L’Ado étant en plein exam, il est d’une humeur charmante et égale, pas du tout stressé, serein et confiant…tout le portait de sa mère. Bref, il est légèrement énervé, je me suis dit que c’était le bon moment pour lui montrer tout mon soutien et venir lui poser des questions. Je sens bien que ça lui fait plaisir que je m’intéresse, au fond de lui. Tout au fond. Mais vous savez ce que c’est, les ados sont très pudiques, ils ne savent pas exprimer leurs sentiments. C’est uniquement pour ça qu’il a tenté de m’envoyer balader, pas du tout parce que je le dérange. De toute façon, c’est un enfant très intelligent (c’est moi qui l’ai fait!), il sait très bien que je suis têtue et que ça ne sert à rien d’essayer de résister.
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Alors donc, un exam en Angleterre ça ne se passe pas du tout comme dans mes souvenirs du bac. Évidement mon bac commence à dater un peu. L’Ado, tout à sa joie de me voir envahir sa chambre a tenté une plaisanterie, ahaha, non, je n’écrivais pas sur du papyrus…petit cretin! Les choses ont sûrement du évoluer en France aussi, du coup mon étonnement est peut être totalement dépassé (le premier qui dit: « ben ouais, meuh, t’es vieille, coin » se verra priver de pizza pendant deux semaines, non mais, un peu de respect!). Déjà, il n’y a pas de dissertation pendant 4 heures, mais plusieurs petites épreuves par matière. Une vrai promenade de santé, ces examens (« non, mais coin, ça va pas? C’est super dur! »…petit joueur, va). En langue par exemple, vous avez 4 épreuves de 40 minutes : compréhension écrite puis orale et expression écrite et orale aussi.
Il passe toutes les épreuves dans son lycée pas à l’autre bout de la ville. Ce n’est pas juste pour lui, c’est la norme, chacun passe les examens dans son école. Impossible de se tromper de bus pour y aller (quoique, je devrais me méfier…), de se perdre dans les couloirs d’établissements qu’on ne connaît pas et d’arriver totalement rouge, échevelée et soufflant comme un éléphant asthmatique devant la bonne salle après avoir fait 15 fois le tour, monté trois escaliers, descendu deux rampes et être rentrée dans un poteau sottement situé en plein milieu du préau (c’est un exemple au hasard). Ou de se tromper de salle par pure étourderie: non, ce n’est pas un exemple au hasard cette fois, L’Ado a passé toute une heure dans le mauvais cours avant de se rendre compte qu’il n’avait rien à faire en allemand (il fait italien et espagnol).
Avant chaque épreuve, L’Ado teste sa résistance cardiaque en cherchant partout où il a bien pu ranger stratégiquement sa convocation (dans un carton vide de pizza, sous le coussin de la chatte, dans le coffre à jouets de Toddler 5, voire dans le frigo après un pillage nocturne et clandestin…). Il a besoin aussi de sa carte d’étudiant…j’en ris encore, il s’y croit…on va dire carte de lycéen, ça sera plus correct comme traduction! En tout cas, il n’a pas besoin de papier d’identité comme en France. Je ne sais pas si c’est parce qu’il n’y a pas de carte d’identité ici de toute façon ou si c’est parce que c’est organisé dans son lycée, avec des gens qui connaissent très bien les élèves. Par contre, les surveillants sont extérieurs au lycée, et dépendent du « exam Board » qui organise l’examen et écrit les sujets (il y en a deux ou trois, chaque établissement choisit celui qu’il veut, sans contrainte géographique, comme avec les académies en France).
L’Ado a droit d’amener un stylo et un crayon à papier. Il trouve que c’est un véritable scandale d’interdire les téléphones, mêmes éteints. Ça me rappelle l’indignation de certains de mes camarades en prépa, quand les calculatrices (je ne sais pas si vous voyez, les énormes casio qui faisaient tout, y compris imprimante, radiographie et machine à café?) ont été interdites pendant les épreuves d’histoire et de philo. Les QCM figurent en bonnes places parmi les épreuves, il y en a même des cargaisons. Même en anglais ou en géographie, il y a plus souvent une série de petite questions rapides qu’une longue dissert. Par contre, L’Ado a du rendre deux dossiers en littérature préparés en contrôle continu qui compteront dans le résultat final (dont une nouvelle en forme de pastiche, j’ai trouvé que c’était une excellente éprouve « ouais, mais non, coin, c’est parce que c’est pas toi qui dois le faire, hein. C’est super difficile. Carrément. Meuh »). Il devra aussi rédiger un mémoire d’une cinquantaine de pages cet été. Bref, ça ne ressemble pas du tout à mon bac. San compter que les épreuves sont réparties sur deux ans, les AS cette année et les A levels l’année prochaine.
L’Ado ne fait donc rien comme qui me rappèlerait à mes souvenirs français. D’ailleurs, j’étais tellement stressée pour le bac, que ça m’avait complètement coupé l’appétit . Et bien, ce n’est pas du tout la même chose pour L’Ado. Ce n’est pas possible d’engloutir autant de pizzas…Vivement la fin des examens, ça fera du bien à mon budget courses!