NHS vs private


Le National Health Service est moqué par tout anglais digne de ce nom. C’est un gouffre financier, et les dysfonctionnements se multiplient (allez voir les mésaventures de Mademoiselle A aux urgences pour vous en convaincre). Certes tout le monde a accès aux soins, gratuitement. Mais beaucoup, dont moi, préfèrent se tourner vers le privé, via une assurance personnelle. Forcément, les anglais se méfient, quand la presse parle du NHS, ce n’est jamais flatteur, c’est qu’il y a un problème. On ne fait pas de gros titre pour dire que tout va bien.

J’ai donc appris avec effroi ce matin que l’hôpital de Colchester est placé en état de « major incident »… Dit comme ça, on s’attend au pire. Une explosion de purée dans les cuisines? Une évasion d’aliens au bloc opératoire? Ou une épidémie de zombies?….En continuant ma lecture, j’ai fini par percer le mystère : un hôpital qui déclare un « major incident  » dans la merveilleuse nomenclature administrative du NHS, ça signifie qu’il annonce un manque d’effectif ponctuel, qui retarde des dizaines d’opérations non urgentes.Voilà. Mais c’est quand même préoccupant. On nous demande aussi d’éviter de venir aux urgences, sauf pour…une urgence!

J’ai la chance de n’avoir fréquenté l’hôpital de Colchester que pour un seul type d’opération, une césarienne. Je n’avais pas du tout l’intention de mettre un bout de placenta en public (oui, c’est très frais, vous n’êtes pas à table au moins?), mais mon obstétricien privé a eu le mauvais goût de faire une crise cardiaque juste avant la naissance de Bébé 5. Quel empoté quand même! (sérieusement, il va très bien maintenant). Je peux donc comparer une cesarienne en privé et en public. Ce n’est pas triste.

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(Standart.co.uk)

En privé tout est prêt à l’avance, je connais très bien mon obstétricien , il m’ a aussi présenté son anesthésiste. Pas de soucis tout roule, je n’ai juste qu’à venir le jour dit, avec ma valise, mon gros ventre et Maricheri. On nous installe dans une jolie chambre juste pour nous. Une infirmière vérifie que tout va bien. L’obstétricien vient me dire bonjour et échanger quelques plaisanteries de très bon goût avec Maricheri (il fait 6m08, pas moyen de lui trouver une blouse d’hôpital à sa taille, c’est hilarant), et hop, on y va. Trente minutes après, j’ai un joli nourrisson hurlant dans les bras et je suis en pleine forme. Maricheri et sa blouse trop petite aussi. Même pas mal, et tout ça dans une ambiance conviviale mais aussi professionnelle et prévenante. Youpi.

Dans le NHS, il faut venir la veille, pour faire des tas d’analyses diverses et variées qui ne servent à rien de l’aveu même de la sage femme en chef. Et quand c’est finit, et bien on les refait! Soit mes échantillons sanguins étaient mal étiquetés, et le labo a regardé si j’avais la myxomatose, soit ils se sont tout simplement perdus. Il faut les comprendre, il est grand quand même cet hôpital, il y a des kilomètres de couloirs entre le labo et l’obstétrique…ensuite, je dois parler à un obstétricien, n’importe lequel. Sa préoccupation principale étant de bien me faire comprendre que ce ne sera pas lui qui s’occupera de moi. Puis, on repart en salle d’attente, autour du feu de camp (certains campent là depuis des jours, ils se sont installés) pour attendre de rencontre un anesthésiste. Qui donc ne sera pas là non plus le lendemain. Et qui ne comprend absolument pas pourquoi je veux une césarienne, mais bon, c’est moi qui vois, si je préfère faire perdre du temps au NHS simplement parce que je ne tiens ni à perdre mon bébé ni la vie en accouchant naturellement (et je n’exagère pas cette fois. Le NHS a voulu me faire accoucher naturellement, malgré les risques considérables pour bébé 5 et moi)…c’est donc parfaitement détendue et pas du tout stressée que le lendemain j’arrive avec ma valise, mon gros ventre et Marichéri. On nous jette dans une chambrée de huit. Et voilà.
-Euh, c’est prevu pour quand la césarienne ?
-Alors là, ma bonne dame, on verra bien, mais sûrement avant ce soir hein…Ah, ben non, on y va de suite. Comment vous n’êtes pas prête, mais qu’est ce que vous fichez?

Et on part au galop, moi y compris dans les fameux kilomètres de couloirs. Heureusement pour souffler un peu, on nous installe dans la piscine d’accouchement, en attendant que l’anesthésiste arrive. Au bout de 45 minutes, une sage femme revient, désolée on vous avait oublié! C’est ballot, d’autant plus qu’il il y a une folle femme qui veut accoucher en piscine, on ne peut pas rester là. Bon, ben on va vous amener en salle d’opérations alors, de toute façon, il va bien falloir s’y mettre, il y a des tas de femmes qui attendent derrière vous.

Je vous passe les détails, la césarienne a pris deux heures. A midi, je suis revenue dans la chambrée, après un passage en salle de réveil, avec un joli nourrisson hurlant dans les bras de Maricheri, parce que j’aurais bien été incapable de le porter toute seule. En sachant que j’étais la première de la journée à passer, alors qu’on fait venir toutes les futures mamans en même temps à 7 heures.

Évidemment, à aucun moment bébé 5 ou moi n’avons été mis en danger ( une fois qu’ il a été établi qu’effectivement, la césarienne s’imposait). Toutes les complications dont je vous ferais grâce ont même été parfaitement traitées, dans une ambiance tout sauf conviviale et prévenante. Mais quand quelqu’un me demande où il vaut mieux accoucher, en privé ou en public, je réponds comme une vrai anglaise: in private of course!