C’est parti pour un trek dans la Cordillère des Andes

Publié le 25 septembre 2014 par Caraporters @Caraporters

Trek dans la Cordillère des Andes

En transit !

Changement de décor. Je quitte le Pacifique et la ville de l’été éternel pour les cîmes enneigées de la Cordillère des Andes, au Pérou. Je suis accompagnée d’Olivia avec qui je me suis liée d’amitié à Máncora.

Pour ne pas perdre de temps, je fais des bus mes hôtels ambulants. Ce classique des routards bons marchés est aussi le meilleur moyen pour avaler les distances et l’immense Panaméricaine sans perdre une journée dans les transports.

Un chauffeur de bus trop énergique à mon goût

J’ai le choix entre un fauteuil « cama » qui s’allonge presque à l’horizontal ou « semi-cama ». Confort plus ou moins garanti, je parviens à dormir tant bien que mal car mon sommeil est facilement troublé par le manque de place et les soubresauts du bus. Cette nuit, sur le trajet qui me conduit à Casma, étape intermédiaire avant Huaraz, j’ai affaire à un chauffeur trop énergique à mon goût. Malgré un départ avec une heure de retard, j’arrive à Casma avec une heure d’avance ! Dans mon demi-sommeil, je sens mon hôtel ambulant fuser sur la route. C’est à peine si les roues touchent l’asphalte ! Le bus lui-même tremble de peur sous la conduite effreinée de son chauffeur. Le moteur tourne à plein régime. Quelques coups de freins brutaux me tirent de mes rêveries de trekking dans la Cordillère des Andes.

Ce qui va devenir une habitude dans mes trajets en bus de nuit, je suis jetée du bus à 6h du matin à moitié endormie. Je me retrouve alors dans une ville fantôme avec les chauffeurs de taxis qui, à peine le pied posé au sol, m’offrent déjà un concert en « Huaraz Mineur » !
Ils sont filous à me dire que ça me reviendra moins cher et plus rapide de faire le trajet avec eux. S’il y a bien quelque chose que j’ai compris, c’est qu’il ne faut pas croire un chauffeur de taxi péruvien à 6h du matin à la descente d’un bus. Des mots s’échappent malgré eux me signalant qu’un « combi » emmène les voyageurs à Huaraz mais que je vais devoir attendre looooongtemps!

Germán, le vendeur de bonnets péruviens

Prochain arrêt, Huaraz

Après plus de deux heures d’attente, je monte enfin dans le « combi » en direction de Huaraz.

Je scrute le paysage qui défile sous mes yeux. J’apprécie de voir du vert et des champs… ce qui me manquait un peu à Máncora. 3h30 de bus supplémentaires pour atteindre ma destination finale. L’Amérique Latine est un continent qui se mérite ! Sur le trajet, montent et descendent les locaux. L’occasion pour moi de voir les premières femmes péruviennes vêtues en costume traditionnel. Nous prenons de l’altitude. Huaraz se situe à plus de 3000 mètres. On m’a prévenue que pour les « gringos » comme moi, l’acclimation n’est pas toujours évidente. J’angoisse un peu sur le coup.

12h00, me voici enfin à Huaraz. Je dois m’organiser entre la recherche d’un hôtel, la réservation de mon prochain trek et l’achat de feuilles de coca, meilleur remède dit-on contre le mal d’altitude. Ainsi passe la journée. Couchée tôt.

Le départ du trek se fait à 6h00 du matin et comme pour toute excursion en Amérique Latine, les transferts sont interminables. Les accompagnateurs font leur course sur le chemin, parfois même sans descendre du bus. Vers midi, nous arrivons au point de départ de la rando à Vaqueria dans le parc naturel de Huascaran au coeur de la région de Huaripampa. Je vais presque bénéficier d’un trek privé car nous ne sommes que trois avec un prochain abandon qui ne serait tarder en cours de route. Je sens ma respiration modérée mais aucun mal de tête… le trek de Santa Cruz ne devrait pas me mettre en grande difficulté.

1er jour de randonnée : échange nuit en tente contre refuge

Avec notre guide Abel, nous commençons notre descente. Nous avons de la chance, le soleil est généreux. Nous sommes seuls, au milieu de la Cordillère des Andes. Le premier jour, nous marchons peu. 3 heures à tout casser. Dans le trio, Macha, allemande, souffre d’une indigestion alimentaire. La progression est difficile pour elle. Aussi nous faisons régulièrement des pauses. Nous croisons peu de personnes mis à part quelques locaux et enfants, qui, habitués aux touristes, nous réclament des « galletas ». Loin d’être timorés, certains nous suivent sur quelques mètres. S’ils ne marchent pas pied-nus, leurs pieds sont noirs comme du charbon. Leur regard sombre, pour certains, parvient même à me mettre mal à l’aise. Il leur faut 1h30 de marche à pied matin et soir pour se rendre à l’école. Parfois, je me dis qu’il n’y a pas que l’Atlantique qui sépare nos deux continents…

Nous arrêtons notre marche plus tôt que prévu. Abel connaît un refuge dans lequel nous passerons la nuit. Grâce à Macha, nous échapperons à la tente cette nuit. Du coup, la soirée prend une tournure totalement inattendue. Sebero, petit Péruvien de 25 ans avec son bonnet en cloche, nous reçoit avec discrétion et timidité. Le repas se prépare aux chandelles. Pas d’électricité dans ce qui ressemble à un monastère. Pour Sebero, rien de plus normal. Pour nous, ambiance mystique voire presque surréaliste. Au repas s’invite Germán à qui j’ai acheté mon premier bonnet péruvien sur la route. Entre eux, ils parlent le Quechua. Un dialogue primaire s’instaure. Nous apprenons l’un de l’autre nos origines, tentons de savoir quelques mots de Quechua… Le dîner est rapide. A 20h30, nous sommes déjà sous nos couvertures.

2ème journée : l’ascension au Punto de la Unión

Levée à 4h30 ! Macha rebrousse chemin. Il n’y a plus qu’Olivia et moi-même accompagnées de notre guide. La journée promet d’être longue. Nous devons rattrapper le retard d’hier et réaliser la partie la plus dure du trek, l’ascension d’El Punto de la Unión qui se trouve à 4760m. A ce stade de la randonnée, nous nous trouvons à 3 850 mètres…

Nous sommes au coeur de la pampa péruvienne. De chaque côté se dressent de vastes étendues verdoyantes puis les flancs sévères des montagnes. Le paysage me semble majestueux, imposant et intimidant. Nous croisons sur notre chemin nos premiers lamas. A croire qu’ils ont été déposés là exprès puisque ce seront les seuls que nous verrons sur tout le trek.

Au fur et à mesure des kilomètres que nous avalons, le rythme se fait de plus en plus lent et ma respiration en prend un coup. Abel me montre le chemin qu’il nous reste à parcourir. Notre point culminant se symbolise par un passage en forme de V que je distingue au loin. Sourire aux lèvres pour Abel à la vue de mon regard perdu… Guère habituée aux treks, je me retrouve à cause de l’altitude à devoir m’arrêter tous les 10 mètres. Je me colle un refrain dans la tête pour en faire mon leitmotiv et puis de toute façon, « on lâche rien ! »… Vers midi, j’arrive enfin au Punto de la Unión où sont attroupés d’autres trekkeurs calés entre les rochers, se félicitant de leur ascension ou aspirant les rayons du soleil. Et tous, nous admirons cette lagune bleue émeraude dominée par les sommets enneigés, récompense de notre chemin de croix !

Après tant de montée, nous effectuons une longue descente jusqu’à notre point de campement. La nature est digne d’un décor de film. Chevaux et vaches paissent au milieu d’une grande étendue traversée par une rivière dans laquelle nous ferons par la suite une toilette rapide. Avec ses ânes, Santiago, notre porteur, a déjà installé les tentes. Eh oui, cette fois-ci, nous n’y échapperons pas et la nuit promet d’être fraîche. Dîner sous la tente principale, étirements face aux derniers rayons du soleil, cette journée restera gravée comme l’une des plus belles depuis le début de mon périple en Amérique Latine.

3ème jour de randonnée : au fil de la rivière

6h00. Nous sommes réveillés par quelques gouttes. Le temps a changé. Par chance, nous tournons le dos au mauvais temps et finissons vite par regagner le soleil. Vallées, lagunes, rivières, animaux sauvages continuent de défiler sur notre passage. La rencontre entre la pluie et le soleil provoque un bel arc-en-ciel sur le chemin. Nous continuons notre descente vers le point final de notre trek. La vigilance est de mise. Pierre, cailloux, poussière… les derniers kilomètres ont des airs de « vivement que ça se termine » ! C’est alors que du V formé par les dernières montagnes, nous quittons notre canyon pour arriver dans le village de Cashapampa. A partir de maintenant, c’est pieds-nus. Mes ampoules ne supportent plus aucun contrefort !

Le Pérou, pays de toutes les situations

Abel nous propose de faire une pause déjeuner avant de prendre la route qui durera plus de trois heures… Alors que je demande à la serveuse le chemin pour les toilettes, je me retrouve confrontée à une nouvelle situation « Made in Peru » quand je me rends compte qu’il va falloir non seulement sortir du restaurant mais surtout traverser la cuisine avec son sol en terre. J’observe vite fait l’organisation de cette pièce spartiate. Les ingrédients reposent sur des étagères poussièreuses. Sur la table gisent encore les cadavres des aliments utilisés pour la préparation des repas… La serveuse m’ouvre une porte en tole qui tient fermée par un miniscule fil de fer. Ebahie, je découvre une basse-cour au fond de laquelle se trouve une petite cabane en bois. Une face du cabanon donne dans le vide et c’est bien sûr de ce côté que se trouve la porte !

Repas avalé, nous repartons vers Huaraz avec notre chauffeur de taxi. Et c’est parti pour plus de trois heures de route avec un nouveau fou du volant. Il est prêt à parcourir tout ce chemin pour une course qui lui reviendra peut-être à 50 soles (13,50 euros). Pendant une bonne heure, nous descendons un chemin étroit en terre à flanc de montagne sur lequel nous croisons vaches, cochons, ânes, motos-taxis… Je me demande ce qu’ils font là ! Sur la route, le chauffeur prend des risques inconsidérés. Je m’agrippe à son fauteuil. A plusieurs reprises, il klaxonne dans les virages, aux piétons, aux motos-taxis, pour prévenir de sa présence. Je ne comprends pas cette mesure de sécurité face aux nombreux écarts qu’il prend par ailleurs.

Sur le chemin, nous nous arrêtons à Caraz sur les conseils d’Abel pour déguster une glace artisanale. Je m’amuse à voir Olivia descendue pieds-nus du taxi choisir ses parfums. Nous prenons également une glace pour notre chauffeur qu’il avalera en chemin…

Les bus aérodynamiques, les chauffeurs de taxi cascadeurs, les hôtes silencieux… je souris face à toutes ces scènes improbables mais qui encore une fois me procurent un sentiment de liberté que je consomme sans modération.

Coubatures, rhume, ampoules… mais ravie ! Prête à poursuivre mon aventure. Prochaine destination, Chachapoyas et son temple inca !

Agence de trekking : Galaxia Expedition
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Trek dans la Cordillère des Andes

Trek dans la Cordillère des Andes

Trek dans la Cordillère des Andes
Date du reportage : septembre 2014