On a droit royalement à une semaine de vacances scolaires en ce moment, pour être de bonne humeur avant d’affronter le dernier demi-trimestre. L’école finit le 21 juillet ici. C’est totalement idiot, les enfants sont épuisés, les enseignants aussi et toute l’école passe le mois de juillet à regarder des vidéos et jouer dans la cour. Mais bon, je mégare. Je disais donc que les enfants et moi sommes en vacances, ce qui nous permet, en toute logique, de commencer les journées plus tot que lorsqu’il y a école.
Les festivités matinales démarrent beaucoup trop tôt, à cause de Marichéri qui prétexte que lui, il va bosser, pour mettre le réveil à des heures indues qui ne devraient même pas exister tellement elles sont indécentes. Il part en catimini juste quand Toddler 5 se met à brailler comme un veau gazouiller harmonieusement en réclamant son papa. Quand il y a école, il faut que je le réveille, mais là forcément, il veut jouer. Comme je suis têtue et que je veux profiter des vacances, même le matin, je le prends avec moi, pour un câlin calme et reposant dans mon lit douillet que je ne veux pas abandonner aussi tôt. Ça lui plait (à Toddler 5, le lit n’a pas encore émis d’opinion). Après une séance de trampoline directement sur mon estomac, et deux ou trois jeux rigolos, dont un qui consiste à donner des petits coups de poings amicaux dans l’œil droit de maman, pour vérifier que non, elle n’a pas ses lunettes, Toddler 5 finit par se rendormir. Ô joie. C’est le moment que choisit la chatte pour pousser la chansonnette, style chanteur de flamenco qui se serait coincé les doigts dans sa guitare, devant ma porte. Elle veut manger, sortir, ou jouer, et c’est urgent…si elle continue à beugler comme ça, elle va surtout apprendre à voler. « Va voir L’Ado! « . Sale bête. Non mais. Je reviens délicatement à côté de Toddler 5 en essayant de ne pas le réveiller.
Les filles passent ensuite à l’attaque, en se disputant comme des poissonnières à la criée, devant la salle de bains, pour aller aux toilettes. Non, mais, si c’est aussi urgent que ça, allez-y au lieu de hurler, espèces de banshees prépubères! Ça fait aussi émerger GeekAdo qui grogne dans un charabia franglais:
– shut up les filles, I want to faire dodo!
-ahaha, t’es nul, mamaaaaaaan, y’a GeekAdo qui parle pas la français….
-ça suffit, le premier qui dit encore un mot, en français, en anglais ou en araméen, je lui fais copier le dico franco-russe, bandes de matinaux! Allez-vous recoucher!
Tout le monde regagne sa chambre en boudant. La chatte attirée par l’animation, revient voir sur le palier. Visiblement, L’Ado ne l’a pas jetée dehors, c’est un tort. Elle a encore faim, et comme elle est très timide, il faut l’accompagner devant sa gamelle et pratiquement lui tenir la patte pendant qu’elle mange. L’odeur de la pâtée pour chat, à l’aube, c’est un enchantement. Beuh. Heureusement, Toddler 5 dort toujours. On va essayer de se recoucher, après avoir éjecté la bestiole amicalement dans le jardin. C’est pour son bien, il faut qu’elle fasse un peu d’exercice avec tout ce qu’elle a englouti. Elle ne se démonte pas et se plante directement sur l’appui de fenêtre de L’Ado qui a sa chambre en bas, et rentre aussitôt. Quel empoté ce gamin! Pendant ce temps, les filles se sont réconciliées et jouent aux Barbies sur le palier. C’est fou ce que ça peut être bruyant une Barbie quand même. Du coup, Toddler 5 ne dort plus du tout, alors que je suis épuisée par mes allées et venues dans l’escalier derrière la chatte. Nouveau coup de poing dans l’œil, cette fois pour s’assurer que je suis réveillée aussi. Il me met d’autorité mes lunettes, à l’envers, une branche dans le nez, l’autre sur le sommet du crâne: « n’en bas » bref, il veut se lever, et donc aller « en bas ».
Comme c’est encore mon petit bébé, je le prends dans les bras pour sortir de la chambre, et me rétamer gracieusement dans un carrosse de Barbie. Je pars en vrille, et en jurant comme un charretier, toujours avec Toddler 5. Pour lui éviter de finir dans le mur, je me sacrifie et me broie le petit orteil sur la porte de la salle de bain, laissée grande ouverte. Toddler 5 n’a rien et il est hilare. Il applaudit à tout rompre et veut encore danser avec maman, ben tiens.
-Vous allez ranger votre bazar!
-Mais mamaaaaan, t’as cassé le Charlotte.
-quoi? C’est qui encore cette charlotte?
-t’es nulle PrincesseChipie, on dit pas le Charlotte, mais la carlosse.
-dégagez-moi votre carlosse si vous ne voulez pas qu’il finisse dehors avec la chatte!
GeekAdo émerge: maman s’il te plait, j’essaie de sleep là.
Sérieusement, je suis au bord de l’amputation du petit orteil, je ne suis pas d’humeur à décoder le franglais de mes enfants. Il me faut un café. Vite. Les filles en profitent pour descendre aussi, apres avoir planqué le carrosse dans la baignoire et réclament leur petit déjeuner. La chatte, qui est rerentrée je ne sais comment, a encore faim. Ce n’est pas possible, c’est un estomac sur patte cette bestiole. Les filles se disputent le bol rose, Toddler 5 veut un petit filou à la fraise en petit déjeuner. Je reste calme. Je sors deux bols bleus pour les filles, en leur expliquant que c’est féministe (c’est quoi le feminisse? C’est un yaourt de petit déjeuner? »), un actimel pour Toddler 5, et je pousse la boîte vide de pizza que L’Ado a gentiment laissé à côté de la machine à café. Ça ira mieux dans un instant. GeekAdo arrive aussi, parce qu’il n’y a pas moyen de dormir dans cette maison de fous, et est-ce qu’il peut débrancher la cafetière pour mettre son iPad à charger pendant qu’il prend ses céréales?
Il est 8 h. L’Ado n’émergera que pour midi. Les 5 autres (je compte la chatte) sont attablés devant le petit déjeuner, dans un silence relatif. Je prends mon premier café, la journée de vacances peut commencer. C’est là que Marichéri appelle pour savoir si les paresseux de vacanciers sont réveillés. Vivement que l’école reprenne.