Noirmoutier en l'île : Marais du Mullenburg (photo Jacques Prou)
Ban Pangkhan en terre de France :
Notre voyage entre Bretagne, Nantes et Noirmoutier fut emprunt d'une certaine routine. Visites de la famille et des amis. Un séjour qui débuta sous de bons auspices et qui se terminera dans un déluge de pluie et de froid. Inévitable, le mois d'avril étant plutôt capricieux en cette période sous le 45ème parallèle nord, n'est-ce pas ?
Je récupérais un visa non immigrant (O-A) valable 3 mois auprès des services de l'ambassade de Thaïlande à Paris grâce à RapidVisa (nous n'allions pas à Paname cette année), une boite de service certes un peu chère mais efficace puisqu'à Amnat Charoen, juste avant notre départ d'Isan, après moult tergiversations, ils n’avaient pas pu me délivrer ma prolongation d'une année en temps et en heure.
Je publiais d'ailleurs sur les réseaux sociaux quelques photos et réflexions sur ce voyage hexagonale :
Les potins du villages :
Ban Pangkhan Songkran 2558 (photo บ้านพันขาง นางาม)
À Ban Pangkhan, la vie ne s'était pas arrêtée pour autant durant notre absence. Deux anciens nous avaient quittés, ce fut aussi Songkran qui fut, à entendre les potins du quartier plutôt mou cette année, très peu de monde ayant fait le voyage au village pour partager le nouvel an Thaï ! Quelques vidéos transparaissaient tout de même sur le net et quelques photos partagés du temple du village où « Tonton » d'Amérique, bienfaiteur du village avait lui fait le déplacement de Fremont Ca. USA pour y faire quelques bénédictions :
Songkran coté rue
coté temple
Je le disais donc, depuis notre retour, l'actualité était la chaleur écrasante qui sévissait sur tout le pays. Les récoltes du « riz intermédiaire », le khao na pang, étaient pliées et les terres de nouveau brûlées et labourées attendaient désespérément les premières gouttes de pluies, que les sols soient suffisamment imbibées pour commencer le repiquage des jeunes pousses de riz qui, elles, attendaient bien alignées dans les nurseries à riz.
Ce qui devait donc arriver, arriva. Le premier juin une déferlante venant du Sud-Est tomba sur Ban Pangkhan. Un déluge de vent, d'eau et de foudre tomba sur le village et alentour. D'ailleurs, à l'heure où j'écris ces quelques lignes la liaison internet n'est toujours pas rétablie. En effet, de nombreux toits, les moins bien entretenus bien-sûr, ont volé en éclat, les tôles ondulés ont tranché les fils électriques et les câbles internet. Ces morceaux de ferrailles jonchaient les rizières à 500 mètres à la ronde, d'autres pendaient sur les fils le lendemain de la tempête. Il faudra donc attendre, « deux jours », il m'a dit le « gârs » qui collecte les abonnements du net : « Deux jours »... mais en Isan, les jours peuvent être beaucoup plus long qu'ailleurs sur la planète ! Nous verrons donc...(lire ci-dessous)
Sur facebook à propos de cette déferlante survenue le 1er juin :
"La dernière fois que j'ai posté, je me plaignais de la chaleur, lourde et intenable... J'espérais la pluie ! Eh bien, nous l'avons eue la flotte, avec un zeste de vent... Un zeste, une vraie tornade... Un déluge...
Le 1er juin vers 17H00, le ciel s'est habillé de noir, cela a duré 30 minutes... Les toits les plus mal lotis ont éparpillé leurs tôles ondulées dans les rizières environnantes ou les ont laissées pendouiller sur les lignes électriques. Le jacquier de mon voisin (presque 10 mètres de haut tout de même) s'est affalé au ras de sa véranda ; il a du sacrément les acquérir ses mérites, mon voisin l'épicier ! L'eau s'est introduit dans les moindres interstices de notre maison, les fenêtres ont claqué, on a tenté de les refermer mais elles voulaient coûte que coûte laisser le vent et l'eau suivre leur route. Les moindres cahutes faites de bambous ont trébuché !
Puis ce fut, le calme plat, le "grain" de folie" était passé. Nous avons épongé après coup, soigneusement, méticuleusement au milieu d'un silence assourdissant.
Ce fut le silence radio : L'antenne pour la liaison internet s'est plié en deux
Tout ça pour vous dire, mon absence prolongée sur la toile !
Le collecteur des abonnements pour Internet m'a dit dès le lendemain : " Dans deux jours, le flux sera de retour !". Pow pow pow... Je n'y ai pas cru ! On le sait tous en Isan, deux jours, c'est l'équivalent de la semaine ! Comme quoi la notion temps..."
Je viens d’évoquer le jacquier chancelant du voisin, je vous propose de voir Ma Dame en pleine action de décorticage de la bogue de ce gros fruit spongieux où se nichent ces petites noix/châtaignes au goût si raffiné et à la fermeté très appréciée de tous.
Enfin pour ceux qui ne supporteraient l'odeur du durian, il y a des solutions à tout !
Source photo fb@page Roi Et
Cette année, j'en ai même vu des hybrides, une nouveauté ? Enfin je n'en avais jamais encore vu sur les marchés.
Source photos fb@ page Roi Et
Dernier conseil, à propos de ce fruit, lorsque vous en mangez, si c'est la première fois, ne buvez pas de bières ou simplement de l'alcool, vous serez surpris de la réaction de votre corps... Ce n'est pas dangereux mais étonnant...
De France, je ramenais aussi dans mes bagages le dernier Fred Vargas, un petit joyau de lecture :
L'actualité du livre, la mienne, fut et est encore la publication de « Un os dans le riz ». Je publiais deux articles : « Un os dans le riz » : dernière ligne droite & « Un os dans le riz » : la parution !. La souscription fut prometteuse, des libraires qui s'intéressent et commandent et un bon retour des lecteurs.
Je vous invite à parcourir la page facebook de « Un os dans le riz, une enquête de l'inspecteur Prik » & le blog officiel de l'éditeur afin de découvrir les dernières actualités liées à la sortie du polar; les commentaires... Et des fois que vous ayez une envie de le lire (si ce n'est déjà fait) le site de la librairie en ligne de Gope éditions.
« Un os dans le riz » aura aussi permis de faire de nouvelles rencontres, farangs en voyages ou installés comme moi en Isan sont venus à la maison pour une dédicace ou pour le récupérer. Un moyen de lier des amitiés. Merci à Sami, André et Fernand de votre visite.
On a pu aussi fêter l'anniversaire de la grande, Tan, 20 ans déjà, première année d'université bouclée, parée pour la seconde à Ubon. La rentrée sera pour début août !
Tangmoo, le jour du Visakabucha : Coupe réglementaire pour la rentrée ?
Quant à Tangmoo, nous serons à peine arrivés de l'hexagone pour accomplir « sa rentrée » des classes. Le 16 mai, tout le monde, profs et élèves allaient pour nettoyer et aérer les classes et le 18 mai, il pouvait en compagnie de ses camarades monter pour la première fois de l'année les couleurs. Tangmoo rentre en Po 3 cette année, l'équivalent du CE2-CM1 en France (équivalent puisque en Thaïlande les enfants font six années de primaire.).
L'allocation de rentrée (eh oui, cela existe aussi ici) était de 550 baths, pas grand chose lorsque l'on connaît les prix des uniformes : le kit pour une tenue pour un jour ordinaire - chemise (avec broderie du nom de l'école et du nom de l'élève sur la poche-poitrine) / pantalon-short / ceinture / chaussettes (exit les chaussures dont le prix est largement à plus de 200 baths) - sort dans les 450 / 500 baths mais cela permet pour ceux qui n'en ont pas les moyens de payer au moins un uniforme neuf à leur progéniture quand pour d'autres, je ne les nommerai pas, se gardent bien d'acheter du neuf. Une astuce bien organisée.Le directeur de l'école donne l'argent mais veut une facture en échange, alors un magasin (les autres échoppes aussi...) de Selaphum est pris d'assaut (pourtant les uniformes sont moins chers dans une grande surface), on peut alors acheter une paire de chaussette et la tenancière du magasin écrit vaguement sur la facture « uniforme » et pause l'addition de 550 baths minimum (action impossible à faire en grande surface, la facture est marqué de ce que l'on a réellement acheté)... L'histoire ne dit pas si le directeur de l'école reçoit une rétrocommission, mais ce serait mal à propos de ma part de l'écrire, n'ayant aucune information sur cette éventuel tour de passe-passe.
Rentrée des classes à Bangkok : Grosse fatigue ! Source photo@Underexpose
Les amis... (l'ami Dario).
Lorsque nous sommes revenus, nous avons eu aussi la tristesse de voir mon Dario dans de sales draps. L'actualité nationale a ressassé deux trois accidents où des cyclistes se sont fait renverser par des automobilistes, la plupart sont morts et les conducteurs incriminés, la plupart « fils de » n'ont pas vraiment été inquiétés par la justice malgré un tollé de l'opinion publique ! Eh bien, Dario, lorsque nous étions en France s'est fait renverser par une voiture sur la nationale 23, entre Selaphum et Roi Et et la chauffard ne s'est bien-sûr pas arrêté ! Et lorsque j'entends dire certains, qu'il l'avait cherché, il était apparemment en état d'ébriété, cela n'empêche pas la personne fautive de s'arrêter et permettre alors au secours de venir plus rapidement. Dans cet accident, une moto a aussi percuté mon ami qui gisait au milieu de la route. Le motocycliste est alors tombé dans le coma est
Reviens-nous vite Dario !
Il va déjà beaucoup mieux, à Breschia...
L'actu' à la sauce JdP de « notre Guénéral »
(et du pays par la même occasion) :
J'ai pu glaner ces quelques informations dans un ordre chronologique auprès des médias thaïs et étrangers à propos de la vie politique en Thaïlande :
Le « Guénéral » poursuit Son travail … de division ? Fermeture temporaire de la chaîne de télévision des « rouges » puis définitive. TV Thai est out !
La commission de réconciliation et Lui-même, le « Guénéral » (je ne cite pas son nom, n'oublions pas que des mots clés (surveillés par une cyber-police) peuvent vous créer de graves ennuis puis sous couvert de la loi sur les crimes de lèse majesté peuvent vous emmener dans une cage qui est loin d'être dorée) ont annoncé un référendum national pour la future constitution... Une « démocratite aiguë » les auraient-ils frappés ?
Par contre, certains mettent en garde le peuple et ceci dès la parution de cette bonne nouvelle :
Déclaration du vice-Premier ministre Prawit Wongsuwon : « il est impossible de rédiger une constitution qui garantisse qu'il n'y aura plus de coup d’état en Thaïlande. »
Lors d'un voyage à l'étranger, Il a annoncé l'organisation de futures élections pour... Le mois de septembre 2016 ! Du coup, Abbhisit et Suthep (pour ce dernier, leader des manifestations contre le gouvernement de Yingluck Shinawatra, premier ministre de l'époque élue (je le rappelle démocratiquement) qui mèneront au coup d'état du 22 mai 2014), ces deux ténors du parti démocrates qui étaient respectivement ancien premier et vice premier ministre en 2010 lors du blocus de Bangkok par les rouges, ont annoncé pour le premier qu'il serait prêt à se présenter encore une fois mais qu'il se retirerait définitivement si les électeurs ne le plébiscitaient pas et pour le second qui avait pris la robe safran après le coup d'état des militaires du 22 mai de l'année dernière, a comme par magie annoncé qu'il tombera l'habit de moine pour briguer un nouveau mandat...
Source photos Bangkokpost
Le 22 mai : anniversaire du coup d'état !
La loi martiale qui théoriquement n'empêche plus la réunion sur la voie publique de groupes de personnes supérieur à 5, a été remplacée par une sorte de loi fourre tout, la loi 44 qui donne les pleins pouvoirs au premier ministre, loi votée à l'unanimité par une assemblée, je le rappelle, désignée par les militaires. Malgré ce « semblant » de plus de liberté, on ne badine pas avec une éventuelle manifestation pour dénoncer ce coup d'état.
À Roi Et le 28 mai :
Source photo Khaosod
L'armée est intervenue dans deux réunions organisées par les politiciens Pheu Thai (pro-Taksin) qui se rassemblaient dans le nord de la Thaïlande (Roi Et est en Isan (nord-Est), mais peut-être que pour les journaliste de Bangkok tout ce qui est au dessus de la ligne Trat-Saraburi-Les trois pagodes est le grand nord) cette semaine pour discuter de leur défense juridique pour un procès de mise en accusation en instance de certains de leur membres... Alors que l'on parle d'une amnistie général de tous les politiciens à compter de ces 5 dernières années (tiens tiens, 2010-2015)
Fichage des numéros de téléphone :
En ce qui me concerne, c'est fait ! Il faut le faire pour tous ceux qui ont des comptes téléphoniques avec cartes prépayées et ceci avant avant le 1er juillet. Soit-disant pour « faire le tri » des cartes sim en fonctionnement ou non, pour réattribuer les numéros qui ne seraient pas en service, pour prévenir de l'utilisation de téléphone par d'éventuels terroristes mais c'est aussi aussi un bon moyen de ficher tous les utilisateurs de téléphone quels qu’ils soient ! Pour l'anecdote, au magasin AIS de Roi Et, Oy et moi-même, pour enregistrer nos deux numéros et se voir offrir une nouvelle carte sim, cela à prit plus de une demi-heure, alors à ce rythme, la moitié des anciens numéros (voire plus) seront obsolètes ! (D'ailleurs AIS en profite d'essayer de vous fourguer des téléphones qui permettent d'utiliser la 3G parce que soit-disant, ces nouvelles cartes sim sont toutes prêtes à supporter ce débit... Comme si les anciennes cartes ne le pouvaient pas...).
Les Rohingyas, les clandestins d'Asie du Sud-Est...
Source photo @info-birmanie.org
La Thaïlande serait la plaque tournante du trafic de ces populations corvéables ! (De hauts responsables militaires ont d'ailleurs été mis aux arrêts dans ce trafic d'êtres humains !) Le « Guénéral » qui a refusé dans un premier temps de les accueillir, envoyant des navires militaires pour leur distribuer (jeter) de la nourriture en pleine mer! Quoique la Thaïlande serait prête à ouvrir des camps de transit (ce qu'elle a fait depuis) avant de les renvoyer à la frontière ou de les expulser sous couvert qu'ils ne sont forcément pas en règle. Mais que dire des voisins (Malaisie et Indonésie) et du bon cœur que leur impose par principe leur religion (religion d'état!) envers une population de même confession ?
À ce propos, toujours adepte d'un humour toujours limite limite notre « Guénéral » proposait aux Thaïs (et autres) qui s'offusquaient de voir la marine royale repousser ces bateaux de migrants, qu'ils les accueillent chez eux et les remplacent pourquoi pas sur les embarcations en perdition ! Parce que Lui, l'état, n'en voulait pas, trop chers ces pauvres gens, plus cher qu'un conscrit, c'est vous dire toute l'humanité de cet homme !
En conclusion, même si les Thaïs ne le montrent pas, même si le touriste ne le voit pas, ce climat politique opère une vraie chape de plomb sur le peuple, une sorte de résignation qui n'en a que le nom. La réconciliation n'est pas gagnée, loin de là !
Paille Kheundheu...
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