House game

Publié le 16 juin 2015 par Pomdepin @pom2pin

Maintenant,  je peux vous le dire, si vendredi dernier j’étais énervée comme une puce épileptique en pleine crise de trampolinite aiguë (je sautais partout, hop), c’était à cause de nos  histoires désopilantes d’immobilier (même si la kermesse m’angoisse aussi. Il n’y a pas de raison de rester calme). Bref, c’est officiel on va enfin déménager! Il aura juste fallu 10 mois de stress…Bon, évidemment, il y a toujours des rabats joie, style L’Ado qui font remarquer qu’on n’est pas encore à l’abri d’une catastrophe et que Godzilla peut attaquer la maison et tout détruire. On aura l’air malin, avec nos cartons de déménagement au milieu des ruines. Mais à part une grosse calamité, ça doit être bon. 

 Source 
On a commencé à jouer au House game en septembre, je vous ai parlé de mes relations colorées avec les vampires ignobles  agents immobiliers, ces êtres mi créatures mythologiques (genre serpent à plumes , mais en moins esthétiques et plus hargneux) mi cloportes. (Je sais, il y en a de très sympa, on a même fini par en trouver un dévoué, efficace et compétent. Un seul donc). Je pensais qu’une fois qu’on avait un acheteur, on avait fait le plus difficile. Erreur grave. C’est là que ça devient drôle. J’en ai parlé ici du temps où je croyais encore naïvement que ça se passerait bien. Il y a une chaine d’acheteurs/ vendeurs: A achète à B qui achète à C et ainsi de suite. Personne n’a aucune obligation légale et peut se retirer de la chaine n’importe quand. Plus la chaine est longue, plus elle a de chance de se rompre. Par pur dévouement, on a testé pour vous les aventures désopilantes qui peuvent arriver dans cette fichue chaine. C’est beau, ce don de soi (et de mes nerfs, qui ont lâché au bout de 4 mois). On a trouvé des inconscients pas forcément très futés gens charmants pour acheter notre maison en novembre. On a accepté leur offre (ce qui ne les engageait à rien et nous non plus). Il fallait vite, très vite trouver une nouvelle maison. Je passe sur les horreurs visitées dont celle avec les toilettes en open plan au milieu du salon qui m’a laissé un souvenir épique. L’agent immobilier nous mettait la pression. Il faut se bouger, les acheteurs s’impatientent…tellement que dès qu’on a trouvé une maison qui nous convenait avec un toit, l’eau courante et sans parking de 25 étages à trois centimètres de la fenêtres du salon, nos acheteurs donc ont décidé que finalement, ils ne voulaient plus déménager. Retour à la case départ. Dans la joie. Un instant, j’agonise juste et je reviens…

On a remis notre maison en vente, on a bien sûr perdu celle qu’on voulait. Je nageais en pleine sérénité immobilière. Où est ma kalachnikov, que j’explique la vie aux agents immobiliers (qui nous avaient appâté en jurant qu’en trois semaines, on aurait déménagé, les petits farceurs) et aux faux acheteurs qui ne font rien qu’à me donner de faux espoirs par pur cynisme? Bref, on a fini par retrouvé des ploucs a moitié analphabètes gens adorables qui se sont pris de passion pour notre maison et ont mis une offre qu’on s’est empressé d’accepter. C’était juste en janvier. (J’ai l’air méchante comme ça avec nos acheteurs, mais notre voisine a blêmi quand elle les a vu débarquer. Elle a enquêté avec tact et délicatesse : c’est pas à ça que vous vendez quand même? ). Et donc, on est reparti pour un tour: vite, vous devez trouver une maison de suite sinon on va voir ailleurs. Voilà comment on s’est retrouvé embarqués dans une chaine de 8 maisons. A quelques semaines du déménagement prévu pour tout le monde, elle a bien sûr cassé. D’abord par le haut. Puis par le bas. On a eu droit aux vendeurs mythomanes, qui finalement faisaient juste une bonne blague. Ils  ont mis leur maison sur le marché, mais c’était pour de rire, ils ne bougeront pas. On a eu le divorce acrimonieux, avec madame qui accepte une offre et monsieur qui l’a refusé, et vice versa. Puis qui changent d’avis, tous les deux en même temps donc. On a eu le type qui a la folie des grandeurs et se rend compte au dernier moment que sa banque lui refuse un prêt qui entraînerait un remboursement mensuel de  987649 fois son salaire (Encore la faute des banquiers, ces  gens sont pénibles…euh, Marichéri est banquier, et vous pouviez pas faire vos calculs avant, non?). Nos vendeurs nous ont lâché à cause d’un promoteur immobilier véreux , les acheteurs de nos acheteurs sont partis en vacances, de façon permanente. Un autre vendeur a décidé brutalement que l’offre d’achat qu’il a pourtant accepté ne lui convient plus, au dernier moment, et a demandé une rançon royale  beaucoup plus pour son taudis…On a bien ri comme ça, pendant 6 mois.

Alors qu’on n’y croyait plus (bon d’accord surtout moi), qu’on a mis des offres en pure perte sur 3 maisons, l’agent immobilier qui voyait sa commission s’éloigner à grands  pas par pure gentillesse nous a dégoté une maison libre de suite, mais qui ne nous plaisait pas du tout sur la photo. On a été la voir, pour être poli, parce que nos acheteurs menaçaient de s’immoler par le feu devant notre porte d’entrée, pour montrer leur impatience. Et donc la charmante demeure en question nous a enthousiasmé, on s’est retrouvé dans une chaine de seulement 3 maisons. Notre avocate a remué ciel et terre littéralement (les intempéries de ces derniers jours, c’est elle) pour que les contrats soient signés (ce qui n’engage toujours strictement à rien) et échangés hier (là, par contre plus de retour en arrière possible) en 4 semaines, comme quoi, quand ça veut, ça peut. je maintiens que le système anglais est d’une débilité profonde, d’une certaine originalité, peu pratique. En tout cas, très mauvais pour la santé. 

Alors bon, on n’aura pas de vache dans le jardin. Ni dans le champ derrière, vu qu’il n’y en a pas, mais il y a un champ devant, j’ai espoir. Si je suis un peu moins présente prochainement, ce n’est pas que je suis perdue au fond d’un carton de déménagement (il en faut plus pour m’arrêter), c’est que je n’ai momentanément plus de connexion internet. Il ne reste plus qu’à espérer que Godzilla ne démarque pas…