La folie des hommes

Publié le 20 novembre 2014 par Oliaiklod @Olia_i_Klod

Nous avions voulu en parler lors des cérémonies du cinquantenaire de la catastrophe, en 2013, et puis, comme ce drame n’avait pas, à notre avis, vraiment affecté Venise, et que le voyeurisme morbide attaché à ce genre d’évènements nous déplaît (n’oublions pas que Klod est une des nombreuses victimes de la catastrophe d’AZF à Toulouse), nous avions parlé d’autre choses. Toutefois, notre article d’hier sur a éveillé la curiosité de nos lectrices et lecteurs. Comme le fruit de nos recherches, il y a un an, était tout prêt, nous avons donc décidé de tout vous dire dès aujourd’hui.

Italie, 1959, dans la vallée du Vajont, débutent les travaux du plus grand barrage d’Europe.

Carlo Semenza, le plus grand architecte de barrage au monde de la Società Adriatica Di Elettricità (SADE), réalise l’œuvre de sa vie, secondé par l’ingénieur Alberico Biadene responsable du projet, qui promet de transformer l’économie de l’Italie.

Malgré cela, un événement de fort mauvais augure survint lors de la construction du barrage de Vajont, un glissement de terrain au Barrage de Pontesei (ayant les mêmes caractéristiques géologiques), non loin de là, provoque une vague qui emporta un ouvrier de la SADE. D’autres études ont démontré que le Mont Toc, bordant le lac du Barrage du Vajont, risquait de s’effondrer dans la retenue d’eau artificielle, ce qui provoquerait une vague dévastatrice pouvant détruire les villages en contrebas du barrage.

Seule une journaliste, Tina Merlin qui a bien pris conscience du danger, va tout faire pour empêcher la mise en service du barrage, mais malgré cela, les enjeux économiques sont énormes, et les travaux continuent…

Le barrage du Vajont (nom d’une rivière de la région), construit de 1956 à 1959, est situé au-dessus de Longarone, dans la province de Belluno, à 100 kilomètres de Venise, au pied du mont Toc en Italie.

La SADE (Società Adriatica Di Elettricità), société qui a construit le barrage, a affirmé que la géologie de la gorge avait été étudiée, y compris l’analyse d’éventuels glissements de terrain, on croyait ainsi que celui-ci serait suffisamment stable. Cependant, lors du remplissage du barrage on a pu constater une modification dans la roche ; un premier glissement de terrain a eu lieu le 4 novembre 1960. On a donc fait baisser le niveau du lac qui a alors été contrôlé attentivement. Les recherches ont conclu qu’une catastrophe était peu probable. Le lac fut entièrement rempli puis vidé à trois reprises.

À ce moment-là, l’Italie débutait une nationalisation des centrales électriques et la SADE était impatiente de vendre ce barrage au service public.

Le 9 octobre 1963 à 22 h 39, un glissement de terrain fait s’écrouler 260 millions de mètres-cubes de terres et de roches dans le lac de retenue du barrage, à plus de 110 km/h. Au passage, l’éboulement emporte les lignes d’alimentation électrique, plongeant ainsi Longarone dans le noir sur un kilomètre et demi. Deux vagues de 25 millions de mètres cubes d’eau chacune se propagent d’amont en aval du lac de retenue en débordant du barrage. La masse d’eau détruit les localités de Longarone, Pirago, Rivalta, Villanova et Faè, puis touche d’autres nombreux petits villages aux alentours (Castellavazzo, Erto e Casso…). On estime à environ 1 900 le nombre de personnes tuées par le méga-tsunami. Le barrage, lui, n’a pratiquement pas été endommagé.

Les signes avant-coureurs de ce glissement de terrain dûment mesurés chaque jour étaient suivis depuis des mois par les ingénieurs.

L’un des responsables du désastre se suicidera. La plupart des autres responsables politiques et techniques ont été absous faute de preuves, en dehors de l’ingénieur en chef du projet, Alberico Biadene, condamné à 5 ans de prison en 1977 (et ayant bénéficié d’une mesure de grâce au bout d’un an).

De ce drame, on a tiré un film : La Folie des hommes (titre original : Vajont – La diga del disonore), film franco-italien réalisé par Renzo Martinelli, sorti en 2001, avec :

  • Michel Serrault : Carlo Semenza
  • Daniel Auteuil : Alberico Biadene
  • Laura Morante : Tina Merlin
  • Jorge Perugorría : Olmo Montaner
  • Anita Caprioli : Ancilla
  • Leo Gullotta : Mario Pancini
  • Philippe Leroy : Giorgio dal Piaz
  • Jean-Christophe Brétigniere : Edoardo Semenza
  • Nicola Di Pinto : Francesco Penta
  • Federica Martinelli : Margherita
  • Eleonora Martinelli : Giannina
  • Maurizio Trombini : Desidera
  • Bruno Bilotta : Remo
  • Paco Reconti : Bertolissi
  • Antonio Fabbri : le professeur Ghetti

On peut consulter les dossiers spéciaux, en italien, sur les sites des médias de la péninsule :