Le jour des morts, ou Hanal Pixán à Mérida

Publié le 03 janvier 2015 par Charlotteailleurs

La mort, ce sujet qui fiche la trouille à la plupart d’entre nous, est loin d’être un tabou au Mexique. On la considère comme un événement naturel et inévitable, elle fait partie de la vie. On la commémore même 3 jours durant, à partir le 31 octobre de chaque année, lors du Día de los muertos. C’est l’équivalent de notre Toussaint, en bien plus festif. 

On avait remarqué des petits stands se dresser un peu partout dans la rue les jours précédents. Des femmes y vendaient des petites têtes de morts en sucre toutes mignonnes, qui faisaient le festin des guêpes et des enfants.

Et puis le jour J est arrivé. Nous venions de quitter Guanajuato pour Mérida, dans le Yucatán, pays des Mayas. La fête des morts est un peu différente d’une région à l’autre. Ainsi, à Mérida, la culture Mexicaine traditionnelle s’est mélangée à la culture Maya. La fête porte ainsi un autre nom : Hanal Pixán (“la nourriture des esprits”). Dans cette région, on pense que les morts reviennent rendre visite aux familles une fois par an. Comme ils font un long chemin pour arriver chez les vivants, les morts sont affamés. Il faut donc leur préparer de la nourriture.

De nombreuses familles dressent de grandes tables dans la rue afin d’accueillir les esprits : on met une nappe, on dispose des photos des êtres disparus, des petites bougies, des fleurs, puis on cuisine leurs plats favoris, comme le pib, une tourte cuite dans des feuilles de bananier, plutôt bonne. Les femmes revêtent le huipil pour l’occasion, la tenue traditionnelle Maya.

La fête commence alors : la rue qui mène au cimetière municipal se remplit petit à petit de ces tables familiales et d’à peu près tous les habitants de la ville pour une procession nocturne et festive jusqu’au cimetière, où l’on ira se balader parmi les tombes illuminées. Nous en avons pris plein les mirettes, ne sachant plus où donner de la tête entre les tables magnifiquement dressées, les déguisements, les maquillages et la musique.

Quelques jours plus tard, un ami Mexicain nous a raconté la variation du jour des morts à Campeche, à 2 heures de Mérida. Au cimetière, on ressort les os des défunts (il faut donc qu’ils soient décomposés), puis on les nettoie un par un, patiemment, en compagnie de la famille et d’amis. On les peint ensuite de couleurs pastels et on les replace avec un linge brodé dans leur boîte. Un récit qui nous a fait dresser les cheveux sur la tête à vrai dire. Quel fossé avec notre culture ! Dans un pays aussi catholique et pratiquant que le Mexique, l’exhumation est donc autorisée, ou du moins tolérée par l’église, pour cette occasion annuelle unique.

Nous avons adoré assister à ce jour des morts, une fête haute en couleurs et pas glauque pour un sou. Une bien intéressante approche que celle de mêler la douleur de la disparition des êtres qui nous sont chers avec la gaieté de la fête, ses couleurs et ses festins.

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The Day of the Dead, Hanal Pixán in Mérida

Death, a scary subject for most of us, is far from being a taboo in Mexico. Considered as a natural and inevitable event, death is part of life. It is even commemorated over 3 days, from October 31st of each year during the Día de los muertos, the equivalent of the All Saints’ day but in a much more festive way.

We had noticed stalls popping-up everywhere around town a few days before. Women were selling cute little skulls made of sugar for kids and wasps to enjoy.

Then, the day arrived. We had left Guanajuato on the previous day for Mérida, capital of the state of Yucatán, land of the Mayas. The Day of the Dead is a little bit different from one region to another. Thus, in Merida, the Mexican tradition is mixed with the Mayan culture. Hence, the celebration has another name: Hanal Pixán (“food for the spirits »). In this region, it is believed that the dead are allowed to return and visit their families once a year. As the journey from the underworld is long, the dead are hungry, therefore families prepare them food.

Many arrange large tables in the streets to welcome the spirits: they put a tablecloth, pictures of the missing ones, small candles, flowers, and then cook their favorite dishes such as the pib, a pretty good kind of pie baked in banana leaves. For the occasion, women wear the traditional Maya dress: the huipil.

Then, the celebration begins: the street leading to the municipal cemetery fills up gradually with these family tables and almost everyone in town gather for a festive procession to the cemetery, where the graves are illuminated. That night was amazing thanks to the beautifully laid tables, the costumes and the music.

A few days later, a Mexican friend told us about a variation of this tradition that only happens in Campeche, located 2 hours south-west of Mérida. On the day before the celebration, families gather at the cemetery in order to excavate the bones of the deceased, if they died long enough. The bones are then carefully cleaned one by one, in the company of family and friends. Finally, they are painted in pastel colours, wrapped in an embroidered cloth, placed in a box and buried back in the grave till the next year. We found this story a bit scary. What a different with our approach to death! Mexico, such a Catholic andpracticing country, the exhumation is authorised or at least tolerated by the church, for this unique annual occasion.

We loved the Day of the Dead in Mérida, this colourful celebration that was, according to us, not creepy at all. We think it is a very interesting approach to mix the pain of the loss to the joy of the festivities, the colours and the food.