Birthday parties war

Publié le 22 janvier 2015 par Pomdepin @pom2pin

Pour ceux qui ne sont pas au courant, (même Lexie au Canada a vu cette news capitale dans les médias sur place, visiblement ça passionne la terre entière) une maman anglaise a envoyé une facture aux parents d’un petit camarade de son fils qui n’est pas venu à sa birthday party, sa fête d’anniversaire (c’est sur sky news ici mais partout aussi). Le père en question se répand dans les médias pour moquer cette maman procédurière. Depuis trois jours, ça captive tout le pays, à croire qu’il ne se passe rien d’autre en Angleterre (c’est pas comme si la vie débridée, voire sordide du prince Andrew ne faisait pas scandale, maintenant qu’il est convoqué officiellement pour témoigner dans une affaire de prostitution de mineure aux US). Les avis sont partagés, au début, c’est clairement le père qui a reçu la facture qui remportait la sympathie de tous. Faut-il être mesquin, retord et malade pour réclamer le remboursement par facture parce que le gamin a préféré aller chez sa mamie plutôt qu’à l’anniversaire! Mais depuis ce matin, on sent un revirement brutal de l’opinion populaire. Le père aurait pu au moins prévenir à l’avance que son fils ne viendrait pas, et s’excuser. Et on commence à en avoir marre de le voir et de l’entendre partout aussi, puisque c’est lui qui a eu l’idée géniale d’alerter les médias.


(source photo)

Les fêtes d’anniversaire ici, ça ne rigole pas, il y a une compétition implacable entre parents (apparemment, il est courant de dépenser £500 pour une partie…ça me ferait mal!). L’important n’est pas que les enfants s’amusent, mais de faire plus original et plus cher que les autres parents. On passe nos week end à courir de birthday parties en birthday parties. Avec quatre enfants scolarisés, ça n’arrête pas, puisqu’il faut inviter tous les camarades de classes (soit 30 gamins en folie, bourrés de sucre au bout de cinq minutes). Chez les petits, la mode est aux centres d’activités style jungle avec bac à balles, comme chez Ikea. C’est très bruyant, parfois d’une propreté douteuse, et très cher. Bref, votre enfant risque d’y gagner des bleus, des bosses, la varicelle, et vous une migraine carabinée. Parce que bien évidemment, on s’attend à ce que vous restiez. On vous colle une tasse de thé tiède et noyée de lait dans les mains, on vous installe confortablement dans une chaise de jardin en plastique trop petite, au milieu des autres mamans et c’est parti pour deux heures de pur bonheur.

Plus les enfants grandissent, plus ça se diversifie. Il y a bien sur le zoo, l’atelier céramique, la disco en patins à roulette, le bowling, le mur d’escalade, le paintball. On a eu droit à un anniversaire bio, avec plantation et récolte de légumes, l’anniversaire artistique, avec prof de théâtre ou celui dans un studio d’enregistrement (chaque gamine ressortant avec un cd de leurs braillements infâmes chansons merveilleuses), l’anniversaire pour nerd (un peu comme un geek, mais qui en plus fait latin et joue aux échecs) au planétarium ou au musée d’art moderne, l’anniversaire nature, avec fabrication de cabanes animé par un ex hippy pas frais, l’anniversaire gastronomique, avec confection de sheperd´s pies dans les cuisines d’un vrai resto. On a eu le karting, l’équitation, le tennis, le foot dans le stade de la ville avec une des vedettes locale…

De mon côté, je préviens toujours, je fais goûter à la française. C’est une tradition ancestrale de mon pays, on ne peut pas critiquer sans passer pour un infâme raciste, et toc! (Non, je n’ai pas honte). Avec chasse aux trésors, art and craft ( ça fait un peu atelier de macramé, mais ça plait beaucoup aux filles. Avec une bonne dose de paillettes, vous pouvez leur faire fabriquer n’importe quoi), et bien sûr cuisine. Qui n’a pas connu la joie de faire faire des cup cakes à 20 gamines hystériques déguisées en blanche-neige par un après-midi pluvieux? Du coup, ça nous a permis de faire refaire entièrement la cuisine juste après. Mais l’anniversaire maison ne nous revient pas beaucoup moins cher ( surtout si vous comptez le nettoyage industriel et le charpentier pour réparer les dégâts ensuite). D’abord, la plupart des mamans mettent un point d’honneur à rester. Il faut donc prévoir aussi thé et biscuits pour elles. Quelque soit l’heure, les enfants font un repas complet, à base de pizza et de poulet rôti, plus un bon semi remorque de sucreries par personne. Et dans un petit coin, des bâtonnets de légumes, pour faire impression devant les autres mamans. Personne n’y touche mais ça fait bien. Ensuite, il faut organiser des jeux, et chaque participant reçoit un cadeau. Il y a les classiques, comme musical chair ( chaises musical), pass the parcel (les enfants assis en rond se passent un paquet. A chaque fois que la musique s’arrête, on défait l’emballage, on récupère un petit cadeau et on continue, jusqu’au cadeau final), musical statues…c’est très bruyant.

On passe ensuite au moment tant attendu du gâteau, qui se doit d’être une œuvre d’art, peu importe qu’il soit immangeable tellement il est sucré. Il y a bien des bougies et tout le monde chante happy birthday. On découpe religieusement la chose …mais personne n’en mange! Chaque part est déposée, enroulée dans une serviette en papier décorée au thème de la fête (princesse, pirate, dinosaure, dépressif tendance psychopathe….) dans les célèbres goody bags. L’industrie d’accessoires pour birthday parties marche d’ailleurs très bien, on commence par vendre des goody bags et on finit beaux-parents du prince William (pour ceux qui se demandaient ce que font les parents de Kate Middleton). Chaque participant reçoit ainsi un petit sac avec toute sorte de cadeaux dedans.

Franchement, contrairement au père qui râle avec sa facture, je suis prête à payer non seulement pour ne pas aller aux parties où mes enfants sont invités, mais aussi pour ne plus en faire chez moi. Au lieu de donner un goody bag à la fin, je veux bien proposer un chèque directement aux parents pour qu’ils ne viennent pas et utiliser les économies restantes pour faire une jolie sortie qui fera vraiment plaisir avec mes enfants.