale coulissante … sur son doigt! Arrivée en catastrophe dans les toilettes de l’hôtel pour mettre la main sous l’eau froide! 10/10 sur l’échelle de la douleur! Ma mission : rechercher de la glace et expliquer avec mon plus bel anglais que c’est vraiment urgent et que ce n’est pas pour rafraîchir mon verre de bienvenue mais pour le doigt de mon mari qui a fait une mauvaise rencontre! J’ai répété mon explication à tous les employés de l’hôtel jusqu’à l’arrivée de la glace! Comment se faire bien remarquer à son arrivée : Réussi! Comment avoir un joli doigt violet et les soins de sa femme: Réussi!
Après tout ça, autant vous dire que l’on s’est jetés sur un repas – le premier de la journée à 17h- et que l’on n’a pas visité la ville! Ce sera pour le lendemain!
Kandy et Le temple de la Dent
Kandy est au bord d’un lac, à 500 mètres d’altitude et a un climat relativement frais ( 25°c lors de notre venue).
Kandy est une ville religieuse et sacrée. Son principal lieu saint est le Temple de la dent, construit au XVIII° siècle. Ce sera notre première visite. Notre hôtel étant tout près, nous y sommes allés à pied de bon matin. Les bus garés au bord de la route avaient déjà déversés de nombreux pèlerins que nous suivons jusqu’à l’entrée. La plupart sont pieds-nus et habillés de blanc. Près de l’entrée, ils achètent des fleurs de lotus qu’ils tiennent précieusement en main.
Immédiatement, nous sommes pris dans le flot des pèlerins qui se dirigent tous au même endroit : devant la relique de la dent. Au premier étage du sanctuaire se trouve effectivement une des plus précieuses reliques pour les Bouddhistes, la dent de l’Eveillé, c’est à dire une dent de Bouddha. Elle aurait été sauvé des flammes du bûcher funéraire en 543 av. J.-C. et aurait voyagé entre Ceylan et l’Inde après de nombreuses péripéties. Ce qui est vraiment impressionnant, c’est cette foule qui se dirige vers un lieu précis où on ne peut pourtant rien voir. La relique n’est pas visible mais tous prient et offrent des fleurs dans une ferveur que l’on n’avait pas encore jamais vu.
On se faufile dans la foule. Beaucoup d’enfants sont là et gardent leur curiosité pour les seuls blancs du lieu! Le sanctuaire a quelques décorations et plusieurs autels devant lesquels les gens prient et déposent des offrandes ( fleurs et argent).
Deux choses sont expliquées en anglais à destination des touristes : Ne pas photographier quelqu’un qui tourne le dos à Bouddha et ne pas sentir les fleurs offertes en offrandes. Le deuxième affichage m’a sauvée d’un impair! J’allais justement sentir les pétales de jasmin!
Le sanctuaire se trouve au centre d’un domaine où tout le monde se déplace pieds-nus dans les cours et jardins.
Certains se lavent les mains et les pieds dans une fontaine. D’autres allument des bougies dans un lieu dédié…
Plusieurs bâtiments se trouvent autour du sanctuaire. La salle d’audience est ouverte avec 65 colonnes en bois sculpté. C’est ici que les chefs kandyens ont ratifié la cession du royaume à la couronne d’Angleterre en 1815.
Un bâtiment qui a attiré notre attention est le Pavillon de Rajha. Celui qui est à l’honneur dans ce pavillon est le patriarche des éléphants de Kandy. Oui, un éléphant dont la dépouille est conservée en taxidermie, derrière une vitrine et devant lequel on vient se recueillir. Cet animal sacré qui portait la relique de la Dent lors des fêtes religieuses a eu droit à des funérailles nationales en 1988! On n’a vraiment pas d’équivalent en France!
Autour du temple de la dent se trouvent d’autres temples dont les quatre dédiés aux divinités protectrices de la Dent. Des pèlerins jettent des fleurs dans le lac qui jouxte le domaine.
Nous retrouvons alors la ville: ses beaux bâtiments et sa circulation infernale. Les agents de circulation ont fort à faire!
Bilan de la visite au Temple de la dent : on ne découvre pas vraiment des merveilles esthétiques ou architecturales ( comme nous en avons vu dans nos visites précédentes en Inde ou au Vietnam) mais elle permet de prendre conscience de la ferveur des bouddhistes Sri Lankais , en étant acceptés dans leurs recueillements.
Les plantations de thé
Un autre intérêt de Kandy est d’être cerné de plantations de thé. Nous avions beaucoup lu sur la région de Nuwara Elya plus au Sud et nous pensions y aller mais l’enfer de la circulation nous a fait revoir tous nos plans, en limitant les trajets trop longs. Depuis Kandy, un nouveau chauffeur nous a permis de sortir en quelques minutes de la ville et de nous retrouver sur d’étroites routes de montagne et devant des paysages complètement sauvages. De grands arbres, une végétation luxuriante. On s’arrête devant des jackfruits ( jaquiers en français d’après Google!), les plus gros fruits qui poussent sur un arbre ( entre 1 et 25 kgs!) et aussi les fruits les plus chers ici.
Très rapidement, on grimpe à 1000 mètres et on a une vue sur les vallées et la chaîne des Knuckles à perte de vue. Sur la route, une première fabrique de thé. Nous hésitons à la visiter mais le prix d’entrée nous fait plus penser à un attrape- touriste qu’autre chose. On continue la route.
On ne vous expliquera donc pas tout le processus de production du thé qui demande beaucoup de savoir-faire mais on peut vous montrer un plant en gros plan ;-) !
À 30 kms au Nord de Kandy ( et plus d’une heure de route), nous arrivons à Madulkelle. Les chemins très étroits sont sillonnés de tuk tuk qui emmènent des jeunes gens aux matches de cricket. Charmant le stade, non?
Notre destination est une plantation vraiment difficile d’accès. C’est dimanche et il n’y a presque pas de cueilleuses dans les champs. Ces femmes Tamouls travaillent 6 jours/7 pour un salaire de misère. On ne leur en voudra pas de se reposer ce jour-là! On en aperçoit juste quelques unes que la pluie n’interrompt pas et des personnes qui auraient bien l’âge de se reposer.
On est venus jusque là parce que s’y trouve un magnifique hôtel. Son concept est le « gampling » (le camping de luxe) au cœur des plants de thé.
Nous y avons fait juste une halte pour son panorama exceptionnel et sa cuisine issue des produits du potager. Un régal pour les yeux et les estomacs! Un lieu magique vraiment zen. On apprend que son propriétaire est un Français de Lyon! Monsieur a du goût! Si les « chambres » sont chères, son restaurant n’est pas plus cher que ceux qu’on a testés précédemment au Sri Lanka. Une bonne adresse!
En repartant, on admire la vue sur les plantations de thé. Même sous la pluie, c’est prenant!
Demain, nous poursuivons la route plus au Nord vers Dambulla pour visiter les sites du triangle culturel.