Il y a des jours qui s’annoncent routiniers, ni bons ni mauvais mais qui se révèlent de bonne surprise. Des matins comme tous les matins de semaine, où Maricheri part pour Londres (pas pour le plaisir, pour le travail!) avant même que les enfants soient levés. C’est le chaos, comme tous les jours. On découvre un cadeau de la chatte à côté de la machine à café, princesse 2 ne sait pas si elle veut des couettes ou des tresses, elle se rend compte soudainement qu’elle a besoin d’amener à l’école un château fort en boîte à chaussure (on part dans une heure). L’Ado refuse de se lever, se traine finalement hors du lit avec des airs de zombie sous anesthésique, et marche sur l’oiseau décapité de la chatte. Il lâche son café sur ses devoirs de maths et hurle. Ça crée une harmonie mélodieuse avec les cris hystériques de Princesse 1 qui ne trouve pas son pull d’uniforme. Bébé 5 profite de la confusion pour s’emparer des boîtes de céréales (il nous faut trois boîtes familiales par semaine), et entreprend de trier les coco pops sous la table, à même le sol. Pré Ado observe, digne, la cravate bien droite, ses devoirs sagement rangés dans son cartable. Alors que le reste de la troupe est encore en pyjama, moi y compris, il est prêt et affiche un petit air suffisant. Jusqu’à ce que je lui fasse remarquer qu’il a oublié de mettre des chaussettes. Il se vexe, et m’informe « voilà Papa ». Ben tiens, arrête de raconter n’importe quoi…ah, mais non, c’est vrai, voilà Maricheri!
Il y a donc des jours comme ça, où la routine s’arrête, comme les trains. C’est toujours pour de très bonnes raisons, un cheval sur la voie, une inondation d’au moins un demi centimètre, une branche d’arbre qui touche un fil, un plan de tomate qui pousse soudainement entre deux rails (ce n’est pas une blague)… Aujourd’hui, des milliers de commuters n’ont pas pu se rendre à leur travail à Londres, à cause d’un problème de câble électrique. Maricheri et moi adorons ces jours là, surtout quand je n’ai pas cours non plus. On dépose les enfants à l’école et on va pouvoir profiter d’un lazy Day, un jour glandouille, juste pour nous deux.
(Ça vient de là)
On commence par prendre un deuxième petit dej à la française cette fois, avec café, croissants et jus d’orange. C’est une très bonne idée. Bébé 5 aime beaucoup. Il attaque son croissant, puis le mien et finit par lécher celui de son père, avant de le faire couler dans mon verre de jus d’orange. C’est un grand scientifique, il aime bien faire des expériences comme ça. On sent que ça l’a mis en joie, il attend la suite du programme avec impatience, et énergie. Beaucoup d’énergie.
On s’installe avec des magazines français (merci à ma sœur) dans la véranda, en plus il fait soleil, on se prépare à somnoler vaguement entre deux échanges de commentaires pertinents sur nos lectures. Bébé 5 est d’accord. Il commence par renverser une lampe, qui se fracasse sur le bureau. C’était une ruse, pour faire diversion. Pendant qu’on s’agite pour ramasser les dégâts, il attaque Le Point, qu’il déchire allègrement, avant de sortir tous les livres de la bibliothèque. Cet enfant est un grand intellectuel. Puis il escalade un fauteuil pour tenter une sortie dans le jardin, extrêmement boueux. On le rattrape au vol. Pour l’occuper, on finit par lui donner des crayons pour qu’il colorie L’Equipe. Je songe d’ailleurs à les contacter, on sent que Bébé 5 a de grandes idées pour améliorer leur mise en page.
Pour le déjeuner, on se ferait bien un petit repas français (encore merci à ma soeur)…on commence par un vrai saucisson avec du vrai pain (j’ai déjà parlé de cette obsession bizarre qu’ont les expat pour la nourriture?). Bébé 5 adore ça. Mais il a du mal à mâcher le saucisson avec ses petites dents, il recrache donc tout, en projection style tuyau d’arrosage, pour redécorer la salle à manger, la chemise de son père et mon assiette. Par contre, il n’a aucun problème pour le dessert, ça passe tout seul, il finit le sien en trente secondes. Puis celui de Marichéri et le mien. Comme Bébé 5 est très serviable, il entreprend ensuite de débarrasser la table, en balançant par terre tout ce qui est à sa portée.
On se dit qu’on va attendre la sieste du monstre charmant bambin pour prendre un café tranquille et profiter enfin de notre lazy Day. Mais cet enfant est aussi un grand sportif, et comme il a bien compris que c’était une journée inhabituelle, avec papa juste pour lui, il décide que c’est le moment de jouer au « botball » au milieu du salon avec son père et une orange. La chatte refuse bêtement de faire gardien, prend peur et s’éclate dans le bahut en tentant de fuir. Bébé 5 manque de s’étouffer tellement il rit. Il essaie ensuite de persuader la chatte à coup de marteau en plastique de recommencer. Qu’est ce qu’on s’amuse!
Bébé 5 s’est finalement endormi juste à temps pour partir chercher ses sœurs à l’école…J’aime beaucoup ces lazy days impromptus, un jour peut être, quand Bébé 5 sera à l’école, on pourra même en profiter!