Les fours solaires de Jérôme et consorts.
Atelier de construction de fours solaires en Thaïlande avec et pour des réfugiés* birmans.
L’association MENGLABA que nous vous avons déjà présentée, aide des écoles qui accueillent des Birmans réfugiés, toutes ethnies et toutes confessions confondues. Elle aide aussi financièrement des étudiants, des professeurs et parfois des familles.
À notre arrivée, l’association venait d’acheter un couple de cochons pour une famille de 13 personnes isolée sur un plateau agricole pour démarrer un petit élevage en complément de leurs salaires d’ouvriers agricoles.
Sur ce plateau vivent plusieurs familles d’ouvriers agricoles birmans dans des maisons dispersées dans les champs. Leur unique lien : Une petite école primaire. MENGLABA assure les salaires des deux professeurs de cette école afin de garantir un minimum d’éducation et pour que les enfants ne restent pas seuls chez eux pendant que les parents travaillent dans les champs. Il y a déjà eu des rapts d’enfants (Adoption ? Organes pour “pièces détachées ” ? Prostitution et pédophilie ? Etc.)
Sur ce plateau de centaines d’hectares cultivés, il n’y a que de rares espaces encore boisés et donc très peu de bois, combustible indispensable.
L’idée de Jérôme et de Laurence (relayée par Claude-Alain et Vipaporn, sa charmante compagne) a été de venir les initier aux fours solaires.
Comme quoi les voyageurs savent aussi être généreux.
Mais laissons Jérôme (et un peu Laurence, je crois) nous narrer cette aventure :
J’ai avec un ami vivant entre la Thaïlande et la France une passion commune : la construction de fours solaires. Nous nous sommes donc donné rendez-vous en Thaïlande , à Mae Sot ville frontière avec la Birmanie, accompagnés et soutenus par nos compagnes pour fabriquer des fours solaires… en cartons… sans blague!
Un troisième larron a joué un rôle important : Fernand DEGOTTEX, dit FerDex, ascendant mémorable de l’association “MENGLABA” qui vient en aide aux réfugiés birmans. Il nous a permis d’être en contact avec des groupes de réfugiés* qui vivent loin de tout, isolés et dans une grande pauvreté.
Irène, de l’association MENGLABA, nous a présenté une communauté de réfugiés* birmans qui vivent sur un immense plateau agricole accessible par un chemin de terre de 5 kms particulièrement raviné. Une trentaine d’adultes et vingt-cinq enfants environ formant, fort heureusement, une communauté unie dans l’adversité et leurs difficiles conditions de vie . L’association a aussi payé les matériaux nécessaires à la fabrication des fours solaires (papier alu, verre, colle, cartons).
Ces matériaux peuvent en bonne partie être trouvés dans la rue,
C’est la force de la “récup”!
Mais là-bas, il n’y a pas de rue !
L’atelier d’initiation à la construction de fours solaires a duré trois jours :
Le premier jour, nous avons présenté un four solaire à Kho Kho Saw , le directeur de l’école et nous lui avons fait une démonstration de cuisson.
Il a montré un vif intérêt et bien que la cuisson ne soit pas réussie pour ce premier essai, il m’a encouragé à remettre ça. “Try again”. A-t-il dit.
Le lendemain, nous sommes retournés sur place de bon matin, pour profiter pleinement du soleil de Thaïlande. Pendant que le premier four cuisait du riz, sous la vigilance de Laurence, j’ai commencé, l’atelier sous les regards attentifs de quelques birman-e-s.
Cutters, cartons, papiers alu et colle pour faire la cuve du four, ainsi qu’un
Isolant : des feuilles de maïs et de la fibre de noix de coco ont fait l’affaire.
Pour le couvercle et son réflecteur : une plaque de verre, un peu d’alu, et voilà: “le four est fait,
le tour est joué,
le four est jouet!”
À peine celui-ci opérationnel (la fabrication prend environ 2 à 3 heures),
Ousso, qui semble être le représentant de cette communauté (il est unijambiste après avoir sauté sur une mine et il est père de treize enfants), aidé d’un ami, il a lui-même construit un four.
Pendant ce temps, le deuxième four, fraîchement fabriqué, rejoint le premier où cuit le riz, avec dans le celui-ci, des boulettes de viande aux herbes en papillotes.
Le riz est presque cuit…
Degré après degré, la température grimpe dans les deux fours, ils passent au-delà de cent degrés, entre cent dix et cent vingt.
Vers quatorze heures, nous nous sommes régalés d’un riz aux légumes accompagné de boulettes de viande bien cuite… le bonheur.
Le lendemain, nous avons répondu à une demande bien légitime : un four… mais plus grand !
Eh oui ! Pour une famille de quinze personnes par exemple!
Aidé par Kho Kho Saw et Mucho il fut construit et aussitôt nous avons mis une marmite de cinquante centimètres de diamètre et quarante centimètres de haut à cuire dans laquelle Laurence a concocté un Tom Yam (soupe thaïe à la crevette, à la citronnelle et au lait de coco)… Mmmhhh !
Mucho était ravi et parlait d’en fabriquer plusieurs et même d’en vendre.
Kho Kho Saw, quant à lui, souhaite lorsqu’il retournera voir ses parents en Birmanie en construire pour eux.
Il m’a offert son chapeau, et je leur tire à eux tous, bien bas.
Merci à Irène, Fernand, Claude-Alain, Vipaporn et Laurence.
Merci aussi à nos nouveaux amis birmans, à leur gentillesse, leur écoute, leur patience.
Piore! (Heureux!)
Voici quelques précisions très opportunes que souhaite apporter Laurence, la compagne de Jérôme.
« Sympa les changements d’Irène, bien qu’au final la contribution (financière, technique et intellectuelle) de Claude-Alain soit un peu trop passée sous silence.
Le 2ème jour c’est Porn qui a fait le Tom Yam et Claude-Alain qui a acheté des poubelles pour montrer que d’autres formes étaient possibles.
LE 3ème jour j’ai fait des papillotes car la cuisine Thaï, pas mon fort.
Ensuite c’est vrai, c’est le carton qui semble les avoir le plus interpellés et ton talent d’animateur participatif y est pour quelque chose. (Celui de Jérôme. Note du site.)
Il serait bon de signaler que le 3ème jour, en ajoutant un réflecteur mobile au 1er prototype de four fait avec un isolant en noix de coco, la température record atteinte a été de 140° degré (comme l’échec du 1er jour est évoqué, la réussite du dernier mérite d’être mentionnée elle aussi)
Voilà, en résumé la contribution de Claude-Alain et les 140° seraient à mon avis à citer. »
Dont acte.
C’est à vous que, nous, MENGLABA et ces Birmans qu’on aide tirons notre chapeau.
S’il y avait plus de voyageurs comme vous le monde se porterait probablement
mieux.
Un mois après cet “atelier four solaire”, qu’en est-il ?
J’ai demandé à Irène d’assurer le suivi.
« … pour les fours solaires ils les utilisent pour chauffer de l’eau et les légumes,
mais comme la chaleur monte, ils vont peut être les utiliser pour le riz, le problème qu’ils ont, c’est qu’ils ne sont pas à la maison dans la journée, presque tous travaillent dans les champs, et la cuisson est assez longue quand ils rentrent en fin de journée ils ont faim et pas trop le temps, mais bon, il reste les week-ends et il faut attendre un peu pour qu’ils s’y fassent vraiment… »
* : On a coutume d’appeler ces Birmans des réfugiés, mais en réalité, officiellement ce n’en sont pas. Ce sont des migrants exilés ou déplacés.
Les réfugiés sont, toujours officiellement, les gens pris en charge par le UNHCR et qui pour la plupart vivent dans un des sept camps qui longent la frontière.
Sources: Jérôme, Irène, Laurence, et une petite touche de FerDex
Dominique Degottex Dominique est un voyageur passionné par les voyages et plus particulièrement les voyages en Thaïlande et en Asie, où il vit depuis plusieurs années.Il vous fera partager sa passion du voyage en vous faisant découvrir une Thaïlande pleine de culture et d’émotion.
Il vous fera découvrir la culture de la Thaïlande et aussi voir la sympathie et la gentillesse des gens de ce pays, appelé aussi “Le Pays du Sourire”.
Il a créé le site “Voyage au Pays des Merveilles”, pour vous aider à voyager, à faire voyager et vous montrer un monde sous un autre angle que celui que vous pouvez voir en voyage organisé.
Il vous fera découvrir les plaisirs du voyage et plus particulièrement du voyage en Thaïlande
fours solaires fours solaires de Jérôme et consorts Les fours solaires 2015-03-02 Dominique Degottex