Nous avons décidé cette année de partir vers Koh Chang, une île aux confins des eaux territoriales cambodgiennes, toujours au sein du Golfe de Thaïlande comme nous avions l'habitude d'aller mais de l'autre coté à Hua Hin, nous ne pouvions pas radicalement changer de mer !
Koh Chang... Un mirage ?
Hua Hin avait changé trop vite ces dernières années, nous en étions lassés, trop de monde, de béton, trop de tout, une mer plus très belle et propre même si cela ne nous empêchera pas d'y retourner pour y retrouver les personnes avec qui nous avons forcément tissées des liens.
Ma Dame, Oy, était partie depuis plus de un mois rejoindre sa sœur sur les marchés de la province de Chonburi, plus précisément à Bo Win (je reviendrai sur cette « petite » bourgade très industrieuse dans un prochain article), ce qui nous a permis de scinder la route en deux.
La route 304, proche du parc de Khao Yai.
La route :
De l'Isan, la route est belle et bien faite et nous a permis de traverser les petites montagnes où se trouvent entre autres le parc de Khao Yai afin de rejoindre Bo Win, nous y étions en 7 heures. Les retrouvailles faites, le lendemain nous pouvions rejoindre Sukhumvit Road, la route 3, qui se rend de Bangkok au Cambodge en longeant la côte du Golfe de Siam puis de bifurquer, après être passés par Chantaburi, sur Trat et enfin la baie de Ao Thammachat pour prendre le ferry qui en un coup de cuiller à pot nous mettrait sur les routes de l'île.
L'embarquement des ferrys, coté Ao Thammachat !
Plantations d'hévéas et d'ananas nous avaient accompagné depuis 200 kilomètres et d'apercevoir de la côte ces pitons rocheux et verdoyants formant Koh Chang rompaient la monotonie de la route. Nous aurions pu laisser notre véhicule sur le continent mais Koh Chang est grande (20 kilomètres de long sur 5 de large à quelque chose près), nous n'avions pas de réservations d'hôtel et à vrai dire nous ne savions pas encore sur quelle plage nous irions mouiller nos maillots de bain !
L'arrivée sur Koh Chang coté ferry...
Vue du ciel :
Toyotine prend le bateau (une première) !
Ce que nous avions aperçu du continent prenait forme !
Nous débarquions et filions coté ouest, nous avions une adresse du coté de « Lonely beach ». La partie est de l'île face au continent n'est pas touristique, plantation de pomelo, très peu d'activité et quasiment aucun hôtel... les plages très petites et de sable ocre n'ont dirait-on pas faire l'affaire des promoteurs (je vous invite à lire deux articles du blog men pen rai à ce propos). La route est en plus mauvais état et beaucoup moins fréquentée à croire que puisque les touristes ne s'y rendront pas, on s'en tape ?
Ça passe ?
De l'autre coté de l'île où nous avions décidé de nous engager, le dénivelé de la « Rural Road » est plutôt épique. Lors de la sortie du ferry, une pente et ce ne sera pas la seule, va nous permettre de rejoindre la côte touristique. Les thaïs n'ont pas fait dans la demi-mesure pour tracer la route, en fait d'un chemin pédestre, ils en ont fait une piste carrossable puis l'ont goudronnée ou parée de ciment à certains endroits. Les camions du BTP fournissant à foison l'essor
Nous avançons, la route regorge de motobikes, la plupart louées par des touristes qui n'ont manifestement pas l'habitude de tenir un guidon même dans leur pays d'origine. Les farangs qui pratiquent la route en Thaïlande se plaignent souvent de la conduite des thaïs mais on anticipe, cela ne nous surprend plus mais du coup, là, il faut redoubler de vigilance avec le biker venu du froid. On atteint Ban Sai Khao qui offre une pléiade de resorts et de petites guest-house à en croire les enseignes et les panneaux qui orientent le chaland vers la mer, sur la droite, c'est-à dire coté mer ; coté terre, c'est une enfilade de commerces en tous genres - maillots de bains & fripes, atelier de tatouages, restos-troquets, internet zone, épicerie, loueur de motos, et cetera - pendant quelques kilomètres. Nous remontons un nouveau raidillon pour atteindre une autre plage-village (Haad Klong Phrao), plus petite mais tout aussi encombré d'hôtels, on a toujours du mal à voir l'accès à la plage... Une remontée plus loin, nous atteignons un autre Ban du même nom de la plage Haad Kai Bae. La route se resserre et se raidit d'autant plus que nous passons une corniche - Chouette ! On aperçoit la mer - et vertigineusement nous redescendons pour atteindre enfin « Lonely Beach » (Haad Tha Nam). Nous allons la longer, elle est courte et nous ne voyons toujours pas le moyen d'atteindre la mer à part peut-être par l'entrée des hôtels - nous nous arrêterons au premier hôtel qui arbore le même nom que celui de notre désir et du hall où la réceptionniste nous renverra à notre pick-up, on s'est trompés, nous entr'apercevrions enfin ce pourquoi nous étions à Koh Chang, LA MER
Nous arrivons alors au sein de ce « hameau » qu'est celui de Lonely Beach. 300 mètres de routes où tout ce qui est voué au tourisme se dresse de chaque coté de la route ! Sur information, légèrement au milieu de cet enchevêtrement de restos et boutiques diverses, pas moyen de se garer. Nous nous arrêtons tant bien que mal au niveau du Lonely Beach Resort. Nous avons téléphoné le matin mais le réceptionniste à l'air de se tamponner le coquillard de nos faces de nouveaux venus et de notre encombrant véhicule.
"- Trouvez-vous une place pour vous garer et revenez !" Sans qu'il nous précise où l'on peut « parquer » notre encombrant véhicule.
La cadre était défini. Le Nature Beach Resort serait notre endroit pour une semaine. La voiture ne bougerait qu'une fois pour tenter le tour de l'île sinon nous allions buller, batifoler, tels des vacanciers !
Pour ne pas déroger à notre rythme Isan et décrire une de nos journées type, nous nous levons aux aurores. À cette heure, le monde est différent, calme, la tête encore dans les étoiles. La mer d'huile et déjà chaude, où de nombreux petits poissons aux couleurs vives viennent frétiller entre nos pieds, nous laisse nous ébattre et nager de long en large de cette petit baie. Le soleil illumine doucement la plage, en attendant, cacher derrière les collines recouvertes de jungle, il colorise le ciel de tons roses violacés puis roses tendres puis dès 7 heures du matin, il surgit pour enfin illuminer « notre » plage de tout son éclat. Le peu de touristes que nous croisons après notre natation matinale sont à les entendre, Russes. Cela doit les changer des bains glaciaux au milieu de la banquise (cliché ?) !
Trois cents mètres à la cool plus loin, nous trouvons un resto qui sera notre resto du matin. Poissons & crustacés - Eh ! On profite du bord de mer, même à matin !-, fruits (et le riz, j'oubliais!) feront notre repas. Les petites mains cambodgiennes, de très jeunes filles et les patrons originaires de l'autre coté de l'île nous offrent un sourire radieux. Nous serons leur « une belle journée de business en perspective » quotidiennement.
Repus, nous redescendons à la mer. Le soleil tape dur déjà, le resto du Resort semble être en activité.
- Un expresso s'il vous plaît ! (Ouf ! Tout de même inévitable !)
Nos teints halés et notre peau couleur Isan deviendront vite (surtout pour moi et « la pastèque », Môman, en parfaite Isan, évitera l'exposition exagérée à l'astre tant redouté) brun-rouge puis noir-violet pour enfin finir noir-ébène ! À la fin de nos séjours nous aurions tous la couverture du parfait vacanciers des mers chaudes !
Et les cambodgiens alors ? Les serveurs du resto jouent au volleyball, ça déménage, d'autres, nos balayeurs du matin munis de cannes à pêche enjambent kayaks de mer et bateau afin de ramener barracudas et autres bestioles à nageoires afin de les vendre à leurs boss (ou de les cuisiner pour leur propre compte) que les patrons s'empresseront de revendre grillés aux touristes comme nous en mal de barbecue voire en matelote au piment-ail, à l'étouffé au citron-coriandre ou encore frit à l'ail ! Ce sera notre régal du soir avec une Yam Plaa Muk (salade thaïe de calmar au citron, piment et coriandre) et quelques crevettes en beignets ou cru avec piments, ail et concombre amer chinois.
La belle vie, non ?
La nuit recouvre d'un coup la baie et des loupiotes vertes apparaissent un peu partout sur la mer noire ne faisant qu'une avec le ciel vierge d'étoiles. Crevettes et calamars n'ont qu'a bien se tenir ! Il paraît que toutes ces lumières « attire-crustacés » se voient de l'espace tellement elles sont nombreuses sur la côte du Golfe de Thaïlande.
Il est temps d'aller se coucher, la musique monte d'un cran, les « partyïstes » sont prêts, la bière et le whisky thaï coulent à flots, les équilibristes du feu ont planté le décor, les petites mains cambodgiennes (sauf celles de service de party) accompagnent notre chemin vers notre bungalow ; eux, prolongeront jusqu'à un grand baraquement au bout du resort où ils reproduiront vraisemblablement leur petite vie oubliée des campagnes Khmers. Nourris une fois, logés, ils gagnent 7000 baths par mois plus les pourboires partagés entre tous, de la cuisine aux balayeurs, plus de douze heures de présence par jour mais la raison économique fait loi ! Ils envoient pour la plupart de l'argent chaque mois à leur famille restée au pays !
Nous avons été bercés par cette langue roulante qu'est le Khmer durant tout notre séjour, nous aurions pu tenter de nous mettre au Russe mais, ce langage est plus froid, n'est-ce pas ? Même si ces touristes à l'âme russe qui fait partie apparemment de leur passé, sont discrets malgré le nombre et pas si pochtrons que le laisse entendre la rumeur ambiante !
Après une semaine, nous avons repris notre Toyota Vigo aux aurores direction le continent, la peau noire de chez noire, des cailloux de la plage et du sable (un tout petit peu) sur le plateau arrière, des souvenirs de mots « kamen » et nos pensées débordantes d'images de sourires sincères de ces garçons et filles d'Angkor qui feront que nous reviendrons à Koh Chang, perle du Golfe, certes quelque peu écornée, mais tellement belle dans son écrin de mer turquoise.
Paille Kheundheu...
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