Cette journée à Bad Saarow fur le résultat d’un projet de week-end hors de Berlin très mal ficelé. Adieu Pologne, Mer du Nord, Rügen, Hambourg et autres destinations charmantes mais trop lointaines pour y partir sur un coup de tête un vendredi soir à 20h.
C’est finalement le dimanche, éclairci par un soleil grelottant, que nous partîmes, destination Bad Saarow. Ce village doté d’une source d’eau curative s’est développé depuis le début du 20ème siècle en une véritable petite ville thermale. Elle se trouve en bordure du lac de Scharmützelsee. Nous avions pris nos vélos, décidés à en faire le tour même si cela signifiait 33 kilomètres de pédalage. Accéder à Bad Saarow est assez simple. Il faut prendre le train régional à destination de Frankfurt Oder et s’arrêter à Fürstenwald pour prendre un petit train très confortable. Nous ne disposions que de 2 minutes pour faire le transfert et avons dû courir d’un quai à un autre, les vélos sous le bras.
Arrivés à la petite gare de Bad Saarow, nous faisons une halte à l’office du tourisme pour acheter un plan du lac (1 euro) et nous élançons sur nos destriers. Nous partons dans le sens des aiguilles d’une montre autour du lac. Bad Saarow dispose d’un petit parc au bord de l’étendue aquatique. Mais ensuite il faut rejoindre la route principale et nous ne longeons que très partiellement le lac ce qui est un peu dommage. Le plus long chemin que nous pouvons emprunter pour profiter du paysage traverse un complexe de bungalows de style suédois où l’on peut séjourner (plus d’infos ici). C’est d’ailleurs là que j’avais voulu réserver mais il était nécessaire de rester deux nuits minimum. Dommage car les bungalows avaient l’air spacieux et surtout ils étaient équipés d’un sauna privé, d’un bain à remous et d’une terrasse. Le rêve pour se détendre au milieu de l’hiver !
Le terrain connu sous le nom de Theresienhof abritait autrefois un moulin à eau qui fut détruit en 2008. Seul bâtiment d’origine, la maison suédoise qui date de 1911. Un fabricant de porcelaine l’avait fait construire en l’absence de sa femme suédoise pour lui en faire la surprise à son retour de voyage. Le dépaysement est garanti : le soleil bas, le ciel intensément bleu, le lac saupoudré d’îles forestières et ces constructions scandinaves.
Il y a aussi de quoi observer sur la route, en particulier les maisons. Les villas d’époque jouxtent les constructions d’architectes des 60’s. De terrifiantes bâtisses édifiées et décorées avec mauvais goût sont les voisines de demeures abandonnées. Nous nous perdons parfois dans des ruelles qui sont des impasses, nous passons par les places de villages désertes, seulement hantées par des cigognes qui ont élu domicile au-dessus de cheminées industrielles, nous croisons une grand-mère à vélo qui traverse la forêt. A l’ombre des arbres on ressent vraiment le froid et l’on aimerait se trouver de l’autre coté du champ encore baigné par la lumière et la chaleur du soleil.
Nous mettons plus de temps que nous pensions à faire le tour du lac. Nous décidons de faire une pause en son point le plus méridional. Sur une île reliée à la terre pas un joli pont de bois, un excellent restaurant de poissons, la Fischhaus Gödicke. Une qualité (et des prix) bien supérieure à ce dont on a l’habitude à Berlin. Autre différence, nous sommes visiblement les plus jeunes de la salle poivrée et blanche. Nous savourons à sa juste valeur cette pause bien méritée.
La reprise de notre balade en vélo est un peu difficile, il s’agit d’une véritable course contre la montre. Plus exactement d’une course contre la nuit qui jette peu à peu son voile sombre sur la campagne. Le coté occidental du lac est bien plus boisé. On ne le voit quasiment plus car il se retrouve caché derrière des propriétés privées et des resorts luxueux avec terrains de golf. Après l’ascension laborieuse d’une route faussement plate nous profitons de la glissade en vélo. Elle nous mène jusqu’à un village de vacances, déserté à cette époque de l’année. Nous ne croisons que quelques promeneurs qui disparaissent aussi spontanément qu’ils nous sont apparus. Le lieu idéal pour une soirée Halloween.
Une halte au bord d’un étang qui s’endort puis une promenade dans le parc de Bad Sarrow pour admirer les dernières couleurs du jour sur l’eau. Nous avons gagné notre course et arrivons avant la nuit devant la récompense de ces 3 bonnes heures de vélo : les thermes de Bad Saarow. Elles attirent les Allemands de la région mais aussi les Polonais qui habitent à seulement quelques kilomètres de là. Le bassin rempli d’eau chaude passe de l’intérieur à l’extérieur. Il est animé de part et d’autre par des variations lumineuses. Plusieurs jacuzzi sont disséminés ici et là, une mini rivière sauvage se transforme parfois en cascade, une piscine indépendante dans laquelle on est censée entendre une musique quand on met la tête sous l’eau, et un bassin extérieur désert car à peine chauffé. En 3 heures vous avez eu le temps de vous relaxer. Vous pouvez aussi profiter des saunas et d’un restaurant si vous comptez y passer plus de temps.
Photo: Burkhard Bastian/DerMeise.de
Un coup de pédale nous voilà à la gare, faisant nos adieux à Bad Saarow. Le petit train passe dans le sens inverse, continue son chemin sur la voie unique, s’arrête 500 mètres plus loin au terminus, puis revient pour nous ramener dans les tumultes de la ville.