Je ne fais pas une fixation sur les naissances et les bébés, je rassure ma Maman si elle me lit, j’ai définitivement arrêté de pondre, pas de risque. Mais je viens d’apprendre une bizarrerie grâce à la BBC. Quand on me parle des différences entre mes deux pays, je n’ai jamais pensé que ça concernait aussi la période de gestation (de la femme, pour les souris, je ne me suis pas renseignée. Mais je peux demander à la chatte, elle doit avoir une idée sur la question, elle fréquente parfois des souris). On ne calcule pas de la même façon la date de terme d’une grossesse des deux côtés de la manche. Ici, on rajoute 40 semaines à partir du dernier jour des dernières règles, alors qu’en France, on compte 41 semaines à partir du premier jour des dernières règles. Pourquoi faut-il quelques jours de plus pour fabriquer un petit français qu’un petit anglais?
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Je me suis aussi rendue compte que je n’ai pas la moindre idée de la traduction de « due date », la date prévue pour l’accouchement, il doit forcément y avoir une expression adéquate en français. Cela dit, le terme anglais de due date a un petit côté définitif qui me rassurait quand j’attendais L’Ado (après, j’avais bien compris l’inutilité de la due date ). A la vue d’un gros ventre rond (attention à ne pas confondre avec un physique délicatement dodu, je préviens, je mords!), on vous demande quand le bébé est due (When is the baby due?), comme les impôts. Ça ne rigole pas. C’est la même chose pour une facture à payer, c’est « due » à telle date. Bref, on sent qu’avec les nourrissons anglais quand on dit qu’il faut naître, c’est comme ça, ils ont intérêt à sortir. Mais il y a pire, les anglais demandent aussi à la pauvre future maman: « When are you due? ». Comme si c’était de sa faute. C’est vrai quoi, bougez-vous un peu, et pondez-le à la date prévue, votre gosse!
Et bien tout ça c’est du grand n’importe quoi! Coté français ou côté anglais, malgré les différences de calcul, les due dates ne sont fiables que à 4%. Toujours selon la BBC, 90% des bébés arrivent entre deux semaines avant et deux semaines après fameuse due date. Ah ben, c’est gentil, ça nous fait juste un petit mois de battement. En gros, il arrive quand il veut le bébé, on n’en sait rien. Mais la différence de calcul explique pourquoi les français provoquent un accouchement à une semaine de retard, alors que les anglais attendent jusqu’à deux semaines.
Il y a bien sûr les réfractaires, qui veulent se faire remarquer et faire partie des 10% restants (ou 9% si on ne compte pas les prématurés). Un exemple complètement au hasard: L’Ado, qui s’accrochait encore trois semaines après sa due date. Pas de chance, c’était en Irlande, pays charmant certes, mais hautement arriéré parfois religieux, où on laisse faire la nature (du coup, pourquoi avoir des médecins? Mais je m’emporte). Et comme on m’avait annoncé que L’Ado serait en avance, et qu’il fallait que je me prépare un petit mois avant la due date, j’ai passé 7 semaines de joie à me scruter le nombril, bon, tu vas sortir oui! A la fin, j’étais persuadée de rester enceinte toute ma vie. C’est sûr, il ne sortira jamais. J’en étais réduite à croquer directement des piments arrosés d’hectolitres d’huile de foie de morue en faisant du trampoline. Et puis miracle, un beau matin, la sage femme qui commençait aussi à en avoir marre de me voir tous les jours a constaté que j’avais perdu 2 kilos dans la nuit. Ce n’est pas normal (c’est dommage d’ailleurs, parce que ça m’arrangerait bien, de maigrir comme ça en dormant, au lieu de me tordre la cheville ou de me froisser un muscle dans mon sommeil). On va le faire sortir de force celui-là, non mais. Comme c’était un pays moderne, on déclenchait encore les accouchements manuellement, avec une aiguille. Youpidoo.
Bref, ça fait des années qu’on se moque de L’Ado et de son incapacité à être à l’heure. Mais si il était né en France, il serait probablement arrivé, de gré ou de force, dans les temps. Si j’avais su, ça m’aurait aidé au moins moralement, parce que je déteste l’huile de foie de morue.