Port légendaire inscrit au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco, Valparaíso la bohème nous perd dans son dédale de rues colorées et nous fait chavirer dans d’innombrables petits troquets chaleureux et intimes dans lesquels les marins en goguette venaient écouter poèmes et boléros. Musée à ciel ouvert, les peintures murales nous racontent des histoires surréalistes, politiques et sociales qui renvoient au passé d’un port désenchanté devenu capitale artistique. Les fresques murales sont l’œuvre d’artistes de renommée mondiale et de géniaux anonymes. La rue appartient au peuple des créateurs qui ont laissé leurs empreintes psychédéliques sur les collines. C’est depuis les hauteurs du Cerro Florida que Pablo Neruda venait puiser son inspiration dans la Sebastiana, cette maison fantasque et colorée tel un chalutier bigarré. Le lieu est devenu désormais un centre culturel accueillant des expositions et des ateliers de littérature et de vitraux.
Les jeunes artistes quant à eux ont préféré le Cerro Alegre, bien que très touristiques, bon nombre de petits bars alternatifs et ateliers fleurissent en haut de la colline. Les rues pittoresques de ce labyrinthe hypnotique conduisent au Palais Barburizza, l’actuel musée des Beaux-Arts de Valparaíso. Au gré des funiculaires, on découvre en couleurs la ville haute et les quartiers du port, el Plan, en contrebas. On aperçoit le Mercado Puerto imaginé par les ateliers Eiffel en 1920. Les ascenseurs sont à Valparaíso ce que les taxis jaunes sont à New-York. Installés aux pieds des cerros à la fin du XIXe siècle, ils fonctionnaient à la vapeur ou au charbon. Ils demeurent indispensables pour les porteños dans leurs déplacements.
Découverte en 1536 par l’espagnol Juan de Saavedra, la baie de Valparaiso n'était qu'un village de pêcheur de l'ethnie des Changos. Il devient alors le port de Santiago mais attire d’avantages de pirates et corsaires, occulté par l’aura du port de Lima. L'apogée de Valparaiso au XIXe siècle vint avec l'exploitation minière dans le Nord du Chili, et avec elle l'exportation des minéraux comme le cuivre ou l'argent. La ville passe alors de 5 000 à 70 000 habitants en 60 ans (1871). Valparaiso était alors le premier port reliant la Vieille Europe à la côte. Autour des docks, les repères de prostituées fleurissaient. L’activité commerciale et financière de Valparaíso se concentrait dans la rue Prat et Esmeralda, le bâtiment de Bourse du commerce, la première au Chili, est toujours visible, ainsi que celui d’El Mercurio, le premier quotidien en castillan. Le style Néo-Renaissance, la coupole et la statue de Mercure témoignent de ces années fastes qui ont encouragés de nombreux migrants protestants venus d’Europe à s’installer ici.
Puis une série de drames vont conduire au déclin de Valparaíso. En 1906 un tremblement de terre détruit une partie de la ville et fait des milliers de morts. En 1914 l’ouverture du Canal de Panamá fait de Valparaiso un port de seconde zone. Par ailleurs, la crise de 1929 et la fin des exportations de salpêtre dont le Chili détenait le monopole achèvent de plomber l'économie de la ville. Valparaíso perdra en outre son âme bohème sous la dictature de Pinochet.
La ville a retrouvé de sa superbe. Le Congrès national s'y est installé en 1990, lui donnant un rôle politique de premier plan. Le tourisme international a redécouvert le charme incomparable de la ville.Impossible de ne pas être séduit par les collines qui entourent la baie. Lieux de flâneries et de gastronomie, les paseos Gervasoni et Atkinson du Cerro Concepción mènent à de nombreux restaurants et de belles demeures de style anglais. Moins excentrique mais tout aussi colorée, la colline offre une vue splendide sur la Perle du Pacifique.
En longeant la côte vers le Sud, le petit port de pêche Isla Negra vous invite à découvrir ce qui au premier abord ressemble à un extravagant musée de bibelots marins et autres figures de proue. C’est dans cette maison perchée sur les hauteurs du village que le poète et Prix Nobel de littérature Pablo Neruda a su donner forme à ses frasques géniales, faisant des toilettes un boudoir érotique, d’un salon, un bar des amis. L’écrivain venait puisait son inspiration loin des tumultes de son siècle. À la fin de la dictature militaire, son corps fut inhumé selon ses vœux aux côtés de sa compagne, près de la maison devenu musée.
Article invité rédigé par Simon, www.chile-excepcion.com
Pour en savoir plus sur Valparaíso :http://www.municipalidaddevalparaiso.cl/http://www.chile-excepcion.com/regions-chili/centre/valparaiso