Les Alpes autrement : hébergements insolites, villages abandonnés et merveilles naturelles
Dormir dans un igloo
Plusieurs établissements dans les Alpes françaises ont opté pour cette forme d’habitat polaire. Une liste, possiblement non exhaustive, avec liens cliquables sera le plus commode pour le lecteur :
- Rêves d’Igloos, à Orcières, sur le plateau de Rocherousse, avec balades en traîneau tracté par des chiens en prime, également dans les Hautes-Alpes… et au dîner une riche raclette bienvenue en ces lieux ;
- le village d’igloos du Dou du Praz dit « Black Sheep Igloo », situé à la Plagne, station-phare du ski en Savoie ;
- l’Eco-bivouac© du Semnoz, près d’Annecy, avec cet avantage majeur : ses toits transparents permettant d’observer le ciel étoilé ; une entreprise qui, d’ailleurs, semble avoir séduit, puisque d’autres initiatives analogues ont poussé à Chamonix, également en Haute-Savoie, ainsi que dans le département voisin de Savoie à Pralognan-la-Vanoise et à Saint-François-Longchamp (tous les détails sur le même site) ;
- avec un nom amérindien faisant référence au vent froid descendant de la montagne, le Village inuit Williwaw
- toujours dans le même département, Igloo Réallon, près du lac de Serre-Ponson…
Une bulle, une yourte ou… un tonneau pour une nuit insolite ?
Les Alpes françaises comptent également d’autres logements insolites de divers types – et il convient de mentionner la riche source Hôtels-insolites.com pour son travail de catalogage d’hébergements singuliers.
- Avec son seul nom, Somnidsphere, tout est dit : une bulle transparente de 4 mètres de diamètre en façon de lit, cerclée de végétation et vue sur le ciel, dans les environs de Chambéry, dans l’Isère ;
- Avec un nom rappelant que le génie militaire carthagénois passa par là pour déferler sur le monde romain avec ses éléphants lors de la Seconde guerre punique, « Bivouac Hannibal » est un singulier refuge de randonnée au col Clapier, au cœur d’un paysage rocailleux et désolé, à la frontière entre l’Italie et la France, dans le département de Savoie ;
- Vu en surplomb, l’Atipik Camp a des airs de camp mi-amérindien mi-trappeurs du Far West : un tipi et des tentes aux montures de bois ; l’intérieur, minimaliste, fait la part belle au bois clair ; le tout dans un environnement qui abonde en paysages spectaculaires et à proximité du Mont-Saxonnex (Haute-Savoie) ;
- Cabane perchée, tipi et même bulle : le parc Indiana’Ventures propose, outre diverses activités sur le lac de la Beunaz ou sur ses rives pour les petits et les grands, quelques hébergements insolites, non loin d’Évian-les-Bains et de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), ainsi que de la frontalière Suisse ;
- Si la yourte devient, en se diffusant, un hébergement de moins en moins insolite, en revanche, les deux autres modes d’hébergement que propose le Domaine du Grand Cellier à Tournon (Savoie) : la « tente-sapin », une cabane à 3 mètres de haut abritant une chambre de forme conique, d’une part ; d’autre part, et surtout, un… « tonneau » ! Il s’agit en fait d’un fût de 10 000 litres, qui contenait, jusqu’à 2009, du vin ;
- Non loin de Grenoble (Isère), le Camping du Buisson propose divers hébergements : mobil-home, yourte, caravane, tente-bulle (tente transparente sur pilotis), tente inuit et carabane (entre caravane et cabane !) ;
- Avec ses quatre yourtes et sa cave voûtée arrangée à la mode berbère, Un Air d’Ailleurs est un établissement engagé lui aussi dans une démarche bio, disposant d’un potager et cuisinant essentiellement local (Hautes-Alpes) ;
- Lauréat au prix Innovation Touristique Paca 2013, l’Observatoire des Baronnies provençales, situé à Moyrans (Haute-Provence), est un hébergement dont l’aspect le plus insolite est de pouvoir s’initier à l’astronomie au côté du couple de passionnés qui l’a inauguré en 2012 : le lieu est équipé en effet des deux télescopes privés les plus grands accessibles au public en France, ce pourquoi sont proposées des packs originaux pour découvrir l’univers en façon de planétarium privatisé ;
- Crazy Bulles, situé au Lauzet-Ubaye, près de Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence) propose des nuitées dans des « bulles », tentes transparentes suspendues dans de vastes filets tendus entre des arbres, à quelques mètres du sol : une singulière expérience dans un endroit qui a le mérite également d’être engagé dans une démarche écologique (panneaux solaires, toilettes sèches…).
Le paysage lunaire du désert de Platé
Situé dans les environs de Flaine, petite station de ski du domaine du Grand Massif (vous trouverez des offres de logement sur le site internet de Snowtrex), à plus de 2000 mètres d’altitude, le désert de Platé est un lapiaz de quelque 42km². Un lapiaz, c’est une étendue rocheuse formée par l’érosion – dans le cas du désert de Platé, elle porte l’empreinte géologique de millions d’années, c’est-à-dire l’histoire vivante de la terre et de ses mouvements depuis les périodes du jurassique, du crétacé et du tertiaire. Ce qui est aujourd’hui visible en montagne était autrefois le fond du paléo-océan Téthys, porté sans cesse plus haut par la poussée de la plaque africaine sous la plaque européenne, dont la surrection des Alpes est un effet. Au quaternaire (période géologique qui est encore la nôtre), des glaciers se forment, qui recouvrent cette étendue ; les phases successives de gel et de dégel accentuent l’érosion, accusant les crevasses, failles et anfractuosités qui conspirent au caractère abîmé et désolé du paysage aujourd’hui observable.
En savoir plus : lire la fiche sur le désert de Platé sur Lieux-Insolites.fr, ainsi qu’une approche plus complète sur l’atlas géologique des Alpes françaises.
Le village abandonné de Chaudun (Hautes-Alpes)
Tout petit village situé dans les environs de Gap, Chaudun fut une commune jusqu’à ce que, à la fin du XIXème siècle, les habitants lassés de l’isolement et de l’inhospitalité de Chaudun, dont les premières mentions historiques remonteraient au XIIème siècle, proposèrent à l’État de le racheter. Chaudun est donc racheté 186 000 Francs-or en 1895 : les habitants s’en vont, laissant derrière eux ce village désert, annexé à la proche commune de Gap.
Chaudun est aujourd’hui un point d’étape de randonnée géré par l’Office national des forêts, qui y a reconstruit deux maisons : l’une convertie en maison forestière et l’autre en gîte d’étape ouvert au public.
Lire aussi cet article complet et illustré, sur le site Mémoire du Champsaur.
Sources thermales chaudes de Plan de Phazy (Hautes-Alpes)
Situées sur les communes de Risoul et Guillestre, dans les environs de Briançon, à quelque 900 mètres d’altitude, se trouvent les sources thermales de Plan de Phazy. Ses propriétés thérapeutiques sont connues depuis l’Antiquité (problèmes de peau, d’articulations, etc.) et concurrurent la construction, au Moyen-Âge, de trois hôpitaux construits alors dans les environs. Un projet de station thermale, à ce jour, demeure en dormance depuis les années 1980. La température de l’eau varie de 25 à 30°C et l’accès est libre et gratuit.
Fontaine pétrifiée de Réotier (Hautes-Alpes)
Alimentée par la Saulce, tout comme les sources chaudes de Plan de Phazy à 2 kilomètres de là, la fontaine pétrifiée de Réotier a un air étrange de mâchoire, en raison des stalactites pétrifiées formées par le travail du calcium charrié par l’eau. Une forme singulière qui, d’ailleurs, a généré une belle légende locale :
« Antoine de Réotier était colporteur, car cultiver la terre ne suffisait pas à nourrir sa famille. Au début de l’hiver, Antoine prenait son bagage, achetait sa pacotille et partait en Provence. Cette année-là, quand il partit, sa femme avait le ventre déjà bien rond. C’était pour Noël, lui avait-on dit. Le moment venu, il avait pris le coche d’Apt à Manosque, puis de Manosque à Sisteron. Il y était le 20 décembre, mais le coche pour Gap ne partait que dans deux jours ! Alors il avait continué à pieds. Le temps était sec, froid et beau. Antoine, bon marcheur, fit étape à La Saulce, puis Chorges, et enfin à Gap. Le 24 au matin, passant l’arête de Saint-Alban, il apercevait enfin les crêtes de Catinat. Mais le temps se gâta, de gros nuages noirs s’accumulaient sur la plaine et l’air se radoucissait lentement. A trois heures il atteignit Saint-Clément et avançait au pied des vignes quand la neige se mit à tomber. D’abord tranquillement, les flocons devinrent si drus, qu’Antoine ne voyait rien à dix pas. La neige commençait à lui brûler le visage : « Es pas poussible, tan près de l’oustaou ! »[Source : « Fontaine pétrifiante et fontaine d’eau chaude près de Guillestre, Hautes-Alpes », Frédéric Élie, septembre 2008.]
Ne sachant plus par où aller, il se mit à genoux et dit à peu près ceci : « Notre Dame, il y a 1697 ans votre Fils est né, vous aussi vous avez eu froid, avant de trouver un âne et un bœuf pour vous réchauffer, alors ayez pitié de moi… ». Mais la tourmente redoubla. Son esprit
vacillait quand soudain un coup de tonnerre le fit sursauter. Dans les éclairs il vit un monstre, un énorme monstre, aux dents blanches acérées : « Siou en enfert, es lou Grapelet o Belzebuth ? Maria, maïre de Diou, adjude-mé ! » Perdu pour perdu Antoine, dans un ultime sursaut de courage, tenta le tout pour le tout. Il se leva, scruta l’obscurité, il ramassa une branche morte et avança, décidé à affronter la bête immonde…
La clarté de la Lune commençait à déchirer tout doucement les nuages. Il reconnut la silhouette du monstre terrifiant aux dents tranchantes : la fontaine pétrifiante ! « M’as fa paour tu, sa ! Tu es pourtant bien belle avec ton nez de pierre et tes dents de cristal. Ton grand bassin te sert de miroir par ce temps glacé ! »
Crédits photo : Commons Wikimedia, Michel Coiffard, sites des établissements hôteliers mentionnés.