Mon top 10 Sous terre: N°4: Le palais englouti (Istanbul)

Après avoir visité l'incontournable basilique Sainte Sophie, vous serez étonné de voir une longue file d'attente de l'autre côté de la rue, d'autant que le bâtiment d'extérieur n'a pas l'air de casser des briques. En réalité, ce qui se passe sous terre est bien plus intéressant que ce qui est à la surface. Et même si on nomme ce lieu, le palais englouti, il n'a jamais servi de résidence princière.

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Une forêt de colonnes

Pourquoi dans le top 10? Vous retrouverez la fraîcheur d'une ville suffocant sous la chaleur

Noyons dès à présent le suspense. Le palais englouti a été construit sous le règne de Justinien, surement le plus grand empereur de l'ère byzantine et qui rêvait de reconstruire l'empire romain. C'est donc au VIe siècle que ce lieu servait de ... citerne alimenté par des aqueducs. Et ce n'est pas parce que les Ottomans prennent Constantinople en 1453 que ce lieu fut abandonné. Il alimenta le palais de Topkapi, non loin de là, où se sont succédés les sultans.

L'impression qu'on a en entrant dans ce lieu est difficile à décrire: angoissante et apaisante à la fois. L'eau scintille de mille couleurs grâce aux lumières qui rendent des ambiances très différentes. Ca donnerait presque envie de se baigner dans ce fabuleux spectacle visuel. C'est aussi là qu'il faut être si on veut fuir la chaleur accablante d'Istanbul l'été. Ce qui nous impressionne le plus, ce sont ces centaines de colonnes d'ordre dorique qui s'alignent à l'infini comme une forêt de marbre que rien ne peut briser. Elles portent les voutes telles des Atlas portant la Terre. Et on sait à quel point la tâche est ardue pour elle quand on sait que le tramway court au dessus, menaçant chaque jour de faire s'écrouler l'édifice. C'est plein d'émotions quand on se passionne pour l'histoire car l'héritage byzantin hormis les mosaïques de Sainte Sophie et de Saint Sauveur in Chora a presque était réduit à néant. J'avais eu le même sentiment à Budapest où il ne restait presque aucun témoignage de l'épopée turque. Dommage que dans l'une des villes qui fut la plus cosmopolite du monde, seules les mosquées, les bazars et les palais ottomans semblent conserver. J'exagère en disant cela mais pas tant que ça. Ce qui a protégé ce palais, c'est surement sa situation souterraine. On se croirait dans un site archéologique grec comme une Atlantide recouvert de la destruction. Rien d'étonnant à ce que les similitudes avec l'art grec se retrouvent ici car l'empire byzantin bien que rêvant de restaurer l'empire romain encensait la culture hellène et avait choisi le grec comme langue. Puis on avance et on se retrouve nez à nez avec ses deux gros blocs de pierre représentant Méduse. L'une a la tête sur le côté, les yeux ouverts tandis que l'autre est yeux fermés, la tête à l'envers. Méduse est dans la mythologie grecque, une des trois gorgones, trois créatures si laides que si quelqu'un croise ose regarder leur visage, cette personne meurt pétrifiée. Méduse a la particularité d'être la seule mortelle des trois. On la reconnaît dans les représentations sculpturales où ses cheveux ondulés ne sont autre que des serpents qui s'entrelacent. Aujourd'hui, soyez rassurés, vous pouvez les regarder sans qu'il ne vous arrive rien mais ne vous détournez pas trop de la prudence car le sol est glissant comme l'indiquent les nombreux panneaux. Bien qu'on ne sache absolument pas pourquoi elles sont là, ces images de Méduse avaient pour fonction de protéger ceux qui les détenaient contre le mauvais oeil. Comme si elles avaient aidé à preserver le patrimoine de l'ancienne Constantinople. Le sort de la destruction du patrimoine byzantin est-il conjuré?

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Attention au regard