Arras semble bien discrète à côté de Lille, la capitale de la région. Moins bruyante, elle n'en reste pas au moins patrimonialement riche, peut-être même plus que sa grande soeur. Arras fait partie de ces villes qui sont un musée à ciel ouvert. Surtout qu'au Moyen Age, elle fait partie de ces villes incontournables avec ses étoffes qui s'arrachent chez les plus grands. Il est résolument temps de la réveiller.
Les maisons s'alignent avec opulence
Pourquoi dans le top 3? Une discrétion qui cache bien des trésors
La Grand Place, la place des héros, la carrière Wellington, le beffroi, l'abbaye Saint Vaast ou le Main Square festival. Les raisons ne manquent pas de venir à Arras. D'abord, son passé médiéval la rend unique et les maisons qui défilent le long des deux superbes places rappellent la richesse opulente des marchands. C'est là aussi qu'est né et a vécu Adam de la Halle, un trouvère ou pour faire plus simple un compositeur et poète de langue d'oil au Moyen Age. Ses paroles sont parfois très grivoises dans une ville qui aimait la fête et où les chansonniers et les farceurs aimaient se défier. Il finira sa vie à la cour de Naples comme quoi la ville a su extraire de ses entrailles de beaux talents. La ville s'était développée autour de l'abbaye Saint Vaast qui est aujourd'hui un des plus beaux musées des beaux arts et j'aime toujours flâner autour de son cloître. Dès lors que les moines ont décidé de prendre leurs quartiers, la ville est devenu l'Arras marchande qu'aime vanter l'office de tourisme, d'abord dévolue à être un grand marché de grains avant de se spécialiser dans les étoffes de laine, très courues par les cours européennes au Moyen Age. Par la suite, les ducs de Bourgogne firent des dons afin que la ville devienne un très grand centre destiné aux tapisseries. Dès lors, les tapisseries connaissent un succès phénoménal et se vendent jusqu'en Italie. D'ailleurs, là bas, les tapisseries anciennes sont appelées arazzi. Les deux places, surement les deux joyaux de la ville, témoignent également de l'activité marchande. En effet, elles avaient été mises sur pavés pour accueillir des grands marchés et une ne suffisait pas. C'est d'ailleurs pour ça qu'elle donne l'une sur l'autre et sont facilement accessibles. Le marché n'a pas disparu et se tient toujours le samedi. C'est aussi là que se tient en décembre, le féérique marché de Noël où des commerçants de toute la France nous allèchent avec leurs spécialités. A cette occasion, vous pourrez même glisser sur la patinoire. Même s'il ne rivalise pas avec ceux d'Alsace, c'est incontestablement l'un des plus beaux marchés de Noël de France.
Les rennes du Père Noël déposent leurs bagages à Arras en décembre
Arras a aussi forgé un bourreau, Robespierre qui guillotinera à tour de têtes durant la Terreur avant de devenir le dictateur sans tête en 1794. Croyez vous qu'il aurait été plus clément avec les Arrageois? Que nenni et même le maire de la ville est passé sous la lame. Aujourd'hui, on peut visiter la maison Robespierre mais le musée qui lui est consacré n'a rien à voir avec le personnage. On ne voudrait pas tout de même rappeler le sang coulé à cause d'un de nos enfants.
Quoiqu'il en soit, le sang s'est déversé sur Arras qui n'a pas été épargné par les combats de la Première guerre mondiale et s'est même retrouvé au coeur de la bataille d'Artois. La ville a gravement souffert et a été presque entièrement détruite. La place et les maisons qu'on peut découvrir aujourd'hui ne sont plus totalement d'époques. Il a fallu reconstruire avec courage et on peut remercier nos amis britanniques de nous avoir soutenus car sans eux, l'issue de 1918 aurait être bien différente. Pour tous les passionnés de cette période, un site plus que d'autres résume les conditions de vie des soldats, les ruines d'Arras et la tactique militaire. Il s'agit de la carrière Wellington là où les Anglais avec l'aide des Néo Zélandais ont creusé un réseau de tunnels pour prendre à revers l'armée allemande. Ce fut un échec mais pour ceux qui voudraient en savoir plus, vous pouvez cliquer ici.
Arras est franchement bien reconstruite et sent bon le propre dans son centre-ville. On la dit souvent léthargique et je lui ai même beaucoup reproché pendant mes deux premières années d'études, y vivant. Seulement, j'ai l'impression qu'elle sort doucement de son réveil et se met enfin à rivaliser avec Lille mais aussi d'autres villes dynamiques de la région. En 2004, la mairie a eu la bonne idée de dynamiser la ville en créant le Main Square festival dont le succès ne se dément plus. D'abord joués sur la Grand Place, le site qui l'acceuille est désormais la citadelle pour des raisons de sécurité. Je ne m'en plains pas car il permet d'avoir deux scènes et l'acoustique y est excellente, ce qui n'est pas le cas de tous les festivals. C'est donc ici que se déversent les bières et qu'on prend de bonnes riffs de guitare dans nos oreilles. Rammstein, Muse, Stromae, Shaka Ponk, Placebo, Depeche Mode, P!nk, Katy Perry, Sting, Gossip, Florence + the machine ... voici quelques noms éloquents qui ont foulé cette scène. Culturellement, Arras veut aussi jouer un coup de poker. Le centenaire de la Première guerre mondiale le lui permet mais aussi le partenariat avec le château de Versailles. Après la magnifique exposition "Roulez Carosses", "Versailles vous fait sa cour" tient toutes ses promesses. 3 autres expositions suivront. Bien qu'ayant déménagé pour Lille, Arras a toujours une place particulière dans mon coeur.
L'abbaye Saint Vaast à la mode versaillaise