Francesco Correr est né à Venise le 7 octobre 1676, fils de Lorenzo (1627-1709) et de Pellegrina Gussoni.
Dans le livre, Gli estri del mare, qui lui est consacré, nous apprenons qu’il a embarqué, adolescent, sur un navire de guerre vénitien, parti combattre les turcs dans le Levant, et qu’il a été légèrement blessé lors de combats.
Revenu à Venise, il est élu au Grand Conseil, et dès 1702 est chambellan du Comun, charge qu’il laisse à Girolamo Bragadin en octobre de la même année.
Jusqu’en 1730, il se fait remarquer comme capitaine de la flotte et sa bravoure aux combats, ainsi que son don pour le commandement.
Alors qu’il était en poste à Padoue, il refuse la nomination qui lui est faite de devenir baile à Constantinople. Loin des jeux de pouvoir de la Dominante, il est décidé à abandonner sa carrière militaire et politique et revêtir l’habit religieux des Capucins.
Après avoir consulté le père provincial de l’Ordre, Giovan Maria Zane, qui fut aumônier sur son navire, et après une visite au sanctuaire de Loreto, il reçu les ordres, prenant alors le nom de frère Francesco Antonio.
Il passe ensuite quatre ans dans le couvent de Bassano.
En 1734, à la mort du patriarche de Venise Marco Gradenigo, il accepte d’être le candidat du sénat vénitien, et, il est élu par cette assemblée, le 20 novembre 1734. Le 30 janvier 1735, il est ordonné patriarche de Venise dans l’église du Rédempteur.
Cette élection arrivait à un moment critique de la vie spirituelles à Venise, et le nouveau patriarche, accoutumé à la rigueur stricte des capucins, se rapprocha de la mémoire de l’austère patriarche Pietro Barbarigo, entrant immédiatement en conflit avec l’insatiable soif de divertissements du peuple. Quelques mois après son élection, on disait déjà dans Venise que « per riscuotere il Patriarca era Corraro e per far lemosina si iscusava coll’esser capucino« . Son grand combat, fut de lutter contre le licence et l’immoralité légendaire qui régnait à l’intérieur des monastères féminins. Ses interventions, à la manière militaire et rugueuse, d’un homme peu enclin au compromis, choquèrent à plusieurs reprises la vie alors très calme de la ville. Un des plus grand scandales qu’il eût à gérer, fut celui de la relation entre Maria da Riva et l’ambassadeur de France, le Comte Charles-François de Froulay, qui fit assassiner l’enfant fruit de leur relation.
Son dernier conflit lui fut fatal.
En début d’année 1741 les religieuses du couvent de S. Girolamo entrèrent en conflit avec le Patriarche. Elle eurent recours au Conseil des Dix pour obtenir satisfaction.
Condamné, le Patriarche Correr décida de quitter temporairement Venise et de se rendre dans la palais de famille des Alauta, à Montagnana.
C’est en ce lieu (et non à Venise comme c’est trop souvent mentionné à tord) qu’il est mort, le 17 mai 1741, « in due giorni di colpo apopletico e da certo infiammato vapore » (fièvre et apoplexie). Cette mort soudaine et ses circonstances, ainsi que les symptômes de la maladie ont fait rapidement courir la rumeur que la patriarche avait été trahi par une personne corrompue, envoyée par Froullay pour l’empoisonner. L’ancien ambassadeur n’avait, en effet, jamais oublié les tords subis dans l’affaire dans laquelle il avait été impliqué.
Le corp du patriarche fut ramené à Venise, il eût droit à des funérailles solennelles et fut enterré dans l’église patriarcale.