Dans la joie et la bonne humeur, vendredi après-midi, j’ai participé à la School fete, la kermesse. Youpidoo. Après des années passées à l’organisation, en tant que trésorière du PTA (Parents Teachers Association), je n’aurais dû être là qu’en touriste, je pensais pouvoir échapper au pire, mais non. J’ai bêtement accepté de faire chanter les élèves en Français. La directrice est très contente d’avoir des cours de français dans son école et veut que ça se sache. Ce fut un échec. Je déteste la kermesse.
Comme d’habitude, il est interdit de faire des photos. Une poignée de parents hystériques sont fermement persuadés que seuls des pedophiles endurcis peuvent vouloir photographier les fêtes scolaires, pas les autres parents qui veulent des souvenirs de leur gamin en train de jouait au quilles ou de leur fille au face painting (maquillage). La Summer fete se passe sur le terrain de foot de l’école, en plein air donc. Pour une fois que j’espèrais un déluge, il a fait un temps radieux…c’est tous les ans la même organisation: il y a une estrade au milieu ornée de fanions, pour les spectacles. Tout autour des sortes d’auvents abritent des stands absolument pétaradants, je vous passe les détails, toutes les kermesses ont les même trucs miteux. Il y a quand même le Bouncy Castle (une sorte de trampoline gonflable géant) qui n’est pas trop mal, et surtout le pilori. Les enseignants se relaient pour se faire enchaîner et bombarder d’éponges détrempées par leurs élèves hilares. C’est le stand qui rapporte le plus! Il y a aussi le barbecue, l’ indispensable buvette, la disco. Cette année, le photo booth, le photomaton a eu aussi un gros succès…et donc, les pedophiles et tout ça…enfin bref, on s’éclate.
Ça a commencé très fort. A trois heures, à la sortie des classes, les volontaires ont dressé une barrière infranchissable le long du terrain de foot, c’est à dire un petit filin. Les anglais sont très disciplinés, non seulement personne n’a resquillé, mais ils se sont spontanément mis en rang pour faire la queue tout autour de la cour avant de pénètrer sur le terrain (gratuit pour les enfants, £1 pour les adultes mais avec un ticket de tombola). La mascotte de l’équipe de foot locale qui sponsorisait le Bouncy Castle saluait poliment tous les arrivants. Comme je n’ai pas cours le vendredi, j’étais dans la queue avec mes trois plus jeunes gamins qui sautillaient. Du coup, arrivé devant la mascotte, alors que Toddler 5 trépignait d’impatience pour rentrer, il a piqué un sprint en sens inverse, totalement terrorisé, avec ses sœurs qui le coursaient, désespèrees de manquer une demi-seconde des festivités inoubliables. Il faut dire aussi que la mascotte est bizarre, je n’ai pas très bien compris ce que c’est comme animal, un espèce de kangourou, avec une tête de poule, des pinces de crabes à la place des bras et une crête de punk sur la tête. Et habillé en bleu, comme un schtroumpf mutant après une explosion nucléaire. C’est normal que l’équipe de Colchester soit nulle avec une mascotte pareille! (L’Ado m’informe que c’est un aigle. Il faut le savoir).
Mes enfants se sont éclatés, gagnant trois gommes Mickey, se bourrant de sucre, rebondissant sur le Bouncy Castle, se bourrant de sucre, se faisant peinturlurer les ongles en mauve vomi de schtroumpf justement (ou la mascotte n’a pas digéré les hot dogs du barbecue? ), se bourrant de sucre, faisant les Guignols dans le photomaton, se bourrant de sucre…pendant que j’agonisais tranquillement de stress. Le signing choir (la chorale qui double les chants en langage des signes, avec PrincesseDiva) a commencé le spectacle. Puis on a eu droit à une sorte de danse de la pluie des 4-6 ans qui fut un échec complet puisqu’ il faisait toujours aussi beau. Pour une raison obscure, le club de jardinage a ensuite interprèté une danse des robots. Peut-etre qu’ils n’avaient pas assez répété, mais l’instit de year 1 qui anime la chose s’est retrouvée à faire le robot toute seule sur scène pendant que les élèves se tordaient de rire derrière. Je m’y suis vue…juste le temps de faire passer le club de danse et c’était le tour des chansons en français. Déjà, j’ai eu du mal depuis plusieurs semaines à convaincre les meilleurs élèves de bien vouloir participer (alors que les nuls qui ne sont pas fichus de dire trois mots correctement étaient enthousiastes et bien là). Ensuite, je chante comme une écrevisse ébouillantée, c’est très spécial. J’ai donc eu beaucoup de mal à les faire répéter …mais bon, il faut y aller, c’est pour une bonne cause , la kermesse récolte de l’argent pour l’école.
Pour ne pas faire comme l’instit-robot, je ne suis pas montée sur scène. Je suis restée devant dos au public, et j’ai même eu l’idée géniale de m’accroupir pour ne pas me faire remarquer ne pas gêner la vue des parents bien sûr…ce fut une erreur. Parce que comme d’habitude, en moins de deux secondes, je me suis retrouvée à faire de grands moulinets avec les bras, style sémaphore sous acide (pour faciliter la chose, chaque classe n’avait qu’un couplet à chanter, sinon, c’est trop long à apprendre) en essayant désespérément d’attirer l’attention des enfants: « les petits, c’est votre tour, non les grands, vous vous plantez, ça c’est le refrain de la deuxième chanson, attention, il faut taper dans les mains, les mains, non les MAINS pas les pieds »…bref, je m’agitais tellement que je suis partie en arrière, et j’ai fini les 4 fers en l’air, dans l’herbe et devant les parents. Avec un peu de chance, ils vont croire que ça faisait partie de la chorégraphie ou que c’est une coutume française…
Voilà. Après ça, j’ai attrapé mes gamins et suis partie en courant, malgré les cris du sous-directeur qui voulait que je fasse un tour au pilori…ça va, question ridicule pour le bien de l’école, j’ai donné, merci. C’est décidé, je ne fais rien pour la kermesse l’année prochaine. Si il faut, pour aider l’école, j’envoie un chèque, mais je ne bouge pas de chez moi.