Notre périple au Rajasthan se poursuit au départ de Udaïpur la belle, en direction de Jodhpur, la ville bleue.
Les temples Jaïns de Ranakpur
Une halte à 2 heures de Udaïpur nous conduit en pleine campagne pour admirer des temples Jaïns. Le jaïnisme est une religion née en Inde au X° siècle qui « prône une forme de vie austère afin de favoriser le détachement et la libération du cycle de la réincarnation ». Les Jaïns ont des principes fondamentaux : non-violence, sincérité, honnêteté, célibat/chasteté et non-attachement/non-possession. Ils ont un mode de vie vegan.
En attendant l’heure de visite des non-Jaïns, nous nous sommes promenés dans le site où il est possible de manger et dormir. Les locaux très sommaires et austères contrastent avec la beauté des temples et de la nature environnante. Le lieu comprend 2 petits temples au milieu des arbres, un petit autel …
… et surtout le magnifique temple principal qui déjà de l’extérieur en impose par sa taille! En faisant le tour de l’édifice, on peut admirer ses 4 côtés en parfaite symétrie et la richesse de ses sculptures.
Avant d’entrer dans le temple construit au XV° siècle et dédié à Adinath, nous devons lire un panneau entier de recommandations. Ce sont les mêmes que pour les temples hindouistes ( se déchausser, jambes et épaules couvertes, pas de cuir, pas de nourriture ni de boissons, etc.) avec la précision que les femmes qui ont leurs règles ne peuvent pas entrer! J’espère qu’aucune vérification n’est prévue!
L’intérieur du temple est vraiment splendide et diffère de tous les temples que nous avons visités précédemment. Ce qui frappe tout de suite, c’est le nombre de colonnes. Il y en a 1444 et toutes différentes ! Elles sont richement sculptées. Aucun centimètre n’est laissé sans motif. J’ai commencé à écouter les descriptions des colonnes et je me suis perdue…
Au centre, se trouve la divinité que seuls les Jaïns peuvent approcher. Il y a quelques statues de marbre qui représentent toutes un événement lié à la divinité.
Il règne à l’intérieur une grande fraîcheur. Le lieu est tellement impressionnant qu’on marche sur la pointe des pieds en chuchotant.
La route vers Jodhpur
Nous reprenons la route vers Jodhpur. 4 heures de petites routes entre les villages. La chaleur est écrasante. La population au bord des routes semble dénuée du confort de base : des puits au bord de la route, des maisons minuscules sans mobilier… Et toujours des vaches sur la route qui ont bien compris qu’elles étaient sacrées : elles ne bougent que si elles l’ont décidé ! À nous les slaloms entre les ruminants ! Et parfois un temple apparaît :
Jodhpur
Jodhpur est surnommée « la ville bleue ». Cela ne nous saute pas aux yeux en arrivant. On découvre d’abord le capharnaüm de la vieille ville où on va loger. Piétons, deux roues, charrettes et voitures tentent de se frayer un chemin dans des ruelles étroites. Le concert de klaxons est assourdissant.
Depuis notre hôtel, nous apercevons la tour de l’horloge qui est à deux pas mais aussi la colline où se trouve le fort majestueux, et un grand palais, au loin, sur une autre colline. La vieille ville est effectivement teintée de bleu. Un bassin avec un jet d’eau tente de rivaliser ( sans succès) avec les lacs d’Udaïpur .
La forteresse ( Mehrangarh)
Cette immense forteresse du XV° siècle, juchée sur son promontoire est un haut lieu de l’histoire Rajput et des conflits entre les souverains hindous.
Depuis le bas du fort, on peut monter en ascenseur, ce qu’on a fait car à 9h du matin, il faisait déjà 40°c ! On a alors une vue imprenable sur les alentours et la ville bleue.
Sur le site se trouve un musée qui expose des peintures :
… mais surtout une belle collection de palanquins et de nacelles pour monter à dos d’éléphants.
Nous, quand on est montés au Fort d’Amber, à dos d’éléphant, nous n’avons pas eu ce confort!
Dans ce musée, on a beaucoup aimé la tenue des gardiens et leur grosse moustache!
La classe, le gardien !
Sur les murailles, de nombreux canons rappellent la vocation de défense de ce lieu.
On peut arpenter le sommet de la forteresse …
… et admirer une vue encore plus large sur les environs:
Les gardes jouent de la musique sous un arbre. Une femme s’occupe des jarres d’eau…
Depuis les murailles, on peut poursuivre vers un temple hindou. Une femme s’y rendait en faisant tout le trajet en se prosternant ( allongée, face contre terre, avec les mains jointes au dessus de la tête). Un pèlerinage particulièrement éprouvant dans la poussière et la chaleur…
Le Palais Umaid Bawan
C’est un immense bâtiment de 350 pièces dessiné par un architecte anglais et commandé par le maharadja Umaid Singh qui a régné de 1918 à 1947. Il aurait ainsi voulu donner du travail à la population touchée par la grande famine de 1920. Un grand humaniste, Umaid ! Pour la peine, il a droit à son portrait ici !
Un autre partie du palais est aménagé en hôtel-restaurant. Nous n’avons pas pu y mettre les pieds. La somme demandée pour accéder au restaurant nous a coupé l’appétit ! La famille du Maharadjah a le sens du business !
Découverte de la vieille ville
Notre hôtel est cerné d’une fourmilière impressionnante. Un marché à ciel ouvert autour de la tour de l’horloge semble être le centre de l’animation. On y vend des fruits et légumes mais surtout des épices, une des spécialités de la ville. Des vendeurs rivalisent d’ingéniosité pour nous attirer sur leur stand. Des enfants en haillons réclament de l’argent ou de poser sur la photo.
Quand on s’éloigne un peu, les rues sont plus calmes et la population semble surprise et amusée de nous voir. On admire de près ces fameuses maisons bleues.
Les gens n’ont alors plus rien à nous vendre, juste quelques mots et un sourire à offrir ! J’ai eu le privilège de jouer à la marelle, invitée par un groupe de femmes. Regards et rires comme seul mode de communication…
Un homme tient à nous faire goûter son lassi « à tomber par terre » ( en français!) et nous présente sa collection de billets du monde entier. Des femmes discutent sur le pas de leur porte en préparant le repas.
Des enfants jouent dans la rue et nous saluent d’un « hello ». Une petite fille attend avec impatience devant un stand de glaces locales, à côté d’un tas d’ordures… Une autre facette de l’Inde.
La vieille ville de Jodhpur nous aura plu grâce aux sourires et à l’accueil de ses habitants. La fin de journée sur les toits restera aussi une belle image de cette ville.
Comme toujours depuis le début de notre voyage au Rajasthan, le faste côtoie la misère, la beauté joue à cache-cache avec la saleté, les parfums des épices et du jasmin ne recouvrent pas toujours les odeurs pestilentielles…
Quelque part, on s’habitue, on trouve un rythme dans ce voyage. La chaleur nous accable mais nous apprenons à voir le meilleur de la région.
Prochaine étape : la ville de Jaisalmer aux portes du désert