Jaisalmer, une cité en or

Publié le 20 juin 2015 par Mosaïques @mosaiquesvoyage

Notre road trip au Rajasthan nous a permis de découvrir la ville rose ( Jaïpur), la ville blanche ( Udaïpur) et la ville bleue ( Jodhpur). Il nous manquait la ville d’or : Jaisalmer. Aux portes du désert de Thar, c’est la dernière ville à l’Est avant le Pakistan.

Dans notre boucle autour du Rajasthan, Jaisalmer nous fait faire un long crochet dans des paysages désertiques.

Proche de l’arrivée, on découvre pour la première fois des champs d’éoliennes. À l’entrée de la ville, les camps militaires se succèdent. On n’est qu’à 100 kms du Pakistan et la vigilance est toujours de mise vis à vis du frère ennemi. Je ne peux pas m’empêcher de me dire qu’il doit y avoir encore plus d’hommes dans les rues, et ça, ça ne me réjouit pas du tout! La vue sur la forteresse nous arrache un  » ah oui, quand même! » On a déjà visité un certain nombre de forts au Rajasthan mais on sait en un coup d’oeil que l’on ne va pas regretter le détour...

La forteresse

Jaisalmer a été stratégique par le passé car elle se trouvait sur la route de la soie, des épices et de l’opium. Depuis quelques décennies, elle est surtout connue comme destination touristique et propose des excursions dans le désert. Lorsqu’on arrive dans l’après-midi, il fait 48°c et la balade dans le désert ne nous tente pas! On pense plus à se réfugier dans un endroit frais.

Notre palais de Jaisalmer

Nous découvrons avec bonheur notre hôtel, le Mandir Palace qui a la réputation d’être un des plus beaux palaces du Rajasthan. Eh oui, on met la barre très haut! Mais vous le savez déjà depuis notre coup d’éclat au Lake Palace de Udaïpur! ;-) Le palais appartient à la famille royale de Jaisalmer depuis 300 ans. Une partie de l’édifice est aménagée en hôtel, une autre en musée et le reste abrite toujours le Maharadja et sa famille. Rassurez-vous! Il leur reste un peu de place!

Cour entrée Mandir Palace

Nous, nous avons eu une chambre très simple dans cet ensemble prestigieux et l’immense honneur d’avoir un message de bienvenu dans la chambre de son illustre propriétaire : Raj Kumar Dr Jitendra Singh! Bon, maintenant que l’on sait qu’il y a des maharadjas dans chaque ville, on est un peu habitués mais quand même. Nous sommes les seuls clients de l’hôtel mais nous croisons des visiteurs du musée. Le palace abrite un temple où se rendent des fidèles matin et soir. L’ensemble est un magnifique labyrinthe de portes, de couloirs et de cours.

Les balcons et les auvents sont superbes. Tous les éléments sont richement sculptés. Une tour, Badal Vilas, est la plus haute de la ville ( après la forteresse).

Tour Badal vilas

Le site est beau, propre, calme et fleuri. S’il ne faisait pas si chaud, on s’y prélasserait bien! Dans une cour un peu négligée, des chevaux et des vaches se promènent librement…Même dans un palais, la traite des vaches sacrées est de rigueur!!!

La forteresse

La forteresse a été construite en 1156 par un prince Rajput. Elle a connu plusieurs attaques et a été le théâtre de suicides collectifs. En effet, quand les hommes étaient battus, leurs femmes s’immolaient par le feu! C’est avec cette histoire tragique en tête que nous entrons dans la forteresse par un rampe d’accès et 4 portes successives. Premier étonnement : le lieu est calme (on est en fin de journée), peu de passages, pas de klaxons… Ce n’est pas seulement un lieu-musée : un quart de la population de la ville ( 2000 personnes) vit dans l’enceinte de la forteresse. Les toutes petites ruelles sont plutôt propres et calmes en comparaison des vieilles villes du Rajasthan. C’est un plaisir de s’y perdre. Quelques échoppes, des gens charmants…

… des maisons aux façades sublimes:

La forteresse abrite en son sein des temples Jaïns. Ils ne sont pas en marbre blanc comme ceux de Ranakpur mais de couleur ocre. On reconnaît bien le style architectural et les motifs travaillés sur toute la surface du bâtiment.

Nous nous rapprochons des remparts pour admirer la vue au niveau de l’un des 99 bastions.

Abordés dans la rue par le propriétaire d’un hôtel qui s’improvise guide, nous grimpons sur son toit pour admirer la vue sur le désert. Il est 18h30 et il fait toujours 44°c. C’est beau mais on souffre!

vue sur le désert

Un jeune conducteur de Rick-shaw, du nom de Cool Rahul, nous promet la plus belle vue de la ville. Il nous emmène sur une colline où effectivement la vue est complètement dégagée sur la forteresse et la ville basse.

photo romantique pour faire plaisir à Cool Rahul!

La ville basse

La ville s’est agrandit aux pieds de la forteresse. Beaucoup de stands ambulants et de boutiques…

Une joyeuse anarchie au milieu des rick-shaws, des vaches et des piétons. Les klaxons tout autour de nous sont étourdissants. D’où vient le danger? Impossible à savoir! Notre entraînement porte ses fruits: on parvient par miracle à éviter tous les obstacles, même les cornes des nombreuses vaches sacrées! Visiblement ces dernières souffrent autant que nous de la chaleur!!!

Sous nos yeux, au milieu du tumulte, des demeures magnifiquement décorées (des havelis) que plus personne ne semble remarquer. La plupart sont habitées par des familles modestes, d’autres sont converties en restaurant.

Haveli de Salim Singh

Nous avons visité cette belle demeure du XIX° siècle ayant appartenu à un premier ministre puissant et mal-aimé. Cette haveli avec sa façade imposante se situe à quelques mètres en dehors de la forteresse. Elle est assez haute et l’était encore plus mais le roi aurait fait détruire 2 étages pour qu’elle ne dépasse son propre palais! Ah l’orgueil de ces messieurs!

L’intérieur est très simple et en piteux état. De rares décorations subsistent. Ce qui nous a plu dans la visite, ce sont les explications sur sa construction. C’est en fait un  légo géant. Aucune utilisation de ciment ni d’eau! Toutes les pierres s’encastrent les unes dans les autres comme avec les légos. Des espaces vides étaient laissées dans les murs. On s’inquiète forcément de sa solidité ( il y a plusieurs étages assez hauts!) mais puisqu’elle est debout depuis 300 ans, on peut espérer qu’elle ne s’écroule pas au-dessus de nos têtes! Les habitants des lieux avaient imaginé plusieurs systèmes pour se protéger des intrus : des marches irrégulières et sonores, par exemple. Notre hôte nous a expliqué une foule de choses : le système de communication du propriétaire avec ses 7 femmes par bâtiment interposé, sans émettre de son, le système de douche des femmes, les éclairages, les parfums qui imprégnaient la maison, etc…

la douche des femmes lampes à huile et autres objets utilisés dans la maison

Beaucoup d’ingéniosité à une époque où on vivait sans électricité et où l’eau était rare! La fin de la visite permet de découvrir une nouvelle fois une vue sur la forteresse. On ne s’en lasse pas!

Le lac Gadi Sagar

Un peu à l’extérieur de la ville, ce lac artificiel était le réservoir d’eau de Jaisalmer. Une magnifique porte permet d’entrevoir d’un coup d’oeil tout le site. Des temples et sanctuaires bordent ses rives. Des enfants se baignent. Des jeunes hommes sont réunis à l’ombre. Des barques attendent d’éventuels amateurs…

Les cénotaphes royaux Bara Bagh

Ancien jardin des souverains de Jaisalmer, ce lieu entouré de plaines désertiques abrite les tombes royales. Sous chaque dôme se trouve une stèle  commémorant un sati ( immolation d’une femme). Ce lieu dégage une belle harmonie. Les éoliennes sont assez insolites dans ce décor.

Malheureusement, le site est mal restauré. Plusieurs cénotaphes sont abîmés voire en partie démolis. Vraiment dommage! Le prix d’entrée destiné à la conservation du site n’a pas produit ses effets…

On termine notre visite de Jaisalmer par une balade de fin de journée dans la forteresse puis par un verre sur un toit pour admirer les couleurs de fin de journée. Le vent s’est levé. On sent le désert tout proche!

Bye Bye Jaisalmer!

Prochaine et dernière étape en Inde, une autre ville du désert de Thar: Bikaner