Pour cette 29ème édition de la gazette de Ban Pangkhan, nous débuterons celle-ci, parce que nous sommes le 13 avril, par vous souhaiter à toutes et à tous un joyeux Sognkhran (Songkran) 2015 - สนุกสงกรานต์ 2558... Même si nous nous retrouverons, la petite famille (Tan n'a pas encore terminé son année universitaire), sur les terres de France, une partie de nous se trouve toujours quelque part le long de la route qui mène du village à Sélaphum, voire au coin d'une rue de Pangkhan où, en voiture ou à pied, nous devons nous laisser asperger par les enfants d'eau fraîche teintée des couleurs de l'arc-en-ciel... Même si cela ressemble souvent à une gigantesque bataille d'eau, Sognkhran est le moment où chacun bénit l'autre. Un waï et une génuflexion devant les anciens, devant les moines du temples, qui vous laisseront glisser sur la nuque un léger filet d'eau parfumé par les fleurs de jasmin ou du frangipanier, puis en vous relevant, on vous caressera d'un geste rapide la joue afin de vous laisser une petite trace de talc. Le dernier jour, on sortira les représentations du Bouddha de chez soi, sans oublier celles du temple, pour les bénir. Il vous sera alors fortement conseillé d'arroser à votre tour les anciens et les moines lors de la procession finale... Tout le monde pourra repartir des villages, sereins, prêts à affronter une nouvelle année de dur labeur !
Début mars, le 4 plus exactement, il y eut cette cérémonie très importante du
Makha Bucha que toute personne du village suit ardemment. (j'écrivais d'ailleurs ceci sur mon mur facebook :
" Demain sera la pleine lune et le jour de Makha Bucha (Punja (offrande-rituel) de Makha (troisième mois lunaire).
Cérémonie des plus importantes du calendrier bouddhique en commémoration de mille deux cent cinquante dévots venus au Bouddha neuf mois après le premier prêche de Siddhartha à cinq de ses disciples dans les jardins de Sarnath (Le parc aux cerfs, proche de Bénarès-Inde) alors partis "porter" la bonne parole aux quatre coins du continent asiatique... Les cinq disciples avaient donc bien "bossé".
Les temples vont s'habiller de lumière, les fidèles vont Tham Boun (faire des offrandes) afin d'acquérir des mérites, la communauté va se resserrer dans ce moment de communion particulièrement lorsque portant des bougies tous tourneront trois fois autour du "bot" (bâtiment de prière du temple)... Et puis la vie reprendra son cours ! ") Quatre jours plus tard le 8, on célébrait aussi le Khao Pan Khoun, que l'on pourrait traduire par le jour " des milliers de petits grains de riz ", cérémonie qui puise ses origines dans certaines croyances animistes. J'écrivais un article il ya quelques années à ce propos : "
Khao Pan Khon, debout les morts ! ". Tout est une question d'acquisition des mérites puis le soir même de ce jour qui avait débuté au milieu de la nuit, le village s'en allait en procession pour le " Boun Khatin " afin de déposer les " arbres à Baths " au temple !
Pour parler des présages, des superstitions, trois anciens nous ont quitté ces deux derniers mois et comme à chaque fois (enfin, presque), dès le passage à trépas du premier d'entre eux, un couple de corbeaux (c'était plutôt des corneilles, mais il ne faut pas contrarier le discours des anciens) a survolé la maison du défunt pour ensuite continuer leur passage d'ailes au dessus des maisons des deux autres qui allaient alors dans les trois jours qui ont suivis, passer à leur tour, l'arme à gauche ! Je ne surveille pas forcément les déplacements de ces volatiles au plumage noir mais s'ils passent loin de ma rue, j'apprécie tout de même !
Ce fut aussi, en ce mois lunaire suivant le Makha Bucha, la bonne saison pour les mariages, il y eut pléthore à Ban Pangkhan, on remarquera alors celui de Fèry, la fille de Mister Da, notre taulier attitré de Sélaphum depuis mon installation en Isan... Cette petite a bien grandit depuis ces premiers instants où je l'avais vu se faire bercer dans un " pha khao ma " tendu entre deux pics de bois dans l'arrière boutique de ces parents... (un mois auparavant, elle a même eu une petite fille avec Rocco, son mari (ne me demandez pas pourquoi il ce fait surnommer ainsi!))... Eh ! On n'est plus tout jeune ma bonne dame ! Justement...
Je partageais aussi deux nouveaux épisodes de " la gazette du web en vrac ",
Le 19 mars fut aussi le jour où je pouvais débuter la cinquantième année de mon existence (" grosso modo, la fin du premier tiers de ma vie, n'est-ce pas ? " Dit-il sûr de lui !). Bonne bouffe entre amis, petits cadeaux des enfants, puis nous raccompagneront notre grande fille à ses études du coté de Ubon Ratchathani ce qui me permettra d'écrire deux articles à ce propos ! " Thaïlande: Les chaînes de la (ma) discorde ! " et " le numéro 8 puis le 9 ainsi qu'un autre volet de " Thaïlande : Pur Isan ! La page de รักษ์อีสาน รักบ้านเกิด* (2) ". Thaïlande : Au bonheur des mômes ! (et de tous?) ".
Nous arrivions alors à grand pas au premier avril, jour où je publiais un petit article conforme à la tradition de ce jour : "
Thaïlande : Scoop à la une ! ". Mais il est vrai que l'on peut rire de tout mais pas avec tout le monde comme pouvait le dire le regretté Pierre Desproges et à ce propos, on parlera vite fait de la situation du pays, et de " notre Guénéral " qui a bien-sûr été à l'honneur dans mon article !
Un personnage à qui je ne tenterai pas de lui accrocher dans le dos un poisson découpé dans un morceau de papier (comme on pouvait le faire à nos professeurs durant nos années collège & lycée). Il a certes suspendu ce même jour la loi martiale (instaurée depuis le coup d'état du 22 mai de l'année dernière) mais pour la remplacer ( Photo Reuter) par un sombre article de loi, le 44 qui finalement, ne changera pas grand chose à la situation politique du pays, les pleins pouvoirs pour le premier ministre... On dirait bien que nous sommes partis pour un sacré bout de temps en compagnie de " général sourire " !
D'ailleurs, quelques jours auparavant ce premier avril, il n'avait pas hésité à dire lors d'un conférence de presse : "On les exécutera probablement" : quand il a dit cela à propos des journalistes qui ne soutiendraient pas la ligne de la junte au pouvoir en Thaïlande, le général Prayuth Chan-ocha, leader de cette junte, n'a pas esquissé "l'ombre d'un sourire",
rapporte l'agence Reuters. Bien sûr, dans sa bouche, ce n'est pas une question d'accord/désaccord, mais de vérité : "Vous n'êtes pas obligé de soutenir le gouvernement, mais vous devez dire la vérité". Et d'ajouter qu'il n'est pas question, pour l'heure, de lever la loi martiale en vigueur dans le pays depuis presque un an. "
Comme quoi, il faut plutôt faire attention à ce qu'on écrit !
" " "
Avant de nous quitter, lecteurs assidus de mon blog, vous aurez remarqué les nombreux articles liés à la sortie prochaine de mon premier roman, " Un os dans le riz " :
Un os dans le riz : La couverture ! "
Un os dans le riz. Jeff de Pangkhan, l'interview ! "
Un os dans le riz : La souscription jusqu'au 1er mai ! "
Vous avez encore 17 jours, si vous voulez participez à cette aventure éditoriale !
Vous pouvez souscrire ici : Le site de GOPE éditions.
Voici d'ailleurs quatre extraits choisis (autres que ceux proposés par mon éditeur) que j'ai partagé sur la page officielle facebook de " Un os dans le riz. Une enquête de l'inspecteur Prik ".
Crédit photo :fb@Gerhard Veer
" Ce n'est pas parce que Prik était d'Isan qu'il fallait le prendre pour un buffle, il avait plus d'un tour dans son sac. Ce petit blanc-bec de Bangkok était loin de le soupçonner, qu'il se méfie : le buffle pouvait se rebiffer ! Et cela ferait sûrement très mal ! "
http://unosdansleriz.blogspot.fr/" ILS NE S'ENTENDIRENT PLUS PARLER lorsque Sout arriva avec le tracteur ! Jintara Poonlarp, fameuse chanteuse populaire de la région, s'était métamorphosée en Ray Charles, tellement les baffles du tracteur étaient saturés. En descendant du Deere, Sout avait la banane, indifférent aux décibels. Il avait dû s'en enfiler un sacré paquet de verres de lao khao pour supporter un tel volume sonore et arborer un sourire si béat ! Au milieu d'un nuage de poussière, il coupa le moteur et, du coup, Jintara s'évanouit dans la nature, au grand soulagement de Prik et Sou ! "
Découvrez la chanteuse populaire que tout le monde appelle par son prénom, Jintara :
Citation-extrait 3 :
" Il faisait vraiment chaud et des nuages chargés menaçaient, il fallait se dépêcher d'en finir [...] Il restait encore deux allers-retours lorsque Prik, les mains dans la boue, sentit une pierre qui risquait d'endommager sa Ferrari des rizières et l'obligerait sûrement à faire de la soudure sur les lames de la machine.
Stop ! Hurla-t-il. "
Les derniers rebondissements sur le blog de "Un os dans le riz" avant l'édition :
http://unosdansleriz.blogspot.fr/
Crédit photo : MR Bou.
" ILS TRAVERSÈRENT LES FAUBOURGS DE KHON KAEN, mélange disparate de bâtiments modernes en béton et d'anciennes maisons en bois. Au rez-de-chaussée, des échoppes débordaient de toutes sortes de marchandises : ustensiles de cuisine dont des poêles à frire suspendues telles des guirlandes en haut des portes, tuyaux bleus en PVC de tous diamètres, sacs d'engrais et de pesticides en nombre empiétant sur des trottoirs déjà encombrés de charrettes vendant et vantant tout ce que la gastronomie thaïlandaise avait à offrir, sans oublier, au milieu de ces magasins traditionnels, de rutilants concessionnaires moto ou auto ainsi que plusieurs internet café. Les panneaux et calicots publicitaires s'enchevêtraient autour d'installations électriques à faire pâlir un électricien occidental. Pour couronner ce joyeux bordel, la circulation était tout aussi anarchique : parmi des véhicules de toutes sortes, dont des deux-roues extrêmement nombreux, des touk-touk et bus multicolores, les voitures tentaient de se frayer un chemin. Malgré les apparences, tout semblait être en harmonie..."
Morceaux choisis autour de la mousson :
"CE MATIN-LÀ, À PEINE LE SOLEIL ÉTAIT-IL APPARU derrière la bambouseraie géante des voisins, de l'autre côté de la départementale, qu'il fut tout de suite submergé par des nuages venant du sud-est. En moins de dix minutes, on se serait cru retombé dans la nuit. [...] Elle le regardait s'éloigner vers les rizières lorsque la foudre tomba juste derrière la maison. On aurait dit une allumette géante qu'on venait de craquer. Elle fit un bond en arrière. La violence du coup de tonnerre la fit s'accroupir instinctivement, puis avant que le ciel ne remette ça, elle rejoignit la cuisine extérieure pour se mettre à l'abri. Elle n'était pas rassurée, comme à chaque orage. On racontait tellement de choses horribles : l'orage dévastait les maisons, brûlait des gens, tuait des dizaines et des dizaines de pauvres innocents ; jamais elle ne l'avait vu, elle l'avait juste entendu raconter. Certains disaient même que l'orage était la façon dont les esprits, les revenants, exprimaient leur mécontentement envers les vivants. [...] PRIK AVAIT MIS SON AVANT-BRAS DEVANT son visage pour éviter que les trombes d'eau ne le lui martyrisent. Qu'est-ce qu'il prenait ! Il fonçait plein gaz et forcément la pluie lui cinglait la figure de plus belle. Il avait l'impression qu'elle lui transperçait la tête. En moins de cinq minutes, le chemin de terre rouge qui sillonnait entre les rizières était devenu une patinoire. Heureusement, le motoculteur avait des roues tout-terrain qui l'empêcheraient de verser. Il arriva tant bien que mal en vue de la ferme et vit que Sou était déjà prêt."
Crédits photo 1,2,4 JdP / 3 Lolo Guilleux
Un autre ouvrage, numérique celui-ci, publié par mon éditeur m'a paru intéressant, si le désir vous prend de connaître un aspect particulier et peut-être mystérieux du caractère du peuple Thaïlandais, voici l'article que je proposais à propos de ce livre:
" Thaïlande :"sombat phou di" (สมบัติผู้ดี) ou La personne de qualité ".
Nous voici donc encore pour trois semaines en France, nous ne reviendrons à Ban Pangkhan que début mai ! En attendant après notre court séjour dans cette bonne vieille ville de Nantes, nous partons dans les îles, enfin dans une île, celle de Noirmoutier, où nous bullerons au bord d'une plage, sans connexion internet (" C'est possible ? Évidemment! "), où petit, les pieds ancrés dans le sable blond des dunes, mon papa me montrait du doigt l'horizon en me disant : " En face, c'est l'Amérique ", je rêvais alors de traverser cet océan, je l'ai fait plus tard puis à la place de continuer vers l'ouest, je suis revenu en arrière pour ensuite aller à l'est, très loin vers l'est, en Isan... Sans cet horizon lointain qui m'a toujours fasciné où le ciel et la mer ne font qu'un, je n'aurais vraisemblablement jamais arpenté les ruelles de Ban Pangkhan. Ce séjour à Noirmoutier sera donc un juste retour aux sources momentané !